Les petites écoles francophones de la Colombie-Britannique situées hors des grands centres font preuve d’une grande ingéniosité pour s’ancrer dans leur communauté. L’École des Grands-cèdres à Port Alberni illustre bien cette capacité d’adaptation à son cadre naturel tout en tissant des liens avec les populations autochtones et en participant à la vie culturelle régionale.
Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
L’enseignement du français a été introduit à Port Alberni en 1998, grâce au programme francophone mis en place à l’École élémentaire Alberni. Ce programme s’est progressivement développé, ce qui a permis par la suite l’ouverture de l’École des Grands-cèdres en 2005.
Le logo de l’école s’inspire du riche héritage forestier de la région de Port Alberni. Il rappelle la présence de ces cèdres rouges majestueux, véritables géants de 80 mètres de hauteur, qui ont été utilisés pendant plus de 150 ans pour la construction de bâtiments et de navires. On y voit aussi des élèves célébrant la protection de la nature et la joie d’en profiter pleinement.
Aujourd’hui, l’école primaire accueille 57 élèves, de la maternelle à la 7e année. La majorité des familles des élèves travaillent dans le secteur forestier et au sein de la Gendarmerie royale du Canada. Son emplacement offre des avantages exceptionnels : un grand gymnase, une belle cour, des espaces verts, un jardin communautaire et une grande cuisine consacrée aux arts culinaires. Ces installations favorisent les activités de plein air, un atout apprécié par les familles.
Vivre à Port Alberni
La ville de Port Alberni a joué un rôle fondamental dans le développement de l’industrie forestière en Colombie-Britannique. En 1861, le premier moulin à scie de la province y a été inauguré. Dans la période d’après-guerre, la demande pour les produits forestiers s’est véritablement accentuée. Durant les années 1970, les habitants de Port Alberni bénéficiaient des salaires moyens les plus élevés au Canada. Toutefois, les économies qui reposent sur une mono-industrie sont devenues intrinsèquement fragiles. En 1991, la fermeture de l’usine de contreplaqué de MacMillan Bloedel, active pendant un demi-siècle, a provoqué des pertes d’emplois importantes et a contraint la communauté à repenser son modèle économique.
Aujourd’hui, la ville a procédé à la diversification de son économie en se tournant vers le tourisme d’aventure et les activités de plein air. Les secteurs forestiers et de la pêche y occupent une place importante. Surnommée la « Capitale mondiale du saumon », Port Alberni attire des pêcheurs de tous horizons. Ses cours d’eau abritent cinq espèces de saumons différentes.
La ville compte également des personnalités renommées, telles que Kim Campbell, la première femme première ministre du Canada, ainsi que Rick Hansen, athlète paralympique et olympique canadien, qui a réalisé une tournée mondiale « Man in Motion » pour promouvoir un monde accessible et inclusif pour les personnes handicapées. La ville est le lieu de naissance d’une douzaine de joueurs de hockey professionnels évoluant dans la Ligue nationale de hockey.
Partenariat avec les communautés autochtones
Malgré sa petite taille, l’École des Grands-cèdres participe activement aux activités sportives du district scolaire 70, en plus des écoles des Premières Nations Nuu-Chah-Nulth de la région. Un tel partenariat offre aux élèves francophones de nombreuses occasions de pratiquer des sports d’équipe ensemble.
En 2023, l’école francophone a été invitée à un échange avec l’École Ditidaht sur la réserve Nitinaht lors d’un tournoi de pagaie. Et cette année, les élèves de 6e et 7e années ont disputé des matchs de volleyball avec l’école Haahuupayak située à Port Alberni. Plusieurs activités communes sont prévues en 2025.
Échanges et activités socio-culturelles
La directrice de l’école, Marie-Pascale Addison, confie : « Ce qui me rend très fière, c’est de voir les enfants descendre de l’autobus avec de grands sourires. On sent qu’ils aiment venir à l’école, et c’est un beau témoignage pour moi. Je suis également fière que notre école du Conseil scolaire francophone (CSF) permette aux élèves de vivre des expériences enrichissantes en français, grâce à l’équipe du personnel, aux parents engagés et aux fonds alloués pour les activités socioculturelles. »
S’ajoute à cela un programme d’échange au Québec, organisé tous les deux ans, pour valoriser la culture francophone. Destiné aux élèves de 6e et 7e années, ce programme permet des jumelages en famille et un échange culturel authentique. Il y a aussi le volet socio-culturel à l’école qui inclut le théâtre, les chansons et divers concours pour valoriser la culture francophone et encourager l’immersion linguistique.
Activités francophones régionales
Plusieurs écoles de l’île de Vancouver ont l’occasion de se rencontrer une ou deux fois par année à Nanaimo. Selon Camille Néron, directrice de l’Association francophone de Nanaimo, « c’est un véritable plaisir d’accueillir les écoles francophones de Duncan, Campbell River, Comox et Port Alberni à deux événements annuels importants. Il y a le tournoi annuel de soccer à l’automne et le Festival du sucre d’érable en février. Cet événement populaire, précise-t-elle, se déroule sur trois jours, mais pour la journée du vendredi, nous avons un programme d’activités spécialement conçu pour les écoles de la région. »