En 1930, le tramway #17 assurait le trajet sur Cambie à partir de Hastings jusqu’à Marine Drive en empruntant Broadway pour ensuite refaire le trajet en sens inverse, jusqu’ au milieu des années 40. Il faisait partie du réseau électrique de tramways de Vancouver qui a roulé de 1890 à 1955 alors qu’à son apogée, il desservait 24 lignes à Vancouver, 3 à North Vancouver et 5 circuits interurbains qui se rendaient entre autres à Burnaby, New Westminster, Richmond et Steveston.
La mise en service de la Canada Line en août 2009 a contribué à la mise en œuvre du plan de développement du corridor Cambie, préparé par la Ville de Vancouver pour en faire une artère majeure de densification urbaine allant de la 16e avenue jusqu’à Marine Drive. C’est à partir de la station de King Edward que les premiers changements important sont évidents, là où un immeuble est en voie de construction juste à côté de la station de SkyTrain et où d’autres projets se devinent sur King Edward, à l’est et à l’ouest de l’intersection.
Il faut se rappeler que les nouveaux immeubles qui remplaceront les maisons unifamiliales sur Cambie ne pourront dépasser 12 étages, suivant la dénivellation naturelle du terrain, sauf pour les tours d’habitation du projet de redéveloppement du Oakridge Centre au coin de la 41e qui pourraient atteindre 45 étages mais dont les détails ne sont toujours pas complètement arrêtés, celles du développement Pearson Dogwood, qui occupera l’immense espace entre Cambie et Heather allant de la 57e à la 59e avenue, et enfin celles de trois des quatre coins de l‘intersection Marine Drive et Cambie, qui mettront le point final à ce qui sera, en bout de ligne, une artère plutôt séduisante.
Le 7 avril dernier le maire Robertson inaugurait officiellement le complexe Marine Gateway, qui se trouve à cette intersection, au-dessus de la station Marine Drive et qui est le point d’ancrage de l’extrémité sud du corridor Cambie. Cet ensemble qui se compose de deux tours d’habitation comptant près de 450 unités de logement, un immeuble à bureaux, de grands espaces commerciaux et des salles de cinéma, est en fait habité depuis l’automne dernier.
La première chose qui frappe c’est l’effet visuel dramatique créé par le train qui, débouchant de son tunnel, semble pousser hors terre les deux tours du complexe du projet MC2, du coin nord-est de l’intersection, avant de venir s’arrêter au pied de l’ensemble du Marine Gateway, coin sud-est. Une fois que les 8 tours d’habitation situées sur trois des quatre coins seront construites et habitées, il y aura près de 2 000 nouvelles unités de logement à l’intersection de cet axe majeur de Vancouver. Le coin sud-ouest reste occupé par SGI Canada, un organisme humanitaire bouddhiste.
Si vous le pouvez, faites le trajet en vélo parce que le coup d’œil en vaut la peine dans les deux sens. Vous verrez à quoi ressemblera cette belle rue bordée de parcs, d’espaces verts, et d’un terrain de golf, avec au centre ce beau terre-plein qui lui donne l’allure d’un grand boulevard. Mais pour l’instant le Marine Gateway a l’air de s’ennuyer, tout seul et isolé, en attendant que ses nouveaux voisins soient assez grands pour lui tenir compagnie. Il y a peu de verdure dans ce grand espace, si ce n’est le vert des affiches de la banque TD, du supermarché T&T et des trois timides petits ilots de verdure qui ne feront pas beaucoup d’ombre. En me promenant sur une des terrasses à l’extrémité sud du complexe, je débouche sur une statue assez imposante d’un homme assis, dans une pose qui ressemble à celle du Penseur de Rodin, sauf que celui-ci est tout habillé, qu’il a le coude droit sur le genou droit (et non sur le gauche), qu’il tourne le dos au comptoir A&W qui se trouve derrière lui et a le regard vague fixé vers le fleuve Fraser. Il s’agit d’une statue en hommage à Simon Fraser, qui semble un peu perdu sur sa terrasse de béton. Sans doute devine-t-il le fleuve qui porte son nom qui se dessine un peu plus loin, au-delà des autobus et des quelques attardés qui mangent leur hamburger.
En faisant le trajet en sens inverse alors que le soleil se couche et que l’on voit encore à l’horizon les tours du centre-ville sur fond des cimes des montagnes côtières enneigées reflétant le pourpre du ciel, il est difficile de ne pas apprécier ce panorama urbain. L’ironie toutefois c’est que ce paysage ne pourra pas être apprécié par les résidents du corridor Cambie qui l’ont choisi comme lieu de résidence entre autres à cause de la proximité d’une des stations de la Canada Line, puisqu’ils seront sous terre pendant leur trajet !
Prochain corridor à surveiller ? Broadway !