Surnommé le Marco Polo moderne, Waris Ahluwalia, acteur, icône de mode et créateur de bijoux, voyageant sous multiples latitudes, posera ses valises à Vancouver pour une escale. Le 10 juin, dans le cadre de la pré-programmation du 6e Indian Summer Festival,
Waris Ahluwalia partagera sa vision de la mode, mais pas seulement. Un dialogue sur ce qu’il ne faut pas porter et non l’inverse, une forme de contre-pied face aux dictats de la mode. Un homme à l’œil et à la conscience aiguisés.
Interdit d’embarquement au Mexique en février dernier à cause de son turban qu’il a refusé d’enlever pour satisfaire des mesures anti-terroristes, Waris, de confession sikh, a su transformer l’incident. Outre des excuses, la compagnie aérienne s’est engagée, après un dialogue, à former son personnel sur les significations religieuses du turban sikh. Donner du sens et être tolérant, une posture évidente pour Waris Ahluwalia.
Un explorateur d’univers
Né en 1974 en Inde, il passe sa première frontière à l’âge de 5 ans en arrivant à New York avec sa famille. Depuis, qu’elles soient géographiques, artistiques ou culturelles, il ne cesse de les traverser pour satisfaire sa curiosité du monde et de ses richesses. Une allure longiligne, une barbe, un vestiaire chic et élégant, et bien dans son turban, Waris Ahluwalia balade sa silhouette depuis plus de 10 ans. Acteur fétiche de Wes Anderson, il apparaît pour la première fois sur les écrans en 2004 avec La vie aquatique. Puis suivront, À bord du Darjeeling Limited, The Grand Budapest Hotel, ou encore Inside Man de Spike Lee. Son style singulier attire les objectifs et il devient mannequin le temps de quelques campagnes, notamment pour GAP.
Ses nombreux voyages et sa curiosité jamais rassasiée conduisent Waris Ahluwalia à lancer en 2007 House of Waris. Il y crée sa ligne de bijoux mais en fait également une plateforme pour artistes du monde entier où l’artisanat est de mise. De l’Italie à l’Inde, en passant par la Turquie, environ 20 pays. Une certaine idée du luxe. Au carrefour des cultures et de l’histoire de par ses origines, son graphisme s’inspire de royaumes anciens, de romance, de la nature, comme cette série sur les oiseaux. Comme des souvenirs de voyage qu’il offre. Pour Sirish Rao, co-fondateur du Indian Summer Festival, « Waris est très lié à ses origines et à celles des autres. »
La beauté comme philosophie
« La beauté pour lui c’est une manière d’être, ce n’est pas une question de mode, ça n’est pas séparé de sa vision du monde mais la base de son travail », décrit Sirish Rao. Cela lui vient probablement de sa religion et de son éducation. Pour les sikhs, les bonnes actions conduisent la vie. Pas étonnant que Waris Ahluwalia aime autant partager et collaborer avec des artistes et artisans de talent. Il lui importe de les connaître pour comprendre leur démarche. Il se laisse guider par son instinct, mais toujours avec cette philosophie de la recherche de la beauté, d’une certaine grâce. Cet art de vivre, ou du voyage quel qu’il soit, est en adéquation avec ce que prône le Indian Summer Festival. Sirish Rao rappelle que « l’objectif du festival est de présenter des personnes, des manières de penser qui peuvent avoir un impact sur le monde dans le lequel on vit ». Waris Ahluwalia est bien l’une d’elles.
Les matières nobles (les tissus, les pierres précieuses) ne sont pas les seules à l’animer. Incompris à ses débuts, il est nommé, en 2010 par le magazine Vogue, parmi les 10 personnes ayant le plus d’influence dans le monde de la mode. Prendre le temps de dénicher les talents, de comprendre le contexte dans lequel les objets naissent peut paraître désuet, alors qu’il partage ainsi des savoir-faire et des pièces intemporels. Une culture ne s’exploite pas, elle se découvre. Le style avant la tendance. Listé parmi les hommes les mieux habillés de la planète par GQ, Waris Ahluwalia travaille aussi avec des organisations comme Fundación Haciendas del Mundo Maya au Mexique. Ils permettent aux femmes d’acquérir des techniques de bijoux traditionnels pour une meilleure indépendance. La beauté du geste.
Cette année, le fil rouge du festival sera le passage des frontières. Waris Ahluwalia, lui, en a fait un art de vivre qu’il partage.
Indian Summer Festival
What not to wear with Waris Ahluwalia
10 juin, SFU Centre des Arts
www.indiansummerfest.ca