Près d’une quarantaine de personnes ont assisté au lancement du troisième livre de poésie de Jeanne Baillaut, intitulé « Quatre saisons / Four Seasons ». Cette pionnière de 90 ans a œuvré au développement de la francophonie en Colombie-Britannique par le biais des arts et de la culture. Elle se réjouit aujourd’hui de l’émergence d’une francophonie plurielle et ouverte sur le monde.
Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Le dernier livre de Jeanne Baillaut est tout aussi fascinant que ses deux précédents recueils poétiques. Ses textes, portant sur des sujets variés, sont à la fois poétiques et lucides. Ils abordent les quatre saisons de la vie et s’intéressent à l’actualité contemporaine. Une auteure comme elle, ayant connu la guerre, s’inquiète de la situation actuelle. Elle n’hésite pas à aborder ce thème dans plusieurs de ses écrits.
Connue pour son talent à décrire les insectes de son jardin comme des personnages imaginaires, elle sait également émouvoir. « Parler de guerre, c’est aussi s’interroger sur le retour de la paix », écrit-elle.
Les quatre saisons de ce livre réservent des textes superbes. Le récital de poésie s’est voulu convivial et participatif. Plusieurs personnes ont lu des textes en français, en anglais et même en arabe.
Une vie bien remplie
Jeanne Baillaut est née en 1934 à Barcelone, de parents français, alors que la guerre civile sévissait en Espagne. De retour en France, elle a poursuivi ses études jusqu’à l’Occupation allemande et l’instauration du gouvernement de Vichy, qui traquait les maquisards. « Dans une vie, il y a bien plusieurs saisons », souligne-t-elle.
Lors d’un séjour au Maroc, elle découvre un pays d’une grande beauté qui l’habite encore par sa culture, ses grands espaces et son silence. Et, il y a eu ensuite la rencontre de l’homme de sa vie, Jacques Baillaut, qu’elle était prête à suivre au bout du monde. Et le destin en décide ainsi, lorsqu’en 1958, mariés l’année précédente, ils prennent le bateau pour le Canada.
Vancouver devient le point d’ancrage du couple. Jacques travaille à l’installation d’un téléphérique sur Grouse Mountain, cette expérience se transforme en une série de chroniques radiophoniques intitulée « Le gondolier du ciel », pour ce passionné de théâtre et de communications. Jeanne, quant à elle, débute par la fondation d’un programme d’apprentissage du français à l’aide des œuvres du musée des Beaux-Arts de Vancouver.
Elle dirige ensuite le Centre culturel colombien pendant dix ans, devenu le Centre culturel francophone de Vancouver. Dans ces mêmes années, elle crée le programme Kaléidoscope dans les écoles françaises et d’immersion, organisant le premier festival francophone et offrant un espace pour les artistes locaux. En 1983, à son départ du Centre, elle réalise la rédaction des thèmes de Rayon Jeunesse, destinée aux écoles de la province dans le Soleil de Colombie. Plus de 30 ans sont ainsi consacrés à la promotion des arts, de la culture et de la langue française en Colombie-Britannique.
Le 50e anniversaire du Centre culturel francophone
À l’approche du 50e anniversaire du Centre culturel francophone de Vancouver, on la sollicite pour un documentaire. Son troisième livre et la présence de ses lecteurs fidèles sont également mis à l’honneur. « Aujourd’hui, je me consacre à l’écriture et au jardinage », déclare-t-elle. À la lecture de ses descriptions si inspirantes des fleurs de son jardin, certains lecteurs lui demandent conseil sur le jardinage.
L’organisation de ces événements littéraires repose sur le soutien de ses amis, notamment Denis Bouvier, un ancien réalisateur à la radio de Radio-Canada à Vancouver. Devenu son bras droit, il gère la publication, les photographies, l’impression et la liste des invités lors d’événements publics, avec un groupe de bénévoles dévoués. « Rien de tel, affirme-t-il, pour une auteure de textes poétiques, que d’entendre ses textes lus par quelqu’un d’autre ».
À la quatrième saison de sa vie, Jeanne Baillaut se réjouit que la francophonie sorte enfin de ses ghettos traditionnels et donne la parole aux francophones du monde entier. « Cette francophonie plurielle permettra la survie de la francophonie en Colombie-Britannique », conclut-elle.