De Villeray au West End

En 1997, je suis redevenu citadin. Finies les banlieues et les villes de petites et moyennes tailles. Rien de tel que le West End pour vous immerger dans le tissu urbain de Vancouver. A pied ici et là, le long de Robson, dans Yaletown et Coal Harbour, English Bay, la rue Main, la 4ième avenue, enfin vous voyez le portrait.

La ville change, évolue, grandit, suscite des débats; densité urbaine, les condos, les maisons de ville, pistes cyclables, chiens en laisse ou sans, dans les parcs ou pas, les zones piétonnières, la circulation automobile, les ponts. Transports en commun, co-voiturage, coopérative d’auto, Car2Go dites-vous ? Bien sûr ! Entre autres.

Voilà ce que je vous propose dans ces chroniques sur mes Tissus urbains, à la mesure de l’envergure du Vancouver métropolitain, de Surrey à West Vancouver.

Mon premier tissu urbain a été tissé à Montréal à la fin des années 40 et début des années 50, dans le quartier Villeray, rue De Normanville près de Jean Talon.

Villeray aujourd'hui | Photo par Michel Gagnon, Flickr

Villeray aujourd’hui | Photo par Michel Gagnon, Flickr

Mon environnement urbain se limitait à la ruelle derrière notre logement, où passaient les guénillous qui récupéraient les vieux vêtements pour les recycler à leur manière, dans l’industrie de la guenille… euphémisme pour l’industrie du textile et de la mode montréalaises.

Les quêteux (les sans abris de l’époque) avaient leurs habitués, qui les appelaient par leur nom. Les affûteurs de couteaux s’annonçaient à haute voix et en sonnant une cloche, comme celles des fins de récréation des petites écoles. Les marchands de glace devaient monter leurs énormes blocs par les escaliers en colimaçon, pour ensuite les déposer dans les glacières. Peu de frigos dans le quartier à l’époque.

Puis Côtes des Neiges, qui était un quartier multi-ethnique en devenir, mais encore très francophone monochrome, avec ici et là des îlots d’anglophones et une forte composante de la communauté juive de Montréal le long de la rue Van Horne.

Mon premier contact avec le tissu urbain de Vancouver est en 1975, alors que les rapports de circulation à la radio de Radio-Canada, se faisaient en regardant par la fenêtre du studio, qui donnait sur la rue Georgia. Aujourd’hui on fait encore la météo de cette façon.

A cette époque il était possible de voir le phare de Lighthouse Park, dans l’axe de la voie de chemin de fer qui longeait Central Park à Burnaby, devenue la voie du SkyTrain. Vue sur la mer à partir de Burnaby. Qui l’eût cru!

Depuis, disparus le vieux pont Cambie en métal, et la fabrique de tonneaux qui se trouvait en dessous. Pas d’Ile Granville, pas de False Creek, pas de Yaletown, comme on les connaît aujourd’hui.

Il n’y avait pas encore de Sears, pas de Law Courts, ni de Starbucks ou de cafés à chaque coin de rue. Il n’y avait que le Mozart Cafe sur ce qu’on appelait la Robsonstrasse, où se trouvait aussi Le Bouquineur, seule librairie française de l’époque et des parkings partout.

Les prostituées qui faisaient le trottoir rue Davie attiraient une circulation automobile dense, ce qui a contribué à l’installation de culs-de-sac et de ronds-points dans le West End. Elles ont changé de quartier, cédant l’espace partagé, à la communauté gay qui, elle, est restée et a grandi.

West End, Vancouver | Photo par Doug Pollard, Flickr

West End, Vancouver | Photo par Doug Pollard, Flickr

La rue Commercial était le cœur du quartier italien. Olivieri était le rendez-vous des gastronomes affamés de l’époque. Maintenant la marque fait partie du groupe Maple Leafs. Finies les pâtes maison de la famille et les saucissons, fromages et olives importés d’Italie.

Aux abords du pont Lions Gate du côté sud de Georgia se trouvait une bâtisse en bois, au plancher inégal, haut lieu de l’artisanat de l’époque, tenue par deux sœurs. On se garait sur le gazon devant la porte.

La ville a changé. J’aime ce qui s’y passe, les débats sont multiples et les échanges sont passionnés.

Le 26 mars s’ouvre le Salon international de l’auto de Vancouver, au nouveau Centre des Congrès. L’occasion de faire le point sur cet élément de la vie urbaine :

avoir ou ne pas avoir d’auto, et si oui, laquelle?

J’y serai. On en reparle.