Si tu veux être heureux une heure, bois un verre ; si tu veux être heureux un jour, marie-toi ; si tu veux être heureux toute ta vie, fais-toi jardinier », dit le proverbe chinois. Dans la cité abritant la plus grande communauté asiatique de tout le Canada, cette citation prend tout son sens quand on voit la passion et le plaisir qui animent les jardiniers bénévoles des jardins communautaires.
Ces parcs sont le fruit du travail de la ville de Vancouver et de centaines de bénévoles à travers l’agglomération. Le but ?
Améliorer les relations de voisinage, rendre la ville plus verte, permettre de nombreuses interactions sociales, réduire la criminalité et enfin, produire des légumes « du jardin ». Très peu connus en Europe, les jardins communautaires se sont développés d’abord à New-York, avant de gagner le reste de l’Amérique du Nord.
Aujourd’hui, la Rain City ne compte pas moins de 74 Community Gardens reconnus par la mairie. Mais il en existe d’autres, partagés entre membres d’une même communauté, qui n’ont pas encore été reconnus en tant que tels, sans compter ceux des écoles et des entreprises de la ville, qui sont loin d’être tous référencés.
Répartis entre les différents quartiers, ils sont de toutes les tailles et de toutes les formes. Certains ne sont que des petits lopins coincés entre deux bâtiments, d’autres des parterres de fleurs en bordure de route, d’autres enfin sont de véritables jardins botaniques miniatures où se côtoient les plantes les plus diverses, des pommes de terre aux orchidées, des bancs de bruyères aux buissons de lavande.
On en trouve aussi sur le toit de divers immeubles, comme celui qui sert d’espace de détente et de verdure aux malades de l’Hôpital St Paul. Certains jardins se sont carrément spécialisés dans la culture d’une variété particulière, voire de l’élevage d’abeilles à miel, comme l’un de ceux situés dans le Downtown Eastside.
Pratiquement inconnus au début des années 2000, les Community Gardens ont commencé à fleurir à partir de 2006, encouragés par la municipalité qui souhaitait donner une belle image de Vancouver à l’approche des Jeux Olympiques. L’objectif initial était d’atteindre la soixantaine de jardins, objectif dépassé début 2010, avant même le début des olympiades.
Tout le monde peut participer à l’entretien de ces parcs et en retirer des bénéfices à travers le fruit du labeur des jardiniers amateurs. Une seule condition, s’inscrire auprès du « Garden’s manager » et parfois s’acquitter d’une cotisation annuelle d’un montant relativement modeste.
C’est le cas de Frank et Jennie, sympathiques retraités qui vivent sur Burrard. Leur jardin à eux, c’est celui que l’on nomme le Davie Village Garden.
Par un beau samedi ensoleillé comme celui-ci, ils se chargent de transférer les buissons de lavande d’un bout à l’autre du jardin. Trop près de la rue, ceux-ci dépérissaient en raison des nombreux chiens qui choisissaient de se soulager sur eux.
Si le jardin ne semble pas spécialement en forme actuellement, c’est que nous sommes au printemps explique Frank. « Mais revenez en été, vous verrez, nous avons des tournesols de plus de 6 pieds de haut, voire même peut être 10. »
Pour lui et son épouse, c’est un moment de détente et le sentiment de faire quelque chose d’utile pour la communauté qui les a poussés à s’occuper de l’entretien du jardin.
Ils ne sont pas les seuls. Aujourd’hui deux jeunes d’origine asiatique sont en train de semer dans une autre parcelle du jardin.
Chen et Lu plantent des pois chinois, ils assurent que la plante est très jolie, et que début juin, ils viendront récupérer une partie des pois qui auront poussé ici.
« Ce que nous avions planté il y a deux semaines a été retourné par une bête, on ne sait pas laquelle, sans doute un raton laveur ou un écureuil ».