Lettre et conseils à mon filleul parti, pour l’été, en colonie de vacances.
Cher filleul,
Si en avril on te recommande de ne pas te découvrir d’un fil et qu’en mai on te suggère de faire ce qu’il te plaît, en août, j’espère que tu m’écoutes, je t’invite, tout comme moi, à faire appel au doute.
Pour commencer, je doute qu’au mois d’août nous battions le record de journées sans pluie du mois de juillet. En août, donc, doute de tout. Doute de ce que la météo te raconte. Attend de voir pour y croire. Un nuage peut en cacher un autre. Un orage t’attend peut-être au tournant. Le soleil, contrairement à ce que les savants météorologues avaient prévu, peut, soudainement, sur un coup de tête, sans prévenir, décider de faire sa valise. Les prévisions météorologiques, comme tu devrais le savoir, ne sont pas, dois-je te le préciser, science exacte et précise. Prend les avec un grain de sel.
Fais de même avec les infos. Quand Justin Trudeau annonce, lors de son passage à Vancouver qu’il est en faveur de légaliser la marijuana, calme ton enthousiasme. Sous le soleil, qui tapait fort en juillet, il s’est peut-être enflammé, ce qu’il risque de regretter plus tard. Ne sois pas naïf. Comprend bien que sa position n’est que politique. Il cherche avant tout à se démarquer du conservatisme harpérien. Et, du même coup, à couper l’herbe (c’est le cas de le dire) sous les pieds de Thomas Mulcair. Il espère ainsi obtenir les voix des jeunes générations lors des prochaines élections. Si les sondages ne lui sont pas favorables, suite à sa prise de position, il a encore le temps de faire volte-face et d’aller fumer, tout seul dans son coin, un joint ou un pétard bien carabiné.
Donc, cher filleul n’avale pas tout ce que l’on te dit. Ne prend rien pour acquis. Ne te laisse pas embobiner si facilement. Comme je te le disais plus haut : doute de tout.
En cette période foisonnante d’épreuves sportives, ne crois pas les athlètes lorsqu’ils prétendent ne pas se doper. Les places d’honneur ne sont, généralement, pas réservées aux athlètes vaillants sans peur et sans reproche. Souviens-toi : « Vaincre sans péril (d’être pris) c’est vaincre sans gloire. »
Parlant d’honneur, que penses-tu de la photo de Poutine avec son gros brochet? Impressionnant, non? Là, encore, nous nous sommes faits avoir. Le poisson n’est pas aussi gros que ça. Monsieur macho Poutine s’est trompé de mois. C’est le 1er avril qu’il aurait dû montrer sa prise. Ah ! si tu savais le nombre de couleuvres que l’on essaie de nous faire avaler chaque jour.
J’ai d’ailleurs bien failli avaler celle que le Pape François nous a présentée sur un plateau lors de son passage à Rio. Comme il faisait preuve d’indulgence à l’égard de l’homosexualité, je me suis dit : « Tiens voilà un sacré bon pape. Des comme lui on n’en fait plus ». Mais plouf, dans la foulée, il annonce que l’Église n’est pas prête d’ordonner des femmes prêtres. Le charmant Saint-Père t’ouvre grand la porte pour t’inviter à la messe et, alors que tu succombais à son charme, sans te prévenir, d’un seul coup, le voilà qui te la claque au nez. Dommage je commençais à l’aimer ce pontife. Il faudra donc attendre le prochain que je tâcherai d’aimer comme moi-même.
Eh, oui! Plus que jamais, en ce début du mois d’août, je doute. Je te le répète, je doute de tout. Je doute des bonnes intentions des
militaires en Égypte qui tirent sur la foule pour rétablir l’ordre, de la même façon que je doutais de la façon de gouverner de Mohamed Morsi et de son parti. Je doute que la démocratie puisse, prochainement, voir le jour au Moyen-Orient. Je doute que Palestiniens et Israéliens arrivent à un accord et réussissent à s’entendre dans les années qui viennent. Je doute que les multiples efforts de John Kerry, le secrétaire d’État des États-Unis, aboutissent à une entente. Ne travaille-t-il pas plus pour la forme que pour le fond? Ce conflit est un puits sans fond. Je m’y perds. Chacun tente de sauver les apparences. Ne t’y laisse pas prendre. Prend tes distances.
Les médias, soi-disant, sont là pour t’informer. N’oublie pas qu’ils sont aussi là pour vendre leur salade et surtout celle de leur propriétaire et commanditaire. Fais donc preuve de discernement. Pour cela, il est primordial de revenir à la source. La Source, le journal sur lequel tu peux compter et te fier. (Cette petite page publicitaire subliminale t’était offerte grâcieusement par les produits dérivés du mois d’août). À bientôt… sans doute.
Ton parrain taquin.