Si nos athlètes paralympiques ont pu nous rapporter autant de médailles durant les J.O. alors pourquoi ne faisons-nous pas plus confiance aux personnes à déficience physique sur le marché du travail ? Le terme handicap désigne officiellement la limitation des possibilités d’interaction d’un individu avec son environnement. Les personnes invalides sont atteintes d’un handicap physique ou sensoriel. Le handicap physique est plus qu’un défi au quotidien, c’est aussi un perpétuel affrontement face aux préjugés et à la discrimination. Plusieurs pays, pour la plupart développés, ont des infrastructures et un système de santé capable de prendre en charge les personnes à déficience physique. Pourtant, à l’heure actuelle, les personnes handicapées sont mises à l’écart et marginalisées, surtout d’un point de vue professionnel puisque plusieurs employeurs hésitent encore à les recruter.
Peut mieux faire…
Le Canada est un pays qui a su développer une politique de recrutement basée sur l’égalité des chances surtout dans le secteur public. Mais bien que le gouvernement ait mis en place plusieurs lois et programmes de subventions pour favoriser le recrutement des personnes à déficience physique dans le secteur privé et public, le taux de recrutement est toujours bas et nombre de personnes handicapées avouent se sentir encore plus marginalisées que la communauté autochtone ou d’autres minorités visibles. D’après un rapport de la commission de la fonction publique de mai 2011, seulement 28 % des personnes handicapées se disent satisfaites du processus de recrutement et affirment que leur candidature a été menée équitablement. De plus, selon le même rapport, 41% des employés de la fonction publique qui souffrent d’un handicap signalent avoir été, au moins une fois, victime de discrimination par leurs supérieurs ou par leurs collègues.
Bien que la représentation des personnes invalides dans la fonction publique s’accroisse, beaucoup trop d’entre elles sont chômeuses. Selon Statistiques Canada, en 2001-2002, 2,3% de personnes handicapées travaillaient dans la fonction publique et en 2008–2009 le taux était de 5,9 %. Plusieurs facteurs peuvent par ailleurs considérablement nuire à l’épanouissement professionnel de certaines personnes handicapées. En effet, le manque d’accès à des formations spécialisées, le manque de renseignements sur les offres d’emploi possibles et surtout la discrimination fait en sorte que les personnes handicapées restent très peu représentées sur le marché du travail.
En Colombie Britannique, il existe plusieurs associations qui viennent en aide aux personnes handicapées et les assistent dans leur recherche d’emploi. Parmi elles, The Greater Vancouver Business Leadership Network. Cette association est connectée à plusieurs entreprises dans le secteur privé et public pour ainsi faciliter le recrutement des personnes handicapées. Un de leurs employés Mark Gruenheid, qui fait aussi partie de l’association BC Center for Ability, témoigne : « Les personnes à déficience physique sont autant si ce n’est plus efficaces dans le milieu du travail. Elles ont aussi beaucoup moins d’accidents de travail. La discrimination est ce qui nuit vraiment dans leurs recherches d’emploi, malheureusement le gouvernement ne peut intervenir et instaurer des quotas dans le secteur privé. Puisque de nos jours tous les services et commodités sont mis en place pour faciliter l’autonomie des handicapés maintenant il faut se concentrer pour prouver aux employeurs que les personnes à déficience physique sont tout aussi compétentes. » D’autres associations se chargent aussi d’aider les personnes handicapées à atteindre leur plein potentiel telles que The Developmental Disabilities Association ou encore The Disability Foundation créée par Sam Sullivan après un accident de ski. Aujourd’hui, les personnes à déficience physique occupent plutôt des postes administratifs.
Peu d’effort pour beaucoup de résultat
Cassandra Lott est une employée de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) qui, à cause d’une polyarthrite rhumatoïde, est contrainte de se déplacer en fauteuil roulant : « Mon handicap n’atteint en rien mes performances au travail. Je travaille le même nombre d’heures que tous mes autres collègues et mon travail est tout aussi efficace ! Contrairement à d’autres, mon handicap m’a atteint progressivement, quand j’ai commencé à utiliser un fauteuil roulant, mon employeur a dû installer quelques commodités pour faciliter mes déplacements. Le regard que les gens portent sur moi a clairement changé mais je ne n’ai jamais été victime de discrimination. Je crois qu’en Colombie-Britannique les gens sont assez ouverts d’esprit et le gouvernement favorise notre intégration. Certaines personnes handicapées devraient avoir plus confiance en leur capacité. »
Le recrutement de personnes handicapées rapporte de nombreux avantages aux employeurs. Cela crée une diversité au sein du milieu de travail, les personnes à déficience physique sont souvent reconnues pour être plus effica-ces. De plus, les installations requises pour certaines déficiences sont peu coûteuses et déductibles d’impôts.
La croissance économique et la création d’emplois sont des priorités gouvernementales mais une meilleure intégration professionnelle des personnes à déficience physique entraînera aussi des bénéfices économiques et sociaux.
En 1992, l’ONU instaurait le 3 décembre comme la journée internationale des personnes handicapées. Plusieurs organisations, dont Connectra se mobiliseront cette année pour fêter les 20 ans de cette journée internationale. C’est de 13h à 19h au centre communautaire de Roundhouse que se tiendra cet événement. Une importance à ne pas négliger car selon les Nations Unies, environ 15% de la population mondiale vit avec un handicap.