De la complexité d’être Canadien

Le fait d’adopter différentes activités telles que la danse latine définit qui nous sommes.

Pour une personne née à Vancouver, je suis rarement identifiée comme telle. Quand je rencontre les gens pour la première fois, ils me fixent souvent d’un air interrogateur et amusé quand je leur dis que je suis Canadienne.

« Ce n’est pas possible» disent-ils, « tu as l’air trop typée slave ! ». Beaucoup imaginent que je suis née en Russie, tellement mon héritage russe est prononcé. Cependant, mon allure slave n’est pas le seul élément de confusion pour ceux qui me rencontrent pour la première fois. Beaucoup de mes bons amis viennent des pays du Moyen-Orient, d’Amérique Latine ou d’Europe. On peut donc me voir le plus souvent marcher avec des gens, dont les accents et le langage du corps appuyés distinguent souvent notre groupe du Vancouvérois typique, aux gestes plus réservés. Les nouveaux venus dans le groupe devinent d’où chacun est originaire, et je suis rarement perçue comme Canadienne de prime abord.

Mes activités troublent également ceux qui essaient de deviner ma nationalité. Passionnée par la danse, j’adore me lancer dans des cours de styles nouveaux, particulièrement ceux qui ont des influences d’autres pays. A certains de ces évènements comme les soirées Salsa ou de Bachata dominicaine, on me prend automatiquement pour quelqu’un d’origine latine.

Que ce soit d’après mon physique typé slave, mes amis touristes, ou mes centres d’intérêts divers, les gens ne me voient pas comme une Canadienne. Peut-être que d’identifier un Canadien n’est pas chose facile, ou peut-être que notre culture est trop difficile à définir ?

Pourtant, c’est peut-être ce qui définit les Canadiens de Vancouver. Notre ville est pleine de touristes et d’immigrants. Beaucoup d’entre nous sommes des Canadiens de première ou de deuxième génération et avons des amis des quatre coins du monde. Nos origines ethniques bien visibles et notre faculté à communiquer avec ceux qui sont de cultures différentes, indiquent que nous sommes d’une culture ouverte et qui ne porte pas de jugement. Le fait d’adopter différentes activités telles que la danse latine, les courses de bateaux-dragons chinois ou les festivals celtiques, définit qui nous sommes. Ça ne veut pas dire que nous n’avons pas nos propres activités culturelles inhérentes à Vancouver. On a le privilège d’avoir les montagnes et l’océan, côte à côte, notre paysage donne envie aux gens d’être actifs et d’être à l’extérieur. Les visiteurs m’ont souvent fait remarquer combien nous étions actifs comparativement à d’autres villes. De nombreux Vancouvérois adorent également leur gobelet du matin chez Timmies et sont, bien entendu, passionnés de hockey. Ce sont quelques points communs entre les gens de Vancouver, mais ça ne suffit pas à représenter la ville en elle-même.

Par exemple, en prenant en considération l’influence de la communauté asiatique sur notre culture, nous pouvons y rattacher d’autres tendances, comme notre obsession pour les sushis, ou nos déplacements au marché de nuit de Richmond. Vancouver est un kaléidoscope rempli de morceaux d’autres cultures qui sont présentés à travers une lentille multiculturelle. Nous ne pouvons pas définir la profondeur de la culture de notre ville sans prendre d’abord en considération l’intégration des cultures. Pourquoi est-ce difficile pour les autres de saisir le tissu socio-culturel de Vancouver ? Peut-être que nous ne travaillons pas assez à promouvoir notre image à l’extérieur. Mon petit ami est de Mexico, et certains membres de sa famille ne considèrent même pas que Vancouver ait une culture propre. Je peux comprendre que ces gens, issus d’une culture si fière et passionnée, puissent se demander comment les Vancouvérois se définissent.

A un dîner familial, j’ai été tentée de défendre ma culture après une remarque d’un des membres de sa famille, mais mes tentatives pour m’immiscer dans la conversation ont été vaines. J’ai été dépassée par le rythme rapide de la discussion, et la pause suivante n’a servi qu’à changer de sujet. Non seulement cela, mais j’ai perdu du temps à préparer ma réponse pour m’assurer que mes paroles n’offenseraient personne. Tellement polie et tellement canadienne. Dans nos efforts pour satisfaire les autres cultures, je me demande parfois si nous accordons assez de fierté à notre identité canadienne.

Prenons-nous le temps de réfléchir à la façon dont le fait d’habiter Vancouver influence notre vie ? La culture est inhérente à chaque endroit, chaque ville. Chaque ville recèle quantité de sous-cultures, une des plus petites parties étant constituée des habitudes et valeurs d’un foyer familial. Dans le but d’aider les autres à comprendre la diversité de notre ville, peut-être devons-nous commencer par trouver les mots pour déterminer et formuler notre propre expérience. Les autres peuvent bien avoir du mal à deviner mon identité du fait de ma connexion avec d’autres cultures.

Cependant, pour vraiment comprendre en quoi le fait de vivre à Vancouver influence chaque individu, peut-être que nous devons prendre en compte la densité des liens culturels que nous avons, et réfléchir à la façon dont notre réseau transforme la culture de Vancouver en une ville diverse et en constante évolution.

Traduction Nathalie Tarkowska