Péripéties automnales

Photo par Indhslf72, Flickr

Qui a dit que l’automne était une saison morte ? Oui, c’est vrai que certaines plantes meurent d’hypothermie et que les feuilles se suicident dans un dernier vol plané mais sinon, tout le reste demeure bien vivant ! L’automne c’est comme une pré-saison de hockey, on se prépare pour la vraie saison (si saison il y a bien sûr !). Terminé les baignades en speedo, les soupers assaisonnés de bestioles et les chansons aux airs reggae, il faut maintenant s’affairer si l’on ne veut pas se retrouver comme la cigale, quand la bise sera venue.

Alors on va faire un tour chez «…toujours le bon magasin » pour se procurer, si ce n’est déjà fait, râteau, taille-haies, brouette et sacs poubelle, pour finalement y retourner la semaine suivante, les mains pleines de gerçures et d’ampoules, et y acheter le dernier super-duper turbo aspirateur ramasse-feuille avec déchiqueteuse intégrée, sac rétractable et poignée à prise souple et coussinée ! Des gants vous auraient probablement évité cette nouvelle dépense mais bon, il y avait urgence.

Une fois les feuilles ensachées, si vous êtes l’heureux propriétaire d’une piscine, il faudra la nettoyer puis la vider pour éviter qu’elle ne décide de le faire elle-même. Retour au même magasin pour vous procurer cette fois-ci : brosse, antigel, bâche à feuilles et duct tape. Après un avant-midi à essayer de vider les tuyaux d’eau avec le Shop Vac, vous réussissez enfin, en mettant la pompe en position « vidange » à faire sortir l’eau, les détritus et les algues, directement sur vous ! Complètement trempé, les mains gelées, les genoux figés dans la position du catcheur et un début de crampe dans le bas du dos, vous déclarez forfait et téléphonez au centre de piscine le plus près pour demander à un technicien de venir terminer, encore une fois, l’utopique intention. Y a pas un proverbe qui dit que « Rome ne s’est pas faite en un jour ? »

Ensuite, il faudra vider complètement le cabanon pour pouvoir y entrer les meubles de jardin, le BBQ, les équipements de la piscine, les vélos ainsi que votre nouvel aspirateur à feuilles. C’est souvent à ce moment, en regardant le contenu qu’il faudra remettre dans le contenant, que vous décidez de faire un peu de ménage: « Chéri, a-t-on encore besoin d’une tondeuse ? »

Tout de suite après, vient l’étape de l’habillage. On habille et ficelle les plants, les arbustes, le gigot… On recouvre la piscine, les cordes de bois et certains même, le gazon! Mais qui dit recouvrement, dit abri et qui dit abri, dit Tempo. Le montage de l’Abris Tempo ! Des heures de plaisir en famille !

Plan en main, vous lisez à voix haute : « Raccordez l’entretoise femelle #11 à l’entretoise mâle #10 en joignant le centre d’arche #5 au coin d’arche à trois trous #6. N’oubliez pas d’ajouter le renfort d’arche #12 pour assurer la stabilité du produit grâce au boulon #3 et à l’écrou #4. »

Soudain, sans crier gare, vous recevez le poteau #7 tout droit dans le ventre, après avoir oublié d’installer la diagonale #9 au sol. Voilà maintenant que toute la structure s’incline dangereusement sur vous. Pris de panique, fiston et fillette lâchent tout pour courir loin de l’abri. C’est donc les bras en l’air (réflexe de protection pratiquement inutile dans cette situation), que vous recevez littéralement sur la tête la barre de porte #13 ainsi que toute la structure du toit, solidement boulonnée. L’orgueil blessé, vous vous relevez péniblement et décidez d’attendre le retour de chéri. Quoi ? N’ai-je pas dit tout à l’heure que « Rome ne s’est pas construite en un jour ! »

Finalement, une fois tout l’extérieur prêt à recevoir la neige, on décide de profiter des belles couleurs de la saison en se permettant une petite balade en forêt, main dans la main, reniflant les parfums apaisants des feuilles mortes et de la terre vaseuse.

« Chéri, t’as entendu ce craquement ? » que vous demandez, légèrement inquiète.

« Mais oui, c’est probablement un lièvre qui court », vous lance-t-il sur le ton le plus formel du monde.

Vous continuez votre progression quand le craquement se fait de nouveau entendre. Vous ra-lentissez, arrêtez puis regardez à travers la forêt, penchée délicatement vers l’avant. Rien. Chéri sourit de vous voir dans cet état. Vous lui enserrez la main un peu plus fort, lui signifiant ainsi que vous, vous ne rigolez pas et qu’au contraire, vous n’êtes pas du tout rassurée, quand subitement, dans un battement d’aile bruyant et saccadé, sortant de nulle part, une perdrix se jette droit sur vous! Vous échouez au sol (… dans un mini lac de boue visqueuse) en position fœtale, complètement terrorisée en hurlant à votre douce-moitié : « Au secours ! Elle m’attaque ! »

Elle s’envole sans vous toucher, certes! Mais en vous laissant un chaud et blanchâtre souvenir sur la tête! (Sans commentaires s.v.p. !)

Et bientôt viendra Halloween… et les décorations extérieures! Avant, vous vous lanciez avec bonheur dans cette mission, vous rendant à la fermette accompagné des enfants, acheter un ballot de foin, des tiges de maïs séchées et des citrouilles de toutes les formes et les couleurs. De retour, vous installiez le tout sur le terrain avec un épouvantail à la mine sympathique, planté au centre. Mais, cette année, ils ont grandi et ils ont décidé de prendre la décoration du terrain en main.

« Ça va aller maman, nous viendrons te chercher quand ce sera terminé », vous lance fiston, la mine d’un conquérant.

C’est avec des yeux remplis de stupéfaction que deux heures plus tard, vous dévisagez votre terrain. Terminé le style country accueillant, c’est maintenant un tombeau ouvert avec un squelette rampant, des membres ensanglantés et des pierres tombales éparpillées un peu partout qui ont pris place. Il y a même des rires de sorcières en canne! Devant votre mutisme, fillette ajoute, un soupçon de reproche dans le ton : « Maman, l’Halloween ça doit faire peur ! »

C’est d’ailleurs votre avis en regardant le terrain… et c’est probablement la seule chose à l’allure « morbide » de tout l’automne car pour tout le reste, c’est plutôt très vivifiant, vous ne trouvez pas ?