Et maintenant…

Photo par Stephen Drygas, Flickr

Photo par Stephen Drygas, Flickr

Que vais-je faire ? Pour commencer me repentir. Voici donc mon mea-culpa : mes pairs, j’ai péché par orgueil. Pour cela je vous présente mes excuses. J’ai été trop présomptueux. Lors de mes dernières chroniques, j’ai eu l’audace de prendre pour acquis la victoire des néo-démocrates. J’ai fait preuve d’arrogance en minimisant la force du sourire clarkesque. J’ai pris mes désirs pour des réalités. J’ai manqué d’humilité et de prudence face aux sondages favorisant Adrian Dix.

Ma suffisance l’a emporté sur le besoin de réflexion. Ma vanité a pris le dessus. Je me sens dessus dessous. Je ne vaux pas un sou. Je viens de passer aux aveux et de me flageller publiquement. Suis-je absous ? Oui ? Merci. Votre générosité est un exemple à suivre. Je vais faire en sorte d’en être digne.

Félicitations donc à Christy Clark et son équipe de stratèges. Ils ont mené une campagne de charme et de salissure d’une précision chirurgicale remarquable. Il fallait le faire et surtout il fallait y croire. Remonter un retard de vingt points dans les sondages pour ensuite écraser son adversaire, en lui faisant perdre des sièges, relève du miracle. Un exemple à suivre. Une leçon de politique pratique qu’envierait Machiavel. Qu’importent les moyens, c’est le résultat qui compte. Difficile de faire mieux. Chapeau.

L’opération « Admirez mon sourire » a fonctionné à merveille, alors que l’opération « Soyons sérieux » a chaviré. Entre l’économie et le changement, la majorité des 52% des électeurs qui se sont prévalus de leur vote, ont choisi le portefeuille. Peut-on leur en vouloir ? Les questions environnementales n’ont pas pesé lourd dans la balance. Il fallait s’y attendre. J’avoue, comme les néo-démocrates, ne pas avoir vu venir le coup. Leçon à tirer de cette élection du 14 mai ? Le dénigrement, la diffamation publicitaire paie à tous les coups et les bons, les puristes, les gentils finissent toujours au bas du podium. Prochaine élection : soyez dur, féroce et méchant. Soyez impitoyable. Rappelez-vous, la meilleure défense, c’est l’attaque. Christy Clark l’a prouvé. S’attacher à ses principes est honorable mais nuisible en politique.

Et maintenant…
Que vont-ils faire nos députés de cette nouvelle assemblée, cuvée 2013 ? Vont-ils se mettre immédiatement à l’ouvrage ou vont-ils prendre des congés afin de savourer leur victoire ? Vont-ils se regarder en chien de faïence ou faire preuve de civilité dans l’hémicycle de l’assemblée législative? Vont-ils tenir leurs promesses ou au contraire les désavouer ? Vont-ils s’occuper sérieusement des affaires de la province ou bien vont-ils s’asseoir tranquillement sur leur derrière et bailler aux corneilles ? Vont-ils être honnêtes ou nous arnaquer royalement comme certains sénateurs à Ottawa? Vont-ils abuser de leur pouvoir ou vont-ils savoir s’en servir à bon escient ? Autant de question que je me pose au sujet de ces heureux élus du 14 mai dernier. L’assemblée législative compte maintenant de nouveaux membres. Certains d’entre eux vont sièger pour la première fois à Victoria. Tous en chœur, à l’unisson, souhaitons leur la bienvenue en leur chantant la fameuse chanson de Jacques Brel : Les députés, c’est comme les bourgeois, plus ça devient vieux plus ça ….vous connaissez la suite.

Et maintenant…
Que va-t-elle faire notre nouvelle ancienne première ministre? Va-t-elle prendre des cours de conduite où on lui fera comprendre que, première ministre ou pas, on ne grille pas les feux rouges ? Va-t-elle cesser de sourire pour un oui ou pour un non, en présence d’une caméra ? Va-t-elle se montrer plus douce, plus accommodante, envers madame Alison Redford, sa collègue albertaine ? Va-t-elle ouvrir les robinets des oléoducs et gazoducs au grand désarroi des écologistes? Va-t-elle arrêter de penser qu’elle travaille pour une station de radio dès qu’elle voit un micro ?

Va-t-elle finir d’utiliser son fils dans ses opérations de relations publiques ? Va-t-elle réussir à se faire élire dans une circonscription taillée pour elle ? Madame n’a pas fini de nous surprendre. « On ne s’ennuie jamais en politique en Colombie-Britannique » a commenté Adrian Dix dans son discours le soir de sa défaite. Nous sommes bien d’accord.

Et maintenant…
Que va-t-il faire notre, de nouveau, chef de l’opposition ? Va-t-il abdiquer et remettre sa démission ? Ce serait dommage. Il n’a pas la carrure d’un chef de parti, mais il a déjà démontré à Victoria ses compétences en tant que député. Qu’il laisse les rênes du parti à quelqu’un d’autre, tout en conservant son siège à l’assemblée, me paraît la meilleure solution dans l’immédiat. Va-t-il prendre des cours de charisme pour pouvoir enfin séduire ? Va-t-il au contraire se contenter d’être fidèle à lui-même sans faire de compromis? Va-t-il oublier ce qui lui est arrivé ? Va-t-il, en cas de démission, demander à Jim Pattison de l’embaucher ? Va-t-il redevenir chroniqueur au journal La Source ? S’il le faut, comme pour une circonscription, je lui cèderai volontiers ma place, car, plus que moi, il l’aura méritée.

Et maintenant…
Qu’allez-vous faire, vous, en attendant l’élection de 2017 ?