Que dire quand tout a déjà été dit? Je parle évidemment de Jack Layton. Les jours qui ont suivi son décès ont donné droit à un élan de sympathie envers un politicien comme on en a rarement vu au pays. C’est sans aucun doute la preuve qu’il avait réussi non seulement le tour de force de devenir chef de l’opposition officielle, mais aussi de toucher les Canadiens d’une façon bien spéciale.
Car, il faut bien se l’avouer, la disparition du chef néo-démocrate aura un impact sur le paysage politique canadien. En fait, très rare sont les exemples d’un chef de parti qui décède en fonction. Et ce qui a rendu la situation de Jack Layton encore plus injuste aux yeux de beaucoup, c’est son départ précipité après avoir triomphé lors du scrutin général de mai dernier.
C’est donc le drame de son histoire qui nous a brutalement interpellé. Peu importe nos opi-nions politiques, on ne peut rester insensible lorsque l’on voit une personne atteindre un succès historique à force de travail sans relâche pour ensuite ne pas pouvoir en profiter pleinement.
Mais la question qui se pose maintenant plus ouvertement c’est : et maintenant?
Le NPD doit maintenant rapidement se tourner vers l’avenir et préparer la relève en se trouvant un nouveau chef. D’ailleurs, on devrait connaître assez rapidement les détails de la prochaine course à la chefferie. Ce ne sera pas une tâche facile pour les membres de la formation.
D’ores et déjà, on sait qu’une condition essentielle est que ce chef devra être bilingue. La place importante que joue dorénavant le Québec dans la dynamique de cette formation fait en sorte que tout candidat venant du Québec partira avec une longueur d’avance dans la course au lea-dership qui s’annonce. Le Québec représente près de 60% des sièges de l’opposition officielle et cette province a donné 79% de ses sièges au NPD. Il est donc carrément impossible d’ignorer cette réalité.
Le NPD doit aussi savoir que la place importante que lui ont donnée les gains extraordinaires acquis lors du scrutin de mai dernier est uniquement le résultat du travail et de la personnalité de Jack Layton. Le bon Jack, comme les Québécois le caractérisaient avec affection, avait réussi à toucher la corde sensible des électeurs de la belle province comme aucun chef néo-démocrate n’avait su le faire avant lui. En fait, très peu de chefs d’un parti politique fédéral, toutes couleurs confondues, ont réussi à atteindre un niveau de reconnaissance comme Jack Layton l’a fait.
Il sera de toute évidence intéressant de voir la suite des évènements. Est-ce que les membres de la formation qui résident hors du Québec feront un calcul politique visant le court terme et iront avec un leader venant du Québec, une première pour cette formation? Après tout, c’est son rôle d’opposition officielle qui sera en jeu.
Les prochaines élections générales sont encore loin, mais son statut repose en très grande partie sur la réélection de la plupart de ses députés du Québec. Il est difficile de concevoir comment le NPD pourrait faire des gains si substantiels dans le reste du pays pour compenser des pertes importantes au Québec.
Devant cet état de fait, c’est Thomas Mulclair qui, s’il décide de se lancer dans la course, aura dès le départ le vent dans les voiles.