Apriori, la Savoie et la Colombie-Britannique n’ont pas grand-chose en commun. Un lien les rapproche pourtant : la famille Guichon. Originaire de France, voilà au moins un patronyme qui aura réussi à se faire un nom localement, à commencer par celui porté par l’Honorable Judith […], la nouvelle lieutenante-Gouverneure de Colombie Britannique. Attendue pour assister à une conférence qui se tiendra le 27 septembre à SFU, l’invitée d’honneur devrait pouvoir en profiter pour remonter l’arbre généalogique de Lawrence Guichon, son premier époux.
Une Histoire de famille
Organisé par la Société Historique Francophone de la Colombie-Britannique, le colloque Ranchers and Governors : Forgotten Francophones in BC History, reviendra en effet sur la fin du XIXème siècle et le rôle joué par les francophones et la famille Guichon dans l’industrie du bétail dans la province. « Nous organisons des colloques sur l’Histoire francophone une fois tous les deux ans », rappelle Maurice Guibord, Président de la Société. « Quand Judith Guichon a été nommée en novembre dernier Lieutenante-Gouverneure de la Colombie-Britannique, l’opportunité de faire un sujet qui mêlait l’Histoire francophone à celle de sa famille s’est présentée. »
Partis de Savoie il y a deux siècles, les frères Guichon se sont tout d’abord installés près de San Francisco, à l’époque de la ruée vers l’or, avant de s’établir en Colombie-Britannique pour prospérer dans l’élevage du bétail dès la fin des années 1860. « Dans ces années, environ 600 Français ont quitté San Francisco pour venir en Colombie-Britannique en quête de nouvelles ressources. Certains ont alors commencé à réussir dans le domaine des ranchs, ce qui est assez surprenant dans l’imaginaire collectif où l’on associe davantage cette activité aux anglophones. Joseph Guichon possédait d’ailleurs l’un des ranchs les importants de tout l’Empire britannique dans l’intérieur des terres », commente Maurice Guibord.
Très puissants dans la province, les ranchers profitaient parfois de leur influence pour tenter d’obtenir des postes en politique, ce qu’auraient visiblement refusé les Guichon, comme le confie Jean Barman, l’une des intervenantes : « Ils ont réussi car ils étaient avant tout déterminés et pas impliqués dans le domaine politique. » Clin d’œil de l’Histoire, c’est désormais l’une des leurs qui se retrouve en tête d’affiche, même si son influence dans le ranch s’est longtemps fait sentir. Née à Montréal, l’Honorable Judith Guichon a ainsi possédé le Gérard Guichon Ranch, dans la Nicola Valley, avant de laisser la gestion à ses enfants.
Une conférence an anglais
Gratuit et ouvert à tous, le colloque aura la particularité d’être en anglais. Une première pour La Société Historique Francophone. « Il s’agit d’un choix », explique Maurice Guibord. « Beaucoup de membres de la famille Guichon sont désormais anglophones. L’utilisation de l’anglais doit aussi nous permettre de nous ouvrir à un public plus large afin de faire connaître l’histoire des francophones de Colombie-Britannique au plus grand nombre. Nous n’avons de plus pas beaucoup d’historiens francophones dans la province. Le choix des deux intervenants, Jean Barman et Jack Little apparaît donc logique, surtout qu’il s’agit de deux personnes très compétentes dans le domaine. » Bilingue et professeur d’Histoire à SFU depuis 1976, Jack Little a en effet publié de nombreux articles sur l’histoire de la Colombie-Britannique. Quant à Jean Barman, professeur à UBC, elle sortira l’an prochain un ouvrage sur l’histoire des ranchs en Colombie-Britannique. « Je suis née dans le Minnesota mais je suis arrivée en Colombie-Britannique en 1971 », confie l’auteure de The West Beyond the West: A History of British Columbia, considéré comme l’une des références sur l’histoire de la province. « Russes, Allemands, Français…il est intéressant de noter à quel point la Colombie-Britannique a été influencée par des communautés autres que celle uniquement suggérée par son nom», conclut-elle.
Ranchers and Governors : Forgotten Francophones in BC History
Simon Fraser University, Harbour Centre, 515 Hastings O/W
Théâtre Fletcher Challenge
27 septembre de 10h à 12h
Entrée gratuite