Le Vancouver Jewish Film Festival mise sur la qualité pour ses 25 ans

Deux figurines antisémites du film Les Juifs et l'argent. | Photo de Filmoption International

Deux figurines antisémites du film Les Juifs et l’argent. | Photo de Filmoption International

Moins de films, dit autrement, la qualité sur la quantité : c’est le pari audacieux que le Vancouver Jewish Film Festival (VJFF) fait en 2013 pour fêter ses 25 ans d’existence.

Du 7 au 14 novembre, une série de documentaires et de films canadiens méticuleusement sélectionnés sont présentés cette année au cinéma Cineplex 5ème avenue. « Nous avons perdu beaucoup de sièges », affirme Robert Albanese, le directeur exécutif et artistique du VJFF. Le festival a été contraint de changer d’emplacement suite à la fermeture du Ridge.

« Passer du Ridge à la 5ème avenue est certainement un coup dur. Cineplex dispose de moins de salles et de sièges, » ajoute Robert Albanese, qui n’est autre que l’ancien directeur de la projection du Vancouver International Film Festival.

Robert Albanese, directeur artistique du VJFF. | Photo par Anne-Laurence Godefroy

Robert Albanese, directeur artistique du VJFF. | Photo par Anne-Laurence Godefroy

Mais à ses yeux, cela n’est pas une mauvaise chose. « Parfois, quand vous sélectionnez un grand nombre de films, la quantité prime sur la qualité », affirme le francophone qui confie avoir un faible pour les films juifs français. « Nous sommes désormais plus sélectifs. C’est un choix que j’ai fait quand j’ai pris les commandes il y a trois ans. […] La qualité des films est extrêmement élevée depuis ces deux dernières années. »

D’ailleurs, en 2013, nombreux sont les films récipiendaires de prix internationaux prestigieux, et sont présentés pour la première fois au Canada à l’occasion de ce festival.

Au programme, des documentaires canadiens d’envergure ouvrant une porte sur la réflexion, l’humour, mais aussi le drame.

Les Juifs et l’argent de Lewis Cohen

Le réalisateur montréalais, lauréat du Emmy Award, Lewis Cohen, s’interroge sur le stéréotype selon lequel tout juif est indubitablement fortuné dans son documentaire intitulé Les Juifs et l’argent.

Il retrace un fait divers arrivé en 2006, à Paris. Youssouf Fofana enlève Ilan Halimi et exige une rançon de 500 000 euros, sous prétexte que ce dernier est juif, donc riche. Or, le jeune homme de 23 ans vient d’une famille modeste. Séquestré pendant plus de trois semaines, il est torturé et battu à mort. Fofana et ses complices sont arrêtés et subissent, en 2009, deux procès qui ont déchaîné les chroniques en France. Dans ce documentaire poignant, en français sous-titré, Lewis Cohen tente de comprendre ce séisme qui a secoué l’opinion française.

Au-delà de l’horreur des faits, il affirme avoir un intérêt pour le phénomène de banlieue en France. L’aspect sociologique du problème de disparité des richesses le fascine, mais aussi l’énergie qui se trouve chez les jeunes des cités. « Ça vibre, c’est le futur ! »

Il affirme que tourner ce documentaire fut un travail dangereux, et de longue haleine. « Évidemment, quand j’arrivais dans les cités, je ne déclarais pas de but en blanc que j’étais juif ! »

When Jews Were Funny d’Alan Zweig

When Jews Were Funny, un documentaire d’Alan Zweig se penche sur l’humour juif des États-Unis depuis les années 1950. Présenté au grand public pour la première fois au Canada, ce documentaire récipiendaire du prix Best Canadian Feature au Festival international du film de Toronto en 2013 analyse l’impact de l’humour juif sur celui du pays tout entier.

« Vous savez, l’humour d’Amérique c’est les clowns. L’humour juif consiste à se plaindre ! », affirme le sexagénaire. Alan Zweig interviewe de manière singulière un nombre de comédiens juifs connus, tels que Jackie Mason ou Bob Einstein (alias Super Dave.)

Alan Zweig, grand gagnant du prix Genie Award en 2009 affirme qu’il a souhaité en savoir plus sur sa culture : « Toute ma vie, je n’ai rien fait pour me rapprocher de ma culture juive. Ce qui me manquait, c’était l’humour juif. »

The Real Inglorious Bastards de Min Sook Lee

Dans son dernier documentaire The Real Inglorious Bastards, gagnant du Golden Sheaf Award, la réalisatrice Canadienne Min Sook Lee raconte l’histoire vraie de deux personnes juives accompagnées d’un déserteur autrichien de la Wehrmacht contre-attaquant des nazis pendant la Seconde guerre mondiale. Malgré la difficulté de la tâche, ils risquèrent leurs vies. « On nous avait prévenu des chances fines de survie, mais on voulait quand-même le faire. Aucun d’entre-nous ne se dégonfla », déclare Fred Mayer, l’un des survivants. Basé sur des récits racontés à la première personne, des reconstitutions et des images d’archives, ce documentaire est une version plus réaliste que celle de Quentin Tarantino dans son film Inglorious Bastards.

Avec des documentaires exclusifs et moins de sièges que l’année dernière, tout porte à croire qu’il faut réserver ses billets en avance. D’ailleurs, Robert Albanese affirme que la vente à l’avance des tickets a démarré sur des chapeaux de roues. « Il y a moins de places cette année, mais ça ne me dérangerait pas de remplir quelques salles ! C’est toujours bon pour la réputation du festival ! »

Les Juifs et l’argent de Lewis Cohen
Mercredi 13 novembre à 18h45
Fifth Avenue Cinema
Projection en présence du réalisateur

When Jews Were Funny d’Alan Zweig
Dimanche 10 novembre à 12h30
Fifth Avenue Cinema
Projection en présence du réalisateur

The Real Inglorious Bastards de Min Sook Lee
Dimanche 10 novembre à 14h30
Fifth Avenue Cinema
Projection en présence du réalisateur

Agenda

Le Coastal City Ballet et Wen Wei Wang au Centennial Theatre
Samedi 9 novembre à 19h30
Centennial Theatre
2300 Lonsdale Ave, North Vancouver

Le chorégraphe sino-canadien Wen Wei Wang et le brésilien Renata Pacheco donnent une représentation avec le Coastal City Ballet pour une soirée de danse et de créativité au Centennial Theatre.

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Searching for Land : Travail de Jenny Heishman et Kitsum Cheng

Exposition du 8 au 22 novembre et vernissage le vendredi
8 novembre de 19h à 23h
Dynamo Arts Association
#103 – 30 E 6th Ave, Vancouver

L’artiste-sculpteuse américaine Jenny Heishman (Seattle, WA) et la Hongkongaise Kitsum Cheng (Frankfurt, Allemagne) présentent leur première exposition reconstituant leurs correspondances. Une réflexion sur leur art et la confrontation entre leurs techniques sont au cœur du programme.