Les mots dans tous leurs états avec l’exposition « Headlines and Last Lines in the Movies »

Stefan Brüggermann exprime un besoin de communication, d’interrogation sur l’essence du réel.

Stefan Brüggermann exprime un besoin de communication, d’interrogation sur l’essence du réel.

Lors de son exposition Headlines and Last Lines in the Movies à la Contemporary Art Gallery de Vancouver, le jeune artiste Stefan Brüggermann offre à ses visiteurs une immersion étonnante au sein d’un monde expérimental où le langage est déchiré et étiré dans tous les sens possibles. Cet art original qualifié de décoration conceptuelle use de supports variés tels que des peintures, des textes, des bandes-son, et même des jeux de lumière générés par des néons.

Né en 1975 dans la ville de Mexico, Brüggermann vit et travaille entre Mexico et Londres. Son talent est très vite reconnu, ce qui lui vaut des expositions permanentes dans son Mexique natal mais également en France, en Belgique, en Grèce, et dans plusieurs villes des États-Unis. Il expose pour la première fois ses travaux en solo à Berlin en 1994 alors qu’il n’a que dix-neuf ans, et, depuis ce jour, pas moins d’une cinquantaine de ses travaux indépendants ont été mis à l’honneur dans les galeries d’une dizaine de pays. Son art se range dans les catégories de conceptuel et de pop, à la lumière d’une réunion qui paraît a priori impossible mais que Brüggermann parvient à concilier avec brio.

Des mots à tort et à travers

L’art au sens large, sous ses différentes formes, existe pour donner du sens au réel, décortiquer nos sensations, les objets qui nous entourent, notre propre vie. Si cet art est bel et bien un partage ayant pour vocation de créer de la réflexion, qu’est-ce que l’art sinon une forme de langage venant suppléer le langage lui-même, ou encore lui faisant concurrence ?

Ces considérations rappellent le poème de Bernard Werber qui, pour le coup, s’avère très éloquent : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer, mais essayons quand même. » À ce moment précis interviennent des démarches remarquables telles que celles de Brüggermann qui interrogent d’une manière inédite le langage, les mots, ce qu’ils veulent dire et comment ils le disent.

Mettre sur le même plan le réel et le fictif

L'artiste Stefan Brüggermann. Photo par Jean-Luc Muolene

L’artiste Stefan Brüggermann. Photo par Jean-Luc Muolene

À l’occasion de cette exposition, les murs de la Contemporary Art Gallery ont été transformés et recouverts de panneaux de bois, rappelant la façade d’un site de construction. Sur ces panneaux, Brüggermann est venu inscrire à la main des bribes de phrases issues de grands titres de journaux et de répliques de films. De cette manière, il rend les mots vivants en juxtaposant la réalité des faits divers avec la fiction du septième art. Ce mélange ontologique fait ressortir une urgence dans l’expression, un besoin de communication, d’interrogation sur l’essence du réel. Il travaille sur un problème complexe en détournant des formes de communication possédant déjà en elles-mêmes des fonctions propres et définies. En effet, une bonne headline doit, en quelques mots, nous faire appréhender le contenu d’un article tandis qu’une last line dans un film vient subsumer une intrigue passée et en assumer la conclusion. La mise sur un plan commun de ces deux « fonctionnalités » inonde le sujet par un flot d’informations tout en rendant absurdes lesdites informations, donnant à ces travaux une intensité qui ne fait pas l’économie d’une certaine opacité. Ainsi, vous pourrez voir au musée des informations de la vie courante (par exemple, « plus d’un million sept cent mille personnes attendent une assistance médicale ») ou côtoyer les répliques de films cultes (« je vivrai le reste de ma vie comme un imbécile » des Affranchis de Martin Scorsese).

C’est de cette manière que les critiques ont pu dire des recherches de Brüggermann qu’elles étaient à la fois « ironiques, séduisantes et sérieuses ». Les mots inscrits de manière anarchique par la main de l’artiste ne sont pas sans rappeler les protestations politiques face aux problèmes de société.

À l’occasion de l’exposition Headlines and Last Lines in the Movies sera également proposé à la vente pour 25 $ l’ouvrage du même nom en tirage limité. Cette publication contiendra une introduction rédigée par Enrique Giner de los Rios et un essai intitulé Beginning of Writing de Glenn O’Brian. Les exemplaires seront numérotés et signés de la main de Brügermann.

Exposition Headlines and
Last Lines in the Movies

de Stefan Brüggermann
Du 13 juin au 7 septembre
Ouverture du mardi au
dimanche de 12h à 18h
Contemporary Art Gallery
555 rue Nelson, Vancouver
Admission gratuite

Agenda

Conférence : The Gallipoli Campaign 1915–1916

Le jeudi 26 juin à 18h30

À l’auditorium de
l’Alliance Française
6161 rue Cambie
www.alliancefrancaise.ca

À l’occasion du centenaire de la Première guerre mondiale, Michael Huenefeld proposera une conférence sur les rôles de la France et du Canada lors de cette guerre. La conférence se concentrera sur la campagne de Gallipoli (aussi appelée bataille des Dardanelles) et sa stratégie. Inscription sur library@alliancefrancaise.ca

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VIVA Granville – Vancouver Busker Fest

Le samedi 28 juin de 11h à 22h
Entre 600 et 800 rue Granville
www.vancouverbuskerfest.com

Venez voir des artistes de rue internationaux, nationaux et locaux joindre leurs forces pour offrir des moments de bonheur lors de ce troisième festival annuel.

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Indian Summer Festival

Bollywood Grooves au Indian Summer Fest. Photo de Indian Summer Fest

Bollywood Grooves au Indian Summer Fest. Photo de Indian Summer Fest

Du 3 au 12 juillet
À
Simon Fraser University’s Goldcorp Centre for the Arts
149 W. Hastings, Vancouver
www.indiansummerfestival.ca

Ce festival a été mis en place pour promouvoir l’art d’origine sud-asiatique que ce dernier soit culinaire, visuel, littéraire ou encore populaire. Tarifs de 15 $ à 350 $ en fonction des événements.