Glyn Lewis, Directeur général de Canadian Parents for French : « Parler français ouvre des opportunités »

Près de 50 000 élèves ! Pour la quinzième année consécutive, le nombre d’inscrits en immersion française au sein du système public d’éducation de la Colombie-Britannique est en augmentation et représente désormais 8,5% de la population étudiante selon une étude parue le 3 septembre dernier. Un cons- tat encourageant pour Canadian Parents for French, institution créée en 1977 par des parents anglophones soucieux de donner la chance à leurs enfants de devenir bilingues par le biais du système scolaire. Quelques décennies plus tard, l’organisme joue désormais un rôle majeur pour l’apprentissage du français dans la province et à travers le Canada. Un effort qui porte ses fruits même si quelques difficultés persistent comme le commente Glyn Lewis, Directeur général du chapitre de la Colombie-Britannique et du Yukon depuis 2011.

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Glyn Lewis, Directeur général de
Canadian Parents for French de la C.-B. | Photo de CSF

La Source : Alors que le nombre d’écoliers et d’étudiants apprenant le français en Colombie-Britannique et au Yukon augmente chaque année, comment expliquez-vous ce succès ?
Glyn Lewis : Les familles considèrent avant tout que leurs enfants pourront bénéficier d’un programme scolaire solide en suivant une classe d’immersion. La reconnaissance de ces programmes est de plus en plus importante dans le milieu anglophone, ce qui explique ce succès croissant.

Quelles informations possédez-vous sur le profil des familles qui envoient leurs enfants dans des programmes d’immersion ?
Il ne s’agit plus uniquement de familles plutôt aisées comme c’était le cas auparavant. Cela concerne aujourd’hui un panel plus vaste et particulièrement les parents qui souhaitent proposer un défi à leurs enfants en leur offrant l’opportunité de suivre un programme exigeant. De plus, il n’y a pas de tests requis pour entrer en classe d’immersion. C’est ouvert à tout le monde.

En quoi apprendre le français peut-il être bénéfique ?
C’est le cas au niveau de la mobilité sociale et du développement professionnel. Par exemple, dans l’ensemble du Canada, les personnes connaissant les deux langues officielles ont un taux d’emploi plus élevé que la moyen- ne nationale et un taux de chômage d’à peine 4 %, ce qui est très inférieur à la moyenne nationale de 7,7 % . Selon le magazine Bloomberg, le français serait d’ailleurs la troisième langue la plus utile en commerce international derrière l’anglais et le mandarin.

Y-a-t-il des freins à ce développement ?
Oui, notamment le nombre de places disponibles. Malheureusement, on estime que cinq à dix districts scolaires présents dans la province manquent de places pour répondre à la demande. Certains établissements mettent donc en place des loteries ou des listes d’attente. C’est injuste pour l’enfant dans la mesure où les études montrent qu’il aura plus d’opportunités de carrière en étant bilingue. De plus, les élèves qui rencontrent des difficultés dans les classes d’immersion sont souvent réorientés dans les clas- ses anglophones à cause du manque de personnel de soutien. Cela constitue une autre injustice puisque les recherches prouvent que les problèmes rencontrés à l’origine en classe d’immersion resteront les mêmes dans une autre classe.

Comment procède Canadian Parents For French pour jouer un rôle influent ?
Nous nous appuyons sur des fonds gouvernementaux provinciaux et fédéraux mais aussi sur nos 7100 inscriptions. Notre mission prioritaire est de promouvoir la qualité et l’accessibilité des programmes en français auprès des décideurs politiques, des conseils scolaires et des communautés. Nous allons donc à leur rencontre pour les sensibiliser sur l’importance du français et pour rappeler qu’environ 200 000 étudiants apprennent le français en langue secondaire dans la province, ce qui correspond à un tiers du total.

Auriez-vous un exemple de réussite ?
Oui, nous pouvons citer le cas de Chilliwack où un groupe de parents réclamaient depuis quelques temps l’ouverture d’un programme d’immersion pour les jeunes enfants. À force de lobbying, nous y sommes parvenus puisque cette classe a vu le jour au printemps dernier.

Alors que vous n’êtes que quatre employés au sein du bureau de Vancouver, quelle est la part attribuée aux parents dans la réalisation de vos missions ?
Elle est déterminante. Nous avons 47 chapitres et 360 bénévoles répartis entre la Colombie-Britannique et le Yukon, ce qui fait de notre organisation la plus importante parmi celles que compte Canadian Parents for French. Au total, les parents s’investissent gratuitement à hauteur de 30 000 heures par an.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Nous voulons qu’un jour tous les élèves de Colombie-Britannique et du Yukon qui souhai- tent suivre des études en français puissent le faire. Nous nous efforçons actuellement de déve- lopper des partenariats avec des associations francophones.