« Le Destin du Jazz-Club ! » : être en mesure de tenir la promesse implicite.

Une scène du Destin du Jazz-Club.

Une scène du Destin du Jazz-Club.

Lors de cette soirée du 19 juin se tenait à l’affiche du festival d’été francophone le spectacle Jazztown, version acoustique de l’opéra jazz Le destin du Jazz-Club.

L’histoire est celle du Jazz club de Vancouver menacé de fermeture. Les destins vont se croiser au Jazz club, au gré des différentes rencontres humaines et musicales. Le sang neuf fraîchement débarqué à Vancouver réussira-t-il à sauver cette institution de jazz d’une fermeture imminente ?

Tout au long de ce concert, des artistes francophones et anglophones se sont côtoyés dans une belle fusion, bien représentative de la diversité de la grande métropole canadienne du Pacifique. La salle intimiste du Centre culturel francophone rappelle cette ambiance et cette proximité que l’on retrouve dans les cabarets.

Lorsque les premières notes de musique ont résonné, la magie s’est emparée de cette petite pièce. Nous ne pouvons que souligner le travail remarquable des musiciens. En phase avec les artistes, à l’écoute les uns des autres, une belle alchimie a été palpable sur cette scène. Les chanteurs étaient visiblement heureux d’être là, l’émotion était indéniablement au rendez-vous.

Si la musique a été un réel plaisir de bout en bout, elle est également venue à la rescousse du contenu littéral et des textes. Les paroles ont parfois manqué de travail au niveau de la langue, avec certaines rimes pauvres et convenues. Ainsi, dans la chanson « La folie des mots » — qui nous en promet sans vraiment tenir parole – la voix feutrée, chaleureuse et romantique de Steve Maddock susurre ces quelques phrases : « Elle avait la folie des mots, qu’elle déposait dans la baignoire, pour ne rien laisser au hasard, derrière mon rasoir ou mon blaireau », créant un décalage déconcertant entre l’intention projetée et les paroles.

Les articulations entre chaque tableau ont parfois été fastidieuses, peinant à garder le fil conducteur de l’histoire, notamment lorsque le personnage du père de la jeune femme revoit une inconnue dans la rue sans que cela ne soit introduit ni justifié : une fortification scénaristique serait certainement à prévoir pour asseoir le rythme et les séquences.

Les démonstrations d’harmonies vocales ou de Scat singing en solo ou en duo sont par contre excellentes et font la force de ce spectacle, nous faisant oublier tout le reste. Sans aucun doute, elles sauront ravir les futurs spectateurs.

Avoir recours au terme d’opéra accolé au genre musical du jazz est assez peu courant : si le but a été de piquer la curiosité en annonçant un opéra-jazz, c’est réussi ! Il faudra pour la suite être en mesure de tenir la promesse implicite qui a été faite. Ce qui est certain, c’est qu’avec un terme aussi parlant, les attentes sont placées hautes.

Nous n’oublions pas qu’il s’agissait d’une version acoustique et non de la version opéra qu’il nous a été donné de voir, ainsi, nous gageons que la première du spectacle avec décor et costumes à venir pour le 30 juin sera à la hauteur des ambitions promises par le titre.