Franchir le mur de l’apathie

Le 29 mai prochain l’Université Simon Fraser reçoit l’activiste et écrivain Dave Meslin qui présentera son projet The Fourth Wall, le quatrième mur ayant pour objectif principal la lutte contre l’apathie populaire des citoyens. A l’heure où le taux d’abstention lors des élections provinciales en Colombie-Britannique flirtaient avec les 48% , le jeune torontois propose de briser ce statut de spectateurs dans lequel s’enferment les citoyens. Il explique : « dans le théâtre et le cinéma, le « quatrième mur » est un terme utilisé pour décrire la barrière imaginaire séparant une audience de la scène. Lorsque l’acteur parle directement à l’auditoire, ou un membre du public interagit avec la distribution, le quatrième mur se « casse ». » La mairie dispose également d’un quatrième mur.

Réveiller la conscience citoyenne
La plupart des résidents sont simplement spectateurs, témoins passifs de la politique locale par des titres et des extraits sonores. « Comment pouvons-nous sortir de ce quatrième mur et créer une culture de l’engagement citoyen local? Comment pouvons-nous ouvrir les portes du dialogue et de la participation, ce qui nous permet de construire collectivement la ville dans laquelle nous voulons vivre ? ».

Dave Meslin est ce que l’on appellerait un agitateur professionnel. Un bon moyen de réveiller la motivation des jeunes vancouvérois comme le souligne Robin Prest « Nous espérons que Meslin peut agir comme un catalyseur sur l’engagement citoyen qui est déjà en cours, ici à Vancouver. Une foule d’idées intéressantes font surface. Mais, même les bonnes idées exigent un effort pour devenir réalité, et notre objectif est de créer l’espace nécessaire pour aider à mettre au point les détails ».

Il ne manque d’ailleurs pas d’initiative pour pousser les collectivités à inclure les résidents à s’engager et améliorer leur vie au niveau local. « Combien de fois avez-vous entendu dire qu’aucun réel changement n’était possible puisque les gens sont trop égoistes, stupides ou paresseux pour essayer de faire une différence dans leur communauté. Je vous propose d’oublier l’apathie et de le voir d’un autre point de vue. La société en elle-même décourage quelque peu les tentatives d’engagement. » Il se propose donc de rendre la politique ludique et « fun » pour attirer tout un chacun, un peu à l’image de ce que les grandes enseignes savent créer pour attirer le consommateur.

Le rôle des médias
Un avis que nuance le sondeur politique Mario Canseco « Le fait que Vancouver soit une mosaïque de communautés a une influence déterminante sur l’engagement politique. La ville a fait de gros effort pour s’adresser aux résidents dans leur langue maternelle. C’est un point essentiel à prendre en considération si l’on veut inclure tout le monde dans l’effort d’engagement. » Alors que nous sommes clairement affectés plus par les décisions que nos politiciens locaux prennent, les Canadiens ont eu récemment des taux de participation plus faibles sur les élections municipales que sur les élections fédérales et provinciales. Selon lui, un des problèmes vient du fait que la politique municipale est reléguée au second plan dans la couverture médiatique, à moins que quelque chose de radical ne se passe. « Nous avons l’exemple de l’avalanche de scandales concernant Rob Ford, le maire de Toronto. En parallèle il n’y a pourtant quasiment aucun sujet consacré aux problèmes de transit de la ville. Une couverture médiatique axée sur les enjeux rendrait les gens bien plus engagés qu’une couverture basée sur une personnalité comme c’est le cas aujourd’hui. »

L’engagement politique dépend beaucoup des régions et des municipalités. Beaucoup préfèrent encore le lien avec les mairies pour discuter des problèmes ou de ce qui leur tient à cœur. D’autres sont en train de migrer vers les technologies en ligne afin de toucher un plus large public.

Dave Meslin. Photo par SFU

Dave Meslin. Photo par SFU

Cependant Dave Meslin et Mario Conseco s’accordent sur un point « Les gens commencent à se lasser des méthodes de communication à l’ancienne. Les villes vont donc devoir se tourner vers les outils en ligne afin de générer de meilleurs résultats et des consultations plus rapides. » Pour le directeur de l’agence de sondage, la clé est d’assurer la représentativité et l’interaction pour que ces lieux d’échanges ne soit pas accaparés par des « évangélistes » : « vous avez besoin de communiquer avec des gens qui sont en désaccord avec vous et de comprendre pourquoi. »

Un mouvement qui semble déjà se mettre en place comme l’assure Robin Prest « les jeunes veulent être impliqués. À l’Université Simon Fraser, nous voyons nombre d’initiatives étudiantes et d’engagements civiques notamment dans les programmes tels que le semestre dans le dialogue. Ce dont les jeunes ont besoin, ce sont les outils pour s’engager et savoir que quelqu’un va prendre en compte leurs observations. »

 

Building a Culture of Participation
29 mai à 19h
SFU Goldcorp Centre for
the Arts at Woodward’s
149 rue West Hastings, Vancouver