Ca y est, c’est fait. Il y a un nouveau pape. François, un jésuite argentin. L’ami des pauvres, dit-on. Maintenant qu’il est bien installé au milieu du faste et de l’opulence du Vatican, je ne vois vraiment pas comment il va pouvoir maintenir sa réputation. Toujours est-il que le nouveau souverain pontife m’a l’air, de prime abord, bien sympathique. On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Enfin, voilà une chose de faite. Maintenant retour au pays où ce n’est pas toujours fête.
Alors que mes yeux, et toute mon attention, ces derniers temps, étaient donc tournés vers Rome (papauté oblige), notre Première ministre de la si belle Colombie-Britannique, faisait des siennes. Il suffit que j’ai le dos tourné pour que Madame Christy Clark en profite pour déraper. Elle est actuellement hors de contrôle. Nous assistons à un sévère dérapage « non-contrôlé » pour employer le jargon des coureurs de rallye automobile.
Mme la Première ministre de notre province au long cours estime, à tort, que la course pour l’élection provinciale du 14 mai est belle et bien engagée. Quelqu’un de son entourage a omis de lui dire en privé que la campagne électorale ne devrait pas débuter avant le début ou la mi-avril. En attendant, elle est tenue de remplir sa fonction de Première ministre qui est, ni plus, ni moins, de gouverner et non de faire campagne.
Vous me direz que cette pratique est monnaie courante en politique. C’est vrai, mais cela ne m’empêche pas de la trouver regrettable. Notre première Dame de la province au bord du Pacifique (et non du gouffre), a été élue, et reçoit un chèque en conséquence, pour gérer les affaires de la Colombie-Britannique, même si son côté teigneux l’incite à déclencher les hostilités avant terme plutôt que de remplir son devoir à l’Assemblée législative. Monsieur Adrian Dix semble avoir compris son rôle. C’est du moins l’image qu’il projette. Madame Clark, non.
Depuis qu’elle a hérité du pouvoir, il y a maintenant deux ans de cela, la Première ministre fait des pieds et des mains, pour n’en faire qu’à sa tête. Ainsi nous assistons à une série d’actes de désespoir, destinés à remonter le Parti libéral provincial dans les sondages. D’où certains « hics ». Par exemple : le scandale du malencontreux mémo visant le vote ethnique. Résultat : des excuses et des démissions.
Puis, l’affaire de l’édifice d’art et désign de Prince-Georges, désavoué par son ancien ministre des finances, Kevin Falcon. Que dire encore du remarquable volte-face au sujet de la construction d’une raffinerie à Kitimat proposée par l’homme d’affaire David Black ? Christy Clark se jette sur le projet comme la misère sur le pauvre monde ou, expression plus ancienne mais moins courante, comme la vérole sur le bas clergé (Je n’ai rien inventé. C’est une expression pas très catholique mais bien française. François, le nouveau pape, peut le confirmer). Moins de quarante-huit heures plus tard, toutefois, elle se rétracte et questionne la validité du projet.
Et puis, la cerise sur le gâteau. Une histoire cocasse et pitoyable à la fois. Un journaliste du Comox Valley Business Gazette rapporte qu’au cours d’une réunion publique récente, notre Première ministre s’est exclamée, en voyant que son micro s’affaissait petit à petit, que cela n’était pas sans lui rappeler son ex-mari. Un peu de classe madame. Pensez à ce que vous dites. Cette même Christy Clark qui n’avait pas apprécié l’invitation que lui avait faite Richard Branson, monsieur Virgin, d’aller faire du surf toute nue avec lui. Souvenez-vous, vous avez trouvé sa remarque déplacée. S.V.P. Madame la Première ministre-pour-peu-de-temps-encore-j’imagine, cachez cette hypocrisie que je ne saurais voir. Contrôlez-vous.
De plus cessez de narguer l’opposition et de provoquer Monsieur Dix. Votre attitude par rapport au chef de l’opposition me fait penser à un chien chihuahua hissant et montrant ses crocs face à un Saint-Bernard paisible, imperturbable. Rappelez-vous ce proverbe arabe : les chiens aboient, la caravane passe. Les Néo-démocrates vous dévoileront leur programme en temps voulu, c’est-à-dire lorsque la campagne électorale sera déclenchée. Pas avant. Soyez patiente et surtout soyez sereine. Cela vous évitera de déraper. Et puis, attention, maintenant que la loi est passée, vous pourriez vous faire arrêter par un simple citoyen pensant que vous mettez la province en danger.