À l’occasion de la Semaine nationale de l’accessibilité, du 25 au 31 mai, le gouvernement de la Colombie-Britannique met en avant ses engagements pour éliminer les obstacles à la mobilité. Mais entre les promesses politiques et la vie au quotidien, les inégalités persistent.
Paul T Tshilolo – IJL – Réseau.Presse – La Source
« Nous sommes engagés à rendre la vie plus facile pour tout le monde », affirme Dana Lajeunesse, secrétaire parlementaire à l’accessibilité au gouvernement de la Colombie-Britannique. Étant lui-même handicapé depuis 32 ans, il comprend parfaitement les difficultés quotidiennes. »
Une volonté politique
En 2021, le gouvernement provincial a adopté l’« Accessibility BC Act », une loi sur l’accessibilité en C.-B. qui vise à identifier, prévenir et éliminer les barrières dans les services offerts au grand public.
« Nous avons déjà commencé le développement de nouvelles normes d’accessibilité dans les domaines de l’emploi et de la prestation des services », explique Dana Lajeunesse, précisant que ces standards sont conçus avec le Comité provincial sur l’accessibilité.
Victoria a aussi entrepris des actions concrètes, comme la refonte du site Web de HealthLink BC pour le rendre plus lisible, avec des ajustements sur la clarté des fichiers et des couleurs.

Dana Lajeunesse, député provincial de Juan de Fuca-Malahat et secrétaire parlementaire à l’accessibilité | Bello-Kassim
« Nous avons revu le site Web de HealthLink BC à la lumière des commentaires d’utilisateurs aux expériences et perspectives variées. Nous avons ajusté la clarté de certains fichiers ainsi que les couleurs du site pour qu’il soit plus accessible et plus facile à utiliser. C’est une étape parmi tant d’autres implantées pour éliminer les obstacles et faire de la C.-B. une province à citer en exemple », ajoute le secrétaire parlementaire à l’accessibilité.
Des disparités sur le terrain
Pour Charlotte Mwambuyi, une résidente de Maple Ridge depuis plus de 20 ans, l’écart entre les intentions politiques et la vie au quotidien est frappant. Maintenant à la retraite, elle sort parfois pour prendre l’air, malgré les difficultés.
« À Maple Ridge, sur l’avenue 240, par exemple, il n’y a aucun banc sur la route et aux arrêts d’autobus. Après avoir marché un peu, je n’ai nulle part où m’asseoir pour me reposer, c’est vraiment regrettable. La municipalité devrait réellement y penser », souligne-t-elle.
Malgré son handicap, elle peut encore conduire. Cependant, l’accès aux bâtiments reste un défi. « Même si un ascenseur est disponible, je n’ose pas monter au-delà du deuxième étage, car je souffre souvent de vertiges », explique-t-elle. « Il n’y a malheureusement aucune solution adaptée pour mon cas. »
Un autre obstacle est lié à l’accès aux services essentiels. « Quand je vais à la banque ou dans des édifices officiels, les longues files d’attente sont un calvaire. Rester debout longtemps m’est très difficile. Il m’arrive de demander à m’asseoir, mais parfois il n’y a aucun siège », ajoute-t-elle.
Elle déplore ce manque d’aménagement, même si elle reconnaît la bienveillance des gens. « Les gens sont gentils. Quand ils voient ma situation, la plupart essaient de m’aider. »
Pour cette dame âgée en situation de handicap vivant en banlieue, les défis restent nombreux. « Je ne fréquente plus les parcs. Quand j’étais jeune, je le faisais, mais plus maintenant. »
Un engagement communautaire nécessaire
À Vancouver, l’organisme francophone La Boussole accueille quotidiennement des personnes vulnérables, notamment des personnes en situation de handicap. « Notre bâtiment est accessible aux personnes à mobilité réduite, et notre équipe est formée à recevoir des personnes ayant divers types de handicaps », indique Camille Escande, gestionnaire des programmes culturels et communautaires.
En matière d’accessibilité, La Boussole collabore avec des organismes spécialisés, comme la Neil Squire Society et Finautonome. En 2023-2024, elle a mené le projet InterARTif, une série d’ateliers artistiques inclusifs.

Œuvre présentée lors d’un atelier inclusif de La Boussole | Camille Escande et Éléa Trouttet
« Nous avions prévu des dispositifs adaptés, étiquettes en braille, vidéos traduites en langue des signes et boules antistress pour les personnes neurodivergentes », se rappelle la gestionnaire des programmes culturels et communautaires.
Camille Escande ajoute, « Une participante malentendante a souligné que l’utilisation de micros lors du vernissage lui avait permis de profiter pleinement de l’événement. Un autre visiteur a, quant à lui, été marqué par la présence de braille dans une exposition d’art, pour la toute première fois. »
Si les propos de Dana Lajeunesse témoignent des efforts du gouvernement, Charlotte Mwambuyi estime pour sa part que certaines politiques demeurent théoriques.