L’Orchestre Interculturel de Vancouver, récipiendaire du Prix de l’Harmonie culturelle 2012

« Depuis 11 ans, nous adhérons au principe selon lequel la diversité n’est pas simplement un sujet politique, mais plutôt la façon la plus naturelle de créer et de prendre conscience de la beauté de l’art et de la vie. »

C’est ainsi que Moshen Denburg, co-directeur artistique de l’orchestre VICO, qualifie sa vision de l’interculturalité après avoir été honoré du Prix de l’Harmonie culturelle 2012 en novembre dernier, par la Ville de Vancouver.

Une curiosité artistique

Quand la plupart des artistes choisissent un style de musique et s’y exercent toute leur carrière, Moshen Denburg s’inté-resse à toutes sortes de courants musicaux : indiens, japonais, chinois, et à toutes sortes d’instruments également. Nous avons voulu comprendre comment il s’y prenait pour réunir toutes ces tendances en un seul orchestre. Il dirigeait un orchestre de musique juive lorsqu’il participa au Festival de Musique Sacrée de Vancouver en 1999, il nous explique lui-même la suite : « J’ai vu, dans ce festival, tous les musiciens dont j’aurais besoin pour réaliser un travail interculturel à grande échelle. » C’est ainsi qu’est né Réconciliations, que Moshen composa pour un orchestre de 36 musiciens. La création de VICO l’année suivante a marqué le début d’une incro-yable aventure qui dure depuis 11 ans.

L’interculturalité comme spécialité

On voit souvent des communautés rester entre elles et éviter les défis que représentent les échanges culturels, Moshen fait exactement l’inverse et encourage les musiciens de tous milieux culturels à collaborer ensemble. Et ça tombe bien car Vancouver est une mine de musiciens de tous bords : « les nouvelles compositions requièrent des instruments très variés et confère ainsi à chaque concert, un aspect unique et nous sommes bénis d’avoir de nombreux musiciens professionnels originaires des quatre coins du monde à Vancouver. »

Des mariages musicaux inattendus

Le vancouvérois a le privilège de pouvoir trouver toutes sortes de concerts issus de multiples courants culturels. Ce que VICO apporte de différent, ce sont des compositions qui mêlent ces différents styles musicaux : « Disons que nous donnons un concert mettant en avant la rencontre entre la musique occidentale et la musique japonaise. On aura peut-être dans ce cas, un solo pour koto (instrument traditionnel japonais), puis l’arrangement d’un morceau traditionnel japonais avec le koto et le shakuhachi (flûte japonaise) associés à des instruments à vents et à cordes occidentaux. On pourra ensuite jouer une composition originale incluant non seulement des instruments japonais et occidentaux mais également le tabla (timbale indienne) le oud (luth du Moyen-Orient), le erhu (violon à deux cordes de Chine) etc…

Une nouvelle forme d’art

Ce concept suppose de nombreux ajustements à la fois de la part des musiciens mais aussi de la part des compositeurs. Les questions qui se posent sont nombreuses : quelles sont les limites de tel instrument, comment peut-il être combiné à un autre, quelle technique peut-on passer d’une culture à l’autre, comment travailler ensemble dans une grande formation et bien d’autres encore. Mais c’est sans doute ainsi que sont sans cesse repoussées les limites de ce qui s’est déjà fait, pour aller explorer de nouveaux terrains vierges musicaux.

Les projets ne manquent pas pour faire partager cette passion comme le concert que le VICO donnera le 11 février 2013 au Festival du Chutzpah (mot qui symbolise le culot, le non-conformisme, l’audace) et s’intitulera War, Love and Loss. Il s’agira d’une collaboration entre des musiciens du Pacific Baroque Orchestra et des musiciens du VICO qui joueront sur des instruments iraniens, chinois et japonais et chanteront.

L’idée derrière la démarche de VICO est également de donner envie aux jeunes générations de s’ouvrir aux perspectives infinies qu’offrent l’interculturalité :

« nous aimerions établir un programme régulier d’éducation pour la prochaine génération de musiciens et de compositeurs. Notre souhait est d’être un catalyseur de communication interculturelle et de création d’une nouvelle forme d’art musical. Ce que l’on fait a un attrait universel car c’est basé sur le plus naturel et noble sentiment qui consiste à partager le meilleur de sa culture avec autrui. Il me tarde de voir le jour où chacun appréciera autant ou même davantage, la musique des autres cultures, que la sienne. »

Pour plus d’information, consultez : www.vi-co.org

Agenda

Don Juan de Molière
Du 26 décembre 2012 au 26 janvier 2013

The Cultch
1895 rue Venables (et Victoria Drive), Vancouver
www.thecultch.com

llustration par Blackbird Theatre

llustration par Blackbird Theatre

Molière est encore et toujours à l’honneur depuis quatre siècles ! Enfin pas tout à fait, car à son époque, il n’a pas toujours été à l’honneur, loin de là. Mais ses pièces touchent tellement à l’essentiel de la nature humaine qu’elles sont absolument indémodables et tellement actuelles que les jeunes artistes y trouvent autant d’inspiration que les générations précédentes avant eux. La compagnie de théâtre Blackbird dirigée par John Wright, propose une nouvelle adaptation de Don Juan, ce personnage mythique, dont le nom est passé dans la langue française comme nom commun, synonyme de séducteur : c’est dire à quel point cet auteur de génie a influencé notre langue, notre culture et notre humour, cette façon de se moquer des travers d’autrui… juste pour rire !