Porteur du sentiment d’appartenance collective, facilitateur de partage des cultures, moteur du vivre-ensemble, l’espace public est plus qu’un simple aménagement cohérent des rues, parcs, places ou parvis d’une ville pour faire cohabiter ses habitants. Désireuse de célébrer tant la forme que le rôle de l’espace public dans la ville, la Mairie de Richmond organise une rencontre le 28 mars dans le cadre de ses Lulu Series, animée par le Vancouver Public Space Network.
Interprétation d’usages
La qualité de son espace public a sans doute quelque chose à voir avec la place de choix que Vancouver occupe dans le classement mondial des villes où il fait bon vivre. Mais outre les résolutions vertes ou une jolie digue sur le bord de mer, qu’est ce qui fait la valeur de l’espace public ?
Pour Andrew Pask, fondateur du Vancouver Public Space Network (VPSN), un espace public attractif est avant tout un espace où il y a des gens. « Il faut que l’endroit ait été pensé et construit pour que les individus se sentent à l’aise pour l’utiliser », explique-t-il. Incitant les consommateurs, usagers, flâneurs de tous horizons à circuler, chacun doit pouvoir y trouver sa place.
Plus encore, si l’architecture et l’urbanisme posent les bases de l’utilisation de l’espace public, l’aménagement doit laisser de la marge et du jeu pour favoriser son appropriation par le public : « on peut avoir le meilleur design et personne qui ne s’en sert », insiste Andrew Pask. L’accessibilité et l’invitation à l’interprétation de l’espace par les usagers deviennent alors des marques de réussite : « un bon espace public se révèle quand les gens commencent à l’utiliser dans un sens qui n’était pas prévu au départ », défend-t-il. A l’image du Robson Square dans le centre-ville de Vancouver, terrain de jeu favori des danseurs de capoeira, breakdance ou tango, de nombreux espaces urbains se voient habillés d’usages inattendus, choisis par les habitants.
Ici et là, ce sont aussi les artistes qui créent la ville. A travers leurs œuvres, ils en révèlent les dimensions méconnues, attribuant aux rues de nouveaux usages et de nouveaux visages. Les artistes de la récente exposition Intersections à la gare de Waterfront ont ainsi tenté d’affirmer, par des jeux de couleurs et d’écriture sur toile, le caractère unique des grands croisements de rues de Vancouver. Granville et Broadway, Denman et Davie, Main et Hastings, ils ont mis leur créativité à l’épreuve pour « créer une occasion de reconnaître ces espaces qui occupent une place fondamentale à Vancouver » a déclaré Ross Milne, gérant de l’exposition.
Vibrantes expressions urbaines, ces initiatives enrichissent les lieux et les liens qui font vivre l’espace public.
Moteur du « vivre-ensemble »
Andrew Pask, dont l’association éduque les gens à ces questions, s’enthousiasme de l’intérêt manifesté tant par les villes que par les citoyens eux-mêmes pour améliorer la qualité de l’espace public. L’engagement des 1500 volontaires du VPSN depuis sa création en 2005 ou l’organisation des Lulu Series par la ville de Richmond (du nom de l’île sur l’estuaire du Fraser sur laquelle elle est située), l’illustrent bien.
A travers les interventions d’experts urbanistes, architectes ou artistes qui animent ces rencontres, « nous voulons célébrer l’espace public et établir un cadre stimulant pour créer des liens entre les citoyens et leurs communautés », se réjouit Kim Decker, responsable de la communication de la ville. Les municipalités du Grand Vancouver se plaisent de plus en plus à transformer l’espace public en terrain de rencontres le temps d’une journée ou d’un week-end, multipliant les foires, spectacles de rues et manifestations estivales. Les piétons remplacent les voitures, et les trottoirs, souvent lieux de passage, deviennent coins de bavardage. Lors de leurs Lunch Meet l’été dernier, la ville de Vancouver et le VPSN avaient transformé la rue Abbott en une « cafétéria urbaine », rassemblant passants et voisins autour d’une longue table et d’un grand choix d’options culinaires. Andrew Pask salue aussi le rôle des animations organisées par les communautés pour dynamiser leurs quartiers, à l’instar des célébrations culturelles ou marchés : « ils servent localement l’espace public mais permettent aussi d’attirer des gens de l’extérieur, devenant une destination. » Commercial Drive, l’un des quartiers les plus mixtes et populaires de Vancouver, a ainsi été élu meilleur espace public du Canada par Spacing magazine, spécialiste de l’urbanisme basé à Toronto.
Au-delà de ces initiatives, Andrew Pask aime penser la rue comme un terrain privilégié pour les rencontres anonymes : « l’espace public joue un rôle clé par le simple fait qu’il attire les gens hors de chez eux pour les transporter dans un espace commun », livre-t-il, soulignant la différence avec la maison ou l’internet. Le temps d’une promenade, partage des trottoirs, échanges de regards ou bousculades permettent de prendre conscience des multiples visages de la ville et d’apprécier sa diversité. Dans leur démarche environnementale qui valorise les déplacements à pied, c’est finalement toute la vision du vivre-ensemble que les villes de Vancouver et de Richmond souhaitent encourager.
The Lulu Series
Vancouver Public Space Network
The City on Display: Urban Living and the Art of Public Space
Jeudi 28 mars 2013, 19h
Mairie de Richmond
Gratuit mais places limitées RSVP à lulu@richmond.ca
http://www.vancouverpublicspace.ca