Jean Riou, pionnier de la francophonie associative en C.-B.

Un des pères de la francophonie  en C.-B. | Photo de Jean Riou

Un des pères de la francophonie
en C.-B. | Photo de Jean Riou

La rubrique Espace francophone s’intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine, nous rencontrons Jean Riou, ancien directeur général de la Fédération des Canadiens français de Colombie-Britannique, fondateur du Centre culturel francophone de Vancouver, et co-fondateur de l’ancien journal francophone le Soleil de la Colombie-Britannique. Beaucoup de titres, et pourtant ce ne sont que quelques-unes des fonctions qu’il a occupées depuis son arrivée à Vancouver en 1964. Il explique : « Quand j’ai quitté la France pour émigrer au Canada, rien ne me m’indiquait l’existence d’une communauté francophone ici. C’est seulement en 1967 qu’une radio francophone est apparue et que, petit à petit, on a eu de plus en plus d’informations traitant des francophones de Colombie-Britannique, plus seulement du Québec. A partir de là, tout était à faire, toutes les associations et structures étaient à créer ».

Si, depuis le milieu des années 60, beaucoup a été fait pour la communauté francophone, beaucoup reste encore à faire selon Jean Riou : « Le Canada a deux langues officielles, pourtant, nous sommes complètement ignorés, notamment au niveau politique. Lorsque j’étais directeur général de la Fédération des Canadiens français de Colombie-Britannique, il a fallu que je me batte pour que nous ayons Radio-Canada, en rencontrant des ministres notamment. Depuis mon départ en 1981, ces liens avec le monde politique sont inexistants… Il faut que les leaders francophones soient visibles, et ce n’est aujourd’hui pas le cas », déplore-t-il. C’est par les médias que ceux-ci devraient se manifester pour se faire connaître davantage. Jean Riou explique que lorsqu’il était directeur général de la Fédération, il enchaînait les plateaux télé et studios radio afin de porter la voix des francophones.

Cette présence des francophones au niveau politique est pourtant indispensable selon lui, et leur simplifierait la vie, « comme passer le permis de conduire ou compléter les documents administratifs en français », détaille-t-il. « Mais c’est l’instinct de la minorité que de se faire discrète dans la majorité », déplore le septuagénaire. Il rappelle pourtant que jusqu’à la fin du XIXe siècle, la communauté francophone était majoritaire en Colombie-Britannique. D’après Jean Riou, un pont politique donnerait aussi l’occasion aux organisations francophones existantes de mieux se faire connaître, mener à bien plus de projets, et approfondir le dialogue avec le gouvernement provincial. Il cite notamment l’exemple de l’éducation. Lui qui s’est battu dans les années 70 pour le droit à l’éducation en français est révolté de voir « des enfants francophones traités comme des étudiants de seconde zone ». « La population francophone augmente aujourd’hui, et le Conseil scolaire francophone(CSF) doit se battre pour avoir des structures adaptées, se scandalise-t-il, faisant référence aux problèmes de places disponibles à l’école Rose-des-Vents. Je trouve cela honteux de la part du gouvernement provincial ». S’il trouve que la place des francophones en Colombie-Britannique est encore insuffisante, il applaudit tout de même le travail de plusieurs structures, celui du CSF notamment : « Avec le peu de moyens qu’ils ont, ils font un excellent travail. Tout comme le Centre culturel dont les efforts de promotion de la francophonie sont remarquables. Ils pourraient faire tellement plus avec quelques millions de dollars supplémentaires… ».

C’est ce manque de trésorerie qui a également conduit à la disparition en 1998 du Soleil de la Colombie-Britannique, dont il était co-fondateur trente ans plus tôt. Jean Riou en garde un très bon souvenir, et regrette aujourd’hui qu’il n’existe plus de journal connu et reconnu dédié aux francophones de la province : « Cela me manque, de ne pas pouvoir lire le journal en français tous les jours. Je n’étais plus impliqué dans les dernières années du journal, il est tombé dans les mains de personnes pensant s’en faire de l’argent, mais ce n’était pas le but. Ce devait simplement être un outil pour notre communauté ».

Les observations de Jean Riou sur la francophonie institutionnelle provinciale d’aujourd’hui, semblent tomber à point à quelques jours de la grande assemblée générale de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) prévue pour les 12, 13 et 14 juin et qui devra élire un nouveau président lors de son rendez-vous annuel.

Une opinion sur “Jean Riou, pionnier de la francophonie associative en C.-B.

  1. Faudrait aussi que les francos soient plus intéressés par leurs affaires publiques, que leurs médias se motivent davantage à couvrir avec suffisamment de resources (à l’exception du secteur de l’éducation bien couvert depuis seulement quelques années) et que ces leaders francophones se motivent également à utiliser des outils à jour pour communiquer assidûment en 2015, lorsqu’ils ont de quoi à dire, ce qui n’est pas toujours le cas. Pas seulement la semaine de l’AGA, ou durant la semaine de la francophonie. Quand aux “liens avec le monde politique”, ces leaders semblent beaucoup plus intéressés au “schmoozing” auprès des bailleurs de fonds que de communiquer avec la base afin de la comprendre et mieux la desservir, ce qui ne semble pas être une priorité. Il devrait y avoir aussi de bonnes leçons à apprendre de ces pionniers, tel Jean Riou. Excellent choix d’acteur de la francophonie incidemment. Voyons voir maintenant combien commenteront sur le site web de La Source ou sur les médias sociaux.

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