Les trois jours de conférence de l’Unesco, du 26 au 28 septembre à Vancouver, aborderont un sujet qui nous concerne tous. A l’ère du numérique, quel avenir réservons-nous à nos écrits ? Qu’adviendra-t-il de la mémoire du monde si nous ne prenons pas la mesure de l’importance de sa sauvegarde ?
Un évènement qui répond à une réelle attente
Joie Springer, spécialiste du programme Secteur de la communication et de l’information à l’Unesco ne s’attendait pas à une telle demande de participation : « Notre appel à contribution a eu plus de 240 demandes. Nous avons été obligés de clôturer l’inscription car on avait largement dépassé le nombre de participants. Pour nous, c’est un grand succès d’avoir réussi à mobiliser tous ces gens intéressés à participer. Je trouve que c’est un sujet fascinant et quand je vois l’intérêt que ça suscite, ça confirme ce que je pensais.»
Les enjeux de cette série de conférences sont effectivement multiples : « le numérique est utilisé partout dans le monde, même dans les endroits les moins développés. Je sais qu’Internet n’est pas très développé en Afrique, mais les téléphones portables le sont et ça remplace. La durée de vie mo-yenne d’une page Web est de 47 jours. Certaines choses n’ont pas d’utilité mais parmi elles, il y en a qui en ont et si on n’y prend pas garde, tout ça va disparaître. » Les e-mails sont un bon exemple de ces écrits qu’il faut protéger.
De nombreuses publications de lettres échangées sur papier dans le passé, nous ont démontrées quel éclairage différent nous apporte de tels écrits sur leurs auteurs et sur leur époque. Il en est de même pour les notes ou commentaires en marge de l’écriture d’un ouvrage qui peuvent s’avérer de véritables trésors. Maintenant que tout cela est numérique, il y a urgence à mettre en place des moyens de préservation qui permettront aux générations futures de bénéficier de cet héritage numérique.
Des menaces constantes sur nos écrits numériques
Virus, catastrophes naturelles, changements de supports numériques, fermeture de sociétés, sont quelques unes des nombreuses menaces qui pèsent sur notre avenir numérique. L’Unesco peut par exemple envoyer une personne d’urgence dans un pays en danger, pour sauvegarder son patrimoine numérique. « Par exemple, les parents qui prennent des photos ou vidéos de leur enfant, pensent que dans vingt ans, ils pourront les leur montrer. » nous explique Mme Springer. « Il y a très peu de chances que ça soit possible. Avez-vous encore un lecteur de disquette sur votre ordinateur ? Quant aux logiciels, ils changent également.
Ce sont des choses sur lesquelles nous souhaitons attirer l’attention du public. » Adam Jansen a été archiviste numérique pour l’état de Washington. Dans le cadre de son doctorat à UBC, il viendra parler de la préservation des vidéos HD à l’école de journalisme d’UBC. Il évoquera un cas d’études du projet InterPARES (un des sponsors de l’évènement), qui s’attache à développer les connaissances nécessaires à la préservation d’enregistrements numériques : « La seule constante en matière de technologie est le changement. Je donne souvent l’exemple de WordStar, logiciel de traitement de texte si populaire dans les années 80. Que sont devenus les données créées avec un logiciel comme celui-là que l’on utilise plus aujourd’hui ? La préservation des documents papiers de quelqu’un comme Gandhi rend notre société plus forte. Mais qu’adviendra-t-il si nous ne pouvons montrer à la prochaine génération d’où nous venons ? »
Des mesures urgentes
Des centaines d’heures de tournage sont réalisées chaque année pour la création de documentaires. La préservation des images non utilisées dans le produit final, peut s’avérer d’une grande richesse. C’est sur quoi travaille Adam J. :« Chaque personne, chaque organisation a sa façon particulière de créer ses données et de les stocker. Nos recherches sont théoriques et nous avons besoin de gens qui les mettent en pratique. Certaines mesures doivent être prises, des recommandations doivent être données, ça a un coût certes, mais ce n’est pas inaccessible. »
Sarah Romkey présentera, quant à elle, son travail sur la stratégie de préservation des documents numériques de la bibliothèque d’UBC. Car si l’Unesco a choisi Vancouver pour sa conférence internationale sur ce sujet, ce n’est pas seulement par commodité pour les nombreux intervenants d’Amérique du Nord, c’est aussi parce qu’UBC est mondialement reconnue pour ses recherches dans ce domaine. Sarah s’enthousiasme déjà : « Derrière cet évènement, il s’agit d’une formidable opportunité pour les chercheurs et professionnels du monde entier, d’échanger leurs expériences afin de trouver de nouvelles solutions. »
En effet, d’après Joie Springer, il est important d’avoir des prin-cipes de base qui soient simples à suivre pour les pays et les gens. Mais elle avoue que les différences juridiques entre les pays rendent cette tâche plus difficile, sans parler de certains climats politiques ou de certains pays qui ne souhaitent pas collaborer à de telles initiatives : « Nous devons mettre l’accent sur des choses qui nous unissent plutôt que sur celles qui nous séparent. »
Hôtel Sheraton de Vancouver 1088 Burrard Street, Vancouver Plus d’information sur : www.unesco.org/new/fr
Agenda
Rain City Chronicles présentent Extra Ordinary
Le 21 septembre 2012 à 19h
Vancouver Playhouse 601 Cambie St., Vancouver
Tickets entre 5 et 15 dollars
www.raincitychronicles.comSFU Public Square et la Fondation de Vancouver proposent une soirée d’histoires et de musique. Les invités sont atypiques mais un point commun les unit : leur humanité. Il s’agit de créer des liens en montrant que les histoires extraordinaires se cachent souvent derrière des êtres tout à fait ordinaires. Espoir, inspiration et humour garantis !
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L’art du dialogue avec Carole Condé and Karl Beveridge
Du 18 septembre au 10 novembre
Galerie d’Art de Richmond 7700 Minoru Gate, Richmond
Entrée libre, dons acceptésC’est la première fois que ces deux Torontois exposent leurs photos en Colombie-Britannique. Ils puisent leur inspiration à travers les groupes communautaires et les mouvements syndicalistes. L’idée est de créer des passerelles entre le monde des travailleurs et celui de l’art. C’est ce que viendra expliquer Karl Beveridge, le 15 septembre à 14h.