Conscience écologique ou le plaisir de conduire ?

C’était à la fin mars, la tenue du Salon de l’Auto de Vancouver, ce qui nous a donné une occasion idéale de faire le point sur deux véhicules urbains. Mais d’abord, ce qui ne cesse d’étonner d’une année à l’autre, c’est que lors de la présentation des nouveaux modèles, réservée à la presse spécialisée, la majorité des constructeurs rivalisent d’hyperboles pour ce qui est de leurs nouveaux records de vente et du nombre des nouveaux modèles qu’ils mettront sur le marché en 2014.

Cette année, BMW et Kia présentaient respectivement leurs nouveaux VUS entièrement électriques, le i3 et le Soul EV. On voit donc que la majorité des constructeurs automobiles continuent d’offrir de nouveaux véhicules entièrement électriques, en plus de nombreux modèles hybrides (essence et électrique).

Mais au juste, comment se compare l’usage d’un véhicule électrique rechargeable, dans un milieu urbain comme celui de Vancouver, à un véhicule conventionnel ? Une seule façon de le savoir, conduire en succession une Ford Focus EV, entièrement électrique, et une toute nouvelle Mini Cooper, à motorisation conventionnelle. L’expérience commence avec la Ford. D’abord il s’agit de vérifier le niveau de charge de la batterie, qui se traduit par le kilométrage disponible pouvant être parcouru avant que la batterie soit à plat. Le petit écran sur le tableau de bord est facile à lire. En moyenne, une Ford Focus EV peut parcourir près de 120 kilomètres sur une pleine charge, en conduite normale et dans des conditions idéales. Donc attention ! Plus le pied est lourd sur l’accélérateur, plus la réserve s’épuise rapidement. C’est le même principe qu’avec un moteur à essence : pied lourd = augmentation de la consommation.

La Ford Focus EV (à gauche) vs la Mini Cooper (à droit). | Photo par Michael Sheehan (à gauche) et Uncrate (à droite)

La Ford Focus EV (à gauche) vs la Mini Cooper (à droit). | Photo par Michael Sheehan (à gauche) et Uncrate (à droite)

Ce qui frappe dès que l’on enfonce le bouton de démarrage, c’est le silence. Pas de bruit de moteur qui tourne, seul un petit avertisseur sonore qui vous indique que tout fonctionne. Vous engagez la transmission, rapport unique, et puis ça y est, vous roulez confortablement et en silence, avec tous les conforts auxquels les automobilistes d’aujourd’hui sont habitués; climatisation, chaîne audio, glaces électriques, caméra de marche arrière, etc.

En fait on s’habitue rapidement et facilement à cette voiture, puisqu’elle se conduit comme tout autre véhicule, sauf que tout se passe en silence. Les reprises sont énergiques, la direction est souple, le freinage est sans hésitation et le confort est sans reproche. Prix de l’ensemble? Plus de 36 000$. Sans les taxes et sans le poste de recharge optionnel… Alors, si cette voiture se comporte comme une autre voiture conventionnelle, pourquoi la choisir à ce prix?

La réponse vient en plusieurs volets : finis les pleins d’essence, les mises au point, les vidanges d’huile, les travaux mécaniques majeurs (embrayage, courroie d’entraînement, pompe à eau, radiateur, pompe à essence, etc.). À la place, un moteur électrique, un banc de batteries, un câble et un pistolet de recharge qui, en une nuit, refait le plein. Il s’agit tout simplement de brancher la fiche dans une prise de courant standard de 110 volts. Si vous voulez le faire en trois heures, il vous faudra le poste de recharge de 240 volts, qui coûte à peu près 2 500$. Mais n’oubliez pas : finis les pleins d’essence et les travaux d’entretien mécanique. Malheureusement le programme de remise du gouvernement provincial est terminé… depuis le 31 mars de cette année. Il vous aurait fait économiser 5 000$ à l’achat du véhicule et 500$ pour la borne de recharge. Toutefois, étant donné le rayon d’autonomie disponible, une voiture électrique est idéale comme voiture de ville, ou pour faire l’aller-retour de la proche banlieue au centre ville, ou comme deuxième véhicule… Mais un weekend de ski à Whistler est hors de portée !

Au volant de la Cooper, le silence fait place au plaisir de conduire. La Cooper n’est pas un véhicule de bas de gamme, alors selon les équipements en option, le prix peut grimper rapidement, comptez au moins 25 000$ sans les taxes… plus bien sûr, l’essence et l’entretien. Mais attention ! La Cooper pourrait bien
vous faire oublier votre conscience écologique, encore qu’elle consomme peu et fonctionne
brillamment.

La nouvelle Cooper est équipée d’un moteur turbocompressé de 1,5 litres de trois cylindres. Oui, vous avez bien lu, trois cylindres, développant 134 chevaux, soit l’équivalent de la Ford électrique mais avec 500 kg en moins, et une transmission mécanique ou automatique à six rapports. L’ensemble est très performant et vous fera sourire de toutes vos dents à chaque fois que vous en prendrez le volant… en route vers Whistler.

En fait c’est le même sourire que les conducteurs de Ford Focus EV auront aux lèvres à chaque fois qu’ils passeront devant une station service sans devoir s’y arrêter pour faire le plein et vérifier l’huile.

Conscience écologique ou plaisir de conduire ?