Je somnole souvent dans les transports en commun. Quand je dis souvent, je sous-entends : tout le temps. Jusqu’ici, quotidien plutôt anodin… Mais un soir, un peu pensive, j’ai observé les voyageurs. Et, un peu interrogative, je regardais… les bouquineurs, les salariés, les étudiants, et tous les autres passagers. Combien d’origines différentes y avait-il ? Question pas si facile…Mais outre les mathématiques, c’était une question plutôt magique… Ils sont bien là, autour de moi, les Vancouvérois.
Vancouver est connu pour la diversité de ses paysages : ses montagnes, ses plages et ses édifices, quel joli assemblage ! Mais saviez-vous que cette même diversité était présente au sein des habitants de cette cité ? Là où les différences sont des partages. Là où les mélanges sont tournés à leurs avantages. Là où l’on croise différents visages. Là où l’on entend toutes sortes de langages. L’Asie n’est pas si loin, on peut même croiser des Philippins. Plus rares sont les Européens, et nombreux sont les Américains. On peut quasiment faire le tour du monde, dans le centre-ville, en quelques secondes. J’ai pourtant appris que le racisme y avait été bien présent. Comment y croire avec ce que je vois maintenant ?
Habituellement, je n’aime pas particulièrement le sport. Mais finalement tout dépend du décor. Vivre la coupe du monde de football à Vancouver, c’est rencontrer toutes sortes de supporters. Les bars sont bondés de toutes les nations, fières de leurs pays mais sans réelle rivalité. On rencontre, on partage, on rigole, on encourage. La rue devient un arc-en-ciel pour cet évènement occasionnel: drapeaux et maquillages de toutes les couleurs, égayent le cœur de la ville et à toutes les heures. L’anglais n’est pas leur langue maternelle, mais sans lui ce serait original ! Sans lui ce serait d’un ennui d’essayer de communiquer sans bruit ! Le mélange des cultures, des traditions, des habitudes, et des distinctions. Un enfant comparerait cela à une ratatouille, dans laquelle gargouillent, les plus beaux légumes sans aucune amertume. En effet, les immigrants sont en majorité, et sont si bien intégrés. Très belle leçon d’humanité !
« Thank you ! » clament les Canadiens en sortant du bus. Facile à dire, c’est un usage courant, respectueux et courtois et pourtant si rare chez moi. Cette coutume canadienne serait étonnante dans ma vie quotidienne. A Paris, on injurie et on râle dans le métro, on vit son métro boulot dodo. A Vancouver, on remercie et on sourit, on oublie un peu le chagrin du temps gris. Il m’a suffi d’une phrase pour perce-
voir où je suis réellement arrivée et constater que j’entame gentiment mes quatre mois de dépaysement. La sympathie des Canadiens m’a fait le plus grand bien. Je me suis sentie si bien accueillie, avant même de me faire des amis.
« How are you ? » peut vous être adressé dans la rue par un inconnu. Finalement j’oublie un peu ma méfiance. J’apprécie cette bonne ambiance. Et je prends conscience de cette omniprésence de tolérance. Je préfère apprécier, plutôt que comparer. Je veux rencontrer, donner et partager. Les gens sont très avenants, et c’est plaisant. Ce n’est pas dérangeant, c’est même encourageant. La solitude n’a pas sa place, il suffit d’un peu d’audace. Et notre personnalité d’un coup fait surface. Il n’y a pas de raison de se remettre en question, simplement de se nourrir de ces nouvelles relations. Les rencontres sont enrichissantes, et plus elles sont abondantes, plus il suffit donc peut être de partir, pour se découvrir. On en apprend sur soi, grâce à ces Vancouvérois.