« Le sot n’est instruit que par l’évènement » – Platon
Déjà, du temps des Grecs, la question concernant la place de l’information ainsi que sa dé-finition même, préoccupait les esprits les plus éclairés. Platon, par sa célèbre maxime, réduisait l’Art d’informer à sa plus simple définition : le sensationnel, l’évènementiel, bref, le scoop tant recherché !
Pas une seule minute de notre précieux temps qui ne soit inondé d’informations, majeures aux yeux des médias, alimentées à l’infini par Internet et les réseaux sociaux qui déversent souvent avec un voyeurisme notoire l’émotivité et la surinformation, permettant ainsi aux sentiments de prendre le pas sur la réflexion.
C’est en tout cas un temps approprié de réflexion sur l’état actuel de l’univers journalistique suite à l’éclosion des “fameuses interrogations” des journalistes canadiens Kai Nagata, reporter de CTV, qui démissionna cet été de son poste à cause de la superficialité et de la légèreté des contenus de ses programmes TV et de Claude Adams, journaliste-pigiste vancouvérois, lui aussi victime de la cadence infernale du traitement de l’information au sein des rédactions des chaînes de TV…. Suite à ces “remous médiatiques”, serait-il nécessaire de redéfinir la quintessence de ce qu’est l’information. Étymologiquement, l’information est ce qui donne une forme à l’esprit. Elle vient du verbe latin “informare”, qui signifie “donner forme à” ou “se former une idée de”. L’information est donc un concept qui véhicule plusieurs sens. Le premier est celui du devoir de la vérité envers les citoyens.
En effet, l’information a comme support l’observation neutre des faits, qui doit conduire à une analyse et à une mise en perspective intelligible permettant de délivrer un message structuré et non un jugement conforme à une idéologie qui ne peut suggérer au final, qu’une opinion incorrecte.
Cette loyauté de l’organe de presse envers le citoyen ne peut donc se passer d’une discipline de vérification et d’une indépendance entière face au pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. C’est à ce moment-là que la presse devient un quatrième pouvoir et un contre-pouvoir important et puissant dans les démocraties avancées.
Pour Peter Klein, journaliste réputé, producteur de l’émission 60 minutes sur CBS et directeur du département de journalisme à l’Université de la Colombie-Britannique, le média télévisuel paradoxalement ne fait pas obstruction au métier de journaliste car il permet ironiquement une qualité et une force de l’information de par la pluralité et la diversité des sources dont elle provient. Associée à Internet, cette révolution numérique brise les frontières classiques entre le son, l’écrit et l’image, et donne une place active au citoyen, faisant ainsi de lui une source importante, donc une arme de combat médiatique, voire politique.
Si le citoyen prend part à l’actualité du monde de façon passionnelle, le journaliste quant à lui, se doit de rester vigilant et de mettre en pratique ses valeurs éthiques, morales et professionnelles au service de la recherche d’une ou des vérités d’une situation donnée, afin de la retranscrire au mieux et de ne pas la trahir ou la galvauder à des fins politiques (triste exemple du faux prétexte de l’entrée en guerre des USA en Irak), économiques (pression des annonceurs publicitaires sur les chaînes privées de TV) ou autres (pensée /vision unique du monde, pression des lobbies ou groupes religieux, mafia, recherche du scoop …)
Il convient donc au citoyen qui vit dans un monde où l’image “parle” et a une valeur quasi biblique, de soutenir la parole et le travail des journalistes en leur faisant confiance dans leurs démarches mais aussi en les questionnant de façon critique et constructive. Il convient aussi aux journalistes de ne pas céder aux pressions évoquées en amont et de mettre en pratique avant tout leur passion de l’information et leur savoir-faire afin que par ce noble métier, ils puissent servir avant tout la société et susciter une réflexion de qualité à l’intérieur du grand miroir que sont devenus de nos jours les médias et plus spécialement la TV.
A noter qu’en 2011, au nom de la liberté de la presse, plus de 37 journalistes ont été tués dans le monde, dans l’exercice de leurs fonctions. Plus récemment, au Mexique le journaliste Humberto Millan a été tué le 25 août dernier par un cartel de drogue. Près de 300 journalistes sont toujours emprisonnés à travers le monde.