Si tu vas à Rio

L’horloge du compte à rebours pour les Jeux Olympiques de Rio. Photo par the Department of Culture, Media and Sport, Flickr

Londres est mort, viva El Rio. Les Jeux Olympiques de 2012 se sont terminés dans l’euphorie.

Les Etats-Unis ont réaffirmé leur suprématie. La Chine, bonne seconde, fait valoir son rang de superpuissance mondiale.

L’Angleterre peut souffler. Elle a réussi ses jeux malgré quelques ratés au départ. Sa récolte de médailles d’or est impressionnante.

Les Britanniques sont maintenant d’attaque. Leurs piles sont rechargées.

Tant mieux pour eux, car la route qui les attend est semée d’embûches d’ordre économique, qu’ils devront, sous peu, confronter. Mais pour le moment, l’heure est à la réjouissance.

Alors qu’ils en profitent. Qu’ils se réjouissent. Le bonheur est éphémère, disait un triste philosophe dont le nom m’échappe, alors qu’il se confiait à l’un de ses collègues en proie au désarroi.

Nous, Canadiens, pouvons en parler en connaissance de cause. Nous sommes passés par là. Les joies d’un jour ne durent pas toujours, me confiait dernièrement un ami, lui aussi philosophe, que j’ai depuis perdu de vue, alors que je me rendais chez l’oculiste.

La moisson de médailles cache des failles, m’avait confié de même un cousin lointain qui depuis vit sur la paille.

Revenons à la joie qu’ont pu procurer ces jeux. Nous, Canadiens, ne sommes pas demeurés en reste. Nous avons eu droit à notre médaille d’or. C’est peu, mais c’est mieux que rien.

Nous pouvons dorénavant prétendre être les meilleurs trampolinistes du monde. Nous savons rebondir mieux que personne. Nul ne nous arrive à la cheville pour les pirouettes aériennes. Nous sommes à la hauteur quand il est question d’une partie de jambes en l’air ou de galipettes.

Mais ne nous berçons pas d’illusions. Une médaille d’or en trampoline ne fait pas de nous une nation kangourou ni même une nation sportive. Nous avons beaucoup de chemin à faire avant de représenter une menace lors des compétitions olympiques.

En faisant le compte des médailles, les médias canadiens, forts généreux et plutôt chauvins, nous placent en 13ème position. Ce qui n’est pas si mal après tout.

Mais soyons honnêtes, tous les courtiers en bourse vous le diront, c’est l’or qui compte. Et là, avec notre petite médaille d’or, nous sommes loin derrière.

Classement officiel des Jeux de Londres 2012: 36ème. Ce n’est pas brillant.

Nous pouvons faire mieux. Mais comment ? Comment rivaliser avec toutes ces nations qui nous devancent ? Comment rivaliser avec la Jamaïque, la Suisse, Cuba, l’Azerbaïdjan ?

Qu’est-ce qu’on peut faire pour renverser la vapeur d’ici Rio 2016 ?

J’ai la solution. Je propose au comité olympique de changer quelques règles du jeu, comme disait Jean Renoir qui ne se faisait pas de grandes illusions.

Lançons l’opération : Rions à Rio. Changeons les épreuves et remplaçons les athlètes par des politiciens.

Par exemple, le 100 mètres plat deviendrait le 100 mètres à reculons. Notre premier ministre serait bien placé pour l’emporter : il s’agit d’avancer pour mieux reculer.

En cyclisme, pourquoi ne pas créer une épreuve où l’enjeu serait de mettre des bâtons dans les roues de l’adversaire. Les élections prochaines au Québec pourraient servir de critère de sélection ainsi que de tremplin si nous contemplons la médaille d’or.

La lutte gréco-romaine deviendrait lutte contre la pauvreté ce qui éliminerait la plupart des leaders politiques actuels et donnerait à Stephen Lewis une grande chance de l’emporter.

Pour remplacer le badminton, qui n’a pas été à l’honneur à Londres, le comité olympique serait bien avisé d’introduire le jeu de cache-cache.

Notre première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, deviendrait la grande favorite. Elle a le don de disparaître de la circulation lorsque la tension monte. Coucou, tu m’as vu. Coucou, tu ne me vois plus.

Sa récente altercation avec l’Alberta au sujet du pipeline devrait lui assurer un billet pour le Brésil. Une victoire certaine en perspective.

J’imagine qu’il serait possible de penser à d’autres épreuves susceptibles d’améliorer nos chances de médailles. Nous devons redorer notre blason. Il nous reste quatre ans pour le faire.

Adressez vos suggestions aux membres du comité olympique. Ces mêmes membres qui, jusqu’en 2016, n’auront pas grand chose à faire si ce n’est, chaque année, au mois de février comme par hasard, au moment du carnaval, d’aller vérifier l’état des lieux.

Dites-moi, comment fait-on pour être membre du C.I.O. ?