L’art contemporain des pays arabes, de la Turquie et de l’Iran s’expose au musée de l’anthropologie (MOA), du 20 avril au 15 septembre 2013. Première exposition majeure d’art contemporain du Moyen-Orient sur la côte ouest du Canada, Safar/Voyage (Safar signifiant voyage en persan) engage un dialogue sur les questions de géographie, de migration et d’exil à travers le thème universel du voyage.
Diversité culturelle
Jill Baird, commissaire de l’exposition et responsable des programmes public et éducatif du MOA, souligne l’importance de l’exposition Safar/Voyage dans la politique que mène le musée :
« Le MOA est un lieu pour l’art et les cultures du monde. Bien que souvent associé à l’art et aux cultures aborigènes, nous nous intéressons, plus largement, à la communauté internationale. Cette exposition en est la démonstration ».
Jusqu’il y a peu, l’art contemporain de ces pays était quasi-absent de la scène artistique contemporaine ; il semble que les évènements politiques des dernières années les ont projetés au devant de la scène internationale.
D’Égypte, d’Irak, d’Iran, du Liban, du Koweït, de Palestine ou encore de Turquie, les seize artistes ont été sélectionnés par Fereshteh Daftari, commissaire invitée, spécialiste de l’art du Moyen-Orient. La plupart d’entre eux ne vivent pas dans leur pays d’origine, du moins de manière permanente, et ont élu résidence dans des pays d’Europe ou d’Amérique du Nord.
Adel Abidin, qui est né et a étudié à Bagdad, vit et travaille aujourd’hui à Helsinki en Finlande, tandis que Tarek Al-Ghoussein, né au Koweït et d’origine palestinienne, a étudié à New York et au Nouveau Mexique et vit aujourd’hui à Sharjah aux Émirats Arabes Unis. Artistes cosmopolites, ils se partagent entre deux cultures, deux territoires, l’Occident et le Moyen-Orient.
Susan Hefuna, qui vit entre l’Allemagne et l’Egypte, déclare : « la vie est un voyage, et voyager fait partie de mon histoire personnelle ».
Un art de diaspora
Leur art témoigne de leur expérience de la guerre, de la révolution, de la migration ou de l’exil. Leur interprétation de la notion de voyage est vaste, elle s’étend du passage de frontières au voyage philosophique et politique. Des thèmes universels qui ne sont pas sans écho avec la communauté cosmopolite et la situation géographique de Vancouver.
Parviz Tanavoli originaire d’Iran, vit entre Téhéran et Vancouver. Sculpteur de renommée de l’art moderne iranien, il quitte l’Iran en 1989 pour s’installer à Vancouver mais continue de voyager tous les ans de Vancouver à Téhéran : « c’est une migration saisonnière. Comme mes ancêtres, lorsque le printemps arrive, je remballe et je vais sur mon autre terre, mettant l’hiver derrière moi ».
Ayant vécu, étudié ou travaillé dans d’autres pays que leur pays d’origine, ces artistes apportent une diversité de voix, d’expériences et d’histoires, diversité que l’on retrouve dans les médias utilisés : peinture, sculpture, photographie, installation son ou encore vidéo. Le voyage prend ainsi des formes diversifiées.
Oh Persepolis II, l’oeuvre de Parviz Tanavoli choisie pour l’exposition, est un mur de bronze recouvert d’écriture cunéiforme, une référence à l’ancienne cité perse, un voyage vers le passé: « J’ai réalisé la première partie Oh Persepolis en 1975. Celui-ci date de 2008. Le site archéologique de Persépolis est aujourd’hui passé dans l’oubli et se détériore. Je souhaitais rappeler aux gens ce que cette cité avait été, ce qu’elle avait représenté. J’espère que cette exposition apportera une meilleure connaissance de l’art du Moyen-Orient, et plus d’intérêt pour cette culture ».
Jill Baird conclut : « le thème du voyage est une belle métaphore, un thème qui invite à comprendre ces artistes venant d’ailleurs et qui les présente comme des guides ». Le parcours de l’exposition, décrit Jill Baird, est « comme un voyage commençant à grande échelle, par le monde, le globe, s’arrêtant ensuite dans des villes et des lieux spécifiques tels que le Caire et Téhéran, et se terminant par un espace dédié au voyage existentiel, spirituel, émotionnel ou physique ».
Différents évènements accompagneront l’exposition, tels qu’un cycle de conférences sur l’esthétique nomade et l’importance du lieu, des présentations par les artistes et commissaires, divers concerts ou encore une après-midi consacrée au cinéma expérimental des pays arabes.
Safar/Voyage
20 avril au 15 septembre 2013 Musée d’anthropologie de UBC
Galeries Audain et O’Brian