Quand l’école revêt l’habit de l’oppression.

Le 24 février dernier, la Commission de Vérité et de Réconciliation du Canada a créé l’évènement en publiant deux rapport sur les pensionnats autochtones qui ont existé au Canada jusqu’à la fin des années 1990. Pendant plus d’un siècle, des enfants autochtones ont été pris de force à leurs familles afin d’être placés dans des pensionnats administrés par l’Eglise, et mis en place par le gouvernement fédéral, dans le but de les « civiliser». C’est l’occasion de faire le point sur la présence de ces pensionnats en Colombie-Britannique.

La Colombie-Britannique : témoin de la conquête de l’Ouest par l’école

Pensionnats au Canada

cliquer pour agrandir

Il est bien difficile de connaître précisément le nombre de pensionnats ayant ouvert leurs portes en Colombie-Britannique tant les études sur le sujet sont contradictoires. Ce que nous savons toutefois, c’est que la volonté d’avoir la maîtrise des territoires de l’Ouest, et du Nord-Ouest, a favorisé le développement de ces pensionnats dans cette région.

La loi sur les Indiens de 1876, qui confia au gouvernement canadien la responsabilité de régir la vie religieuse, les terres, et l’éducation des autochtones, a clairement permis de déposséder les autochtones de leur rôle dans l’éducation des jeunes générations. Cette spoliation s’explique par le fait que l’éducation des autochtones était la pierre angulaire d’une stratégie qui allait permettre au gouvernement de s’assurer la maîtrise de l’Ouest.

Les peuples de l’Ouest représentaient un marché intérieur gigantesque au profit des industries de l’Est du Canada. Il fallait donc très vite assujettir cette population sur le plan culturel, et l’empêcher de se révolter. L’inspecteur d’école des Affaires autochtones de l’époque, J.A. Macrae, résumait très bien cette dernière idée en affirmant qu’ « il est peu probable qu’une tribu, dont les membres ont des enfants qui sont pour ainsi dire entre les mains de l’Etat, constitue une menace sérieuse pour le gouvernement ».

Le développement des pensionnats est donc allé de pair avec la colonisation. Au fur et à mesure que les canadiens blancs avançaient vers l’Ouest, un nombre croissant d’enfants autochtones de l’Ouest rejoignait les pensionnats.

Des actions décisives pour demander que justice soit faite

On estime à 14 000 le nombre de survivants vivant actuellement en Colombie-Britannique. Face aux nombreux abus commis dans les pensionnats, la communauté autochtone a sollicité plusieurs fois la justice canadienne afin de demander réparation.

Deux procès importants sont à retenir pour la Colombie-Britannique. Le premier a eu lieu en 1988. Il s’agit de l’affaire Mowatt contre Clarke. Dans cette affaire, huit anciens élèves du pensionnat Saint-Georges de Lytton ont révélé avoir été victime de violence sexuelle. Ce fut le premier procès mettant en cause l’Eglise Anglicane. L’Eglise Anglicane et le gouvernement fédéral ont finalement admis leurs torts avant le début du procès, ce qui a laissé place à un accord entre les parties.

Pensionnats

Le passé d'educatif de petits écolières autochtones.

 

Autre affaire à retenir, le cas Blackwater contre Plint. Ici, trente survivants du pensionnat de Port Alberni ont porté plainte pour violence physique et sexuelle contre Arthur Plint, un surveillant de dortoir. Dans cette affaire, plus connue sous le nom de l’affaire Barney, les juges retiennent que le gouvernement fédéral et le clergé étaient tous deux individuellement et conjointement passibles de dommages et intérêts pour l’exploitation des pensionnats. Le principe est posé : tout demandeur peut se faire indemniser à 100% par le gouvernement fédéral ou le clergé. Si le gouvernement fédéral verse la totalité de l’indemnité au demandeur, il peut, s’il le souhaite, demander au clergé de lui rembourser 25 % de l’indemnité versée.

L’épisode des pensionnats autochtones a marqué une rupture dans les relations entre les Canadiens et les Autochtones. Le 11 juin 2008, le Premier ministre conservateur Stephen Harper, présenta ses excuses aux anciens élèves des pensionnats au nom de tous les Canadiens. Reste à espérer que l’histoire des pensionnats sera suffisamment diffusée dans les programmes scolaires, de manière à rendre à l’école son véritable rôle, celui de l’instruction et du développement dans le respect de soi-même.