Connues pour leurs légendes, les coutumes celtes attisent curiosité et mysticisme. L’apport de ses ancêtres a donné naissance à une culture qui a survécu aux siècles de civilisation et de modernisme et continue de nourrir une imagination féconde. La célébration du Samhain, le 27 octobre prochain invite à une plongée au cœur de la celtitude.
Les assises anglo-saxonnes
Si Halloween suscite autant de ferveur en Amérique du Nord, n’oublions pas qu’il puise ses racines dans la culture celte, rappelle Mary Monks Hatch, installée à Vancouver depuis 22 ans. « En Irlande, à défaut des citrouilles, on sculptait les navets pour les transformer en lanternes. » Au fil du temps, le côté mystique s’est éclipsé et a fait place au caractère pieux de l’évènement, se focalisant sur la Toussaint et remémorant les ancêtres le dernier jour du mois d’octobre.
On compte plus de 100 000 ressortissants celtes rien qu’en Colombie-Britannique, communauté francophone exclue.
Mary Monks Hatch lance : « Nous attachons beaucoup d’importance à la fête de Noël qui s’étend, comme le veut la tradition, jusqu’au début du Nouvel An. Le 6 janvier est aussi un jour que les femmes irlandaises célèbrent avec beaucoup de ferveur. Elles délaissent tabliers et fourneaux et trinquent en se félicitant d’avoir offert à leurs familles une joyeuse fête de Noël. Pendant ce temps, ce sont les hommes qui s’occupent du foyer. »
Mary Monks Hatch œuvre au sein de la Chambre de commerce irlandaise depuis plus de 20 ans. Elle reconnaît la participation active de la communauté celte sur le plan social et culturel dans la province. La publication d’un journal régional, le Celtic Connection, sert à maintenir le lien au sein de cette communauté. Certaines boutiques, à l’instar de Celtic Creations, gérée par une irlandaise, Helen Ritchie, abondent de produits du terroir celte. Et c’est notamment lors de la célébration du nouvel an écossais, Hogmanay, que l’amitié avec leurs voisins s’épanouit.
La culture celte englobe aussi la fête de la Saint-Patrick célébrée autour de l’équinoxe du printemps. Des évènements musicaux et festifs animent alors le quartier de Granville. « La tendance veut que les compatriotes se rapprochent davantage de leur culture en terre étrangère », livre Mary Hatch. La musique en fait partie !
Coutumes et traditions bretonnes
Tandis qu’une confrérie anime la communauté anglophone celte, la communauté bretonne, plus restreinte, évolue à l’écart, loin des regards… Originaire de Bretagne, Nathalie Galin est gérante d’une crêperie de sa région. C’est sa grand-mère qui lui a appris à faire les crêpes dans la pure tradition bretonne. Sa mère, Marie, âgée de 76 ans, évoque avec nostalgie les coutumes perdues au fil du temps. Elle se souvient de son origine paysanne et lance d’une voix emplie de souvenirs : « je me rappelle encore des bals et des veillées en hiver chez les voisins où l’on dansait et chantait, la semaine précédant Noël et celle la succédant. »
Angélique Nonorgue, jeune bretonne installée à Vancouver, retrouve quant à elle la culture du pays autour des saveurs de sa région que ses proches lui envoient de temps en temps, et qu’elle partage avec quelques compatriotes.
Si cette culture reste méconnue ici, en Bretagne les traditions sont fidèlement maintenues, au travers notamment du Fest-Noz, fameux évènement breton et du non moins célèbre gâteau breton, le Kouign Amann.
Toutefois, la langue gaélique semble renaître de ses cendres. Le fleurissement des écoles au Canada comme les cours privés à Vancouver atteste d’un vif intérêt pour cette langue, sur lequel le Irish News Broadcast met d’ailleurs l’accent. Marie Galin et Mary Hatch s’enthousiasment.
Au-delà du voile du mystère
L’histoire veut que le Samhain (prononcé [sow-in]) ou Halloween soit le Nouvel An des sorcières. Rien à voir cependant avec les sulfureuses sorcières de la série télévisée Charmed ou les prouesses d’Harry Potter. Il s’agit d’un moment solennel, où, en toute simplicité, les sorcières rendent hommage à la déesse de la terre. La légende raconte que la nuit du Samhain, le voile qui sépare le monde des vivants et celui des morts s’amenuise. Les ancêtres se retrouvent alors du côté du monde terrestre et la danse du spiral exécutée pour l’occasion leur confère un pouvoir magique.
Au milieu de l’euphorie d’Halloween, en plein centre-ville, le petit cercle de sorciers va s’adonner cette année encore à perpétuer la coutume, celle de protéger la terre nourricière et de l’entourer d’un cercle de paix.
Jeune initiée sorcière, Hestia (qui signifie déesse grecque du cœur), ouvre la porte du mystère : « contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas du spectacle visuel… C’est un travail intérieur. Tout se trouve au niveau des sentiments. Nos regroupements consistent à amplifier l’énergie. Et nous la dirigeons vers sa source : la terre, comme les feuilles d’automne qui l’épousent pour la nourrir. Nous créons un espace sacré, entrons en communion avec l’univers afin d’y dégager des ondes positives. »
Comme disait Richard Wagner, célèbre compositeur et philosophe allemand, la joie n’est pas dans les choses, elle est en nous !