Fuyant la guerre civile au Liban, Vivian Abboud arrive au Canada à 17 ans accompagnée de celui qui deviendra son époux. À son arrivée, elle enseigne les mathématiques et travaille dans une boulangerie pour financer ses études et – étant francophone – pour travailler comme professeur particulier et d’apprendre l’anglais. Alors que sa situation semble difficile, une soif de réussite et une boulimie de vivre la poussent à se dépasser. Quelques années plus tard, Vivian est une femme accomplie qui collectionne les distinctions : mère de famille, entrepreneure trilingue, récipiendaire d’un doctorat de l’université Simon Fraser. Portrait de cette femme qui sourit à la vie et à qui la vie sourit.
Cette phrase poignante, Vivian Abboud l’offre dans des lignes qui lui sont dédiées dans Le Franco, seul journal francophone de l’Alberta, où elle réside désormais avec son mari et ses trois enfants.
Chrétienne libanaise, sa force, elle la puise dans son enfance et son adolescence passées dans un Liban en guerre. Est-ce l’enseignement des mathématiques aux enfants sous les bombardements, ou encore l’emprisonnement de son père, qui lui ont donné ce désir si puissant d’aider les autres et surtout les femmes ?
Quand on lui demande comment elle fait pour jongler entre travail, famille et études, elle répond qu’elle a toujours gardé son objectif en tête et qu’elle aime avoir tout le temps quelque chose à faire.
Aujourd’hui, elle est propriétaire de Viva Café Cafeteria, deux cafés où les femmes immigrantes viennent apprendre l’anglais tout en exerçant une activité professionnelle. La difficulté pour ces dernières, c’est de s’enfermer dans un cercle vicieux où elles se dévalorisent à cause des stéréotypes. « Je leur montre de quoi elles sont capables, qu’il faut toujours travailler sur soi-même », explique Vivian Abboud. « Je n’accepte pas les stéréotypes. D’ailleurs, c’est un mot que j’utilise le moins possible. Les stéréotypes ? C’est par exemple le fait de considérer qu’en tant que femme immigrante, je ne peux pas travailler… J’ai toujours bataillé face à ça, je travaille toujours sur moi-même, encore aujourd’hui. »
Elle se définit comme défenseur de la communauté. Investie bénévolement dans la lutte contre la pauvreté et la valorisation des femmes, elle est notamment membre fondatrice de la Women’s Advocacy Voice of
Edmonton (WAVE). Elle siège par ailleurs au comité de l’Institut pour la citoyenneté canadienne fin d’insister sur l’importance de s’impliquer dans sa ville d’accueil quand on est nouveau citoyen.
« Vivian, tu es née pour vivre au Canada ! »
La vie de Vivian est au Canada. Elle le dit et elle le répète, le campus de Saint-Jean où elle a effectué son cursus universitaire l’a beaucoup aidée. Aujourd’hui, elle estime que c’est à elle d’aider les femmes immigrantes. Elle ne retourne que rarement au Liban et se sent finalement plus proche de la mentalité canadienne que de la mentalité orientale en ce qui concerne le rôle de la femme. C’est ainsi que nombre de ses amis n’hésitent pas à lui dire : « Vivian, tu es née pour vivre au Canada ! »
« Lorsque je suis arrivée, j’ai été immédiatement impressionnée par la liberté d’expression et d’action ici, quelque chose que je n’avais pas au Liban. J’ai tout de suite dû faire face à mes propres limites et il a fallu que je m’adapte le plus vite possible. »
Le résultat de tous ces efforts ? Vivian collectionne les titres et les distinctions : elle a notamment été élue dans le top 25 des femmes immigrantes en 2014 par la Banque royale du Canada et dans le top 40 des femmes créatrices de changement par Canadian Living Magazine. Elle est également chef d’équipe au département des langues officielles du gouvernement de l’Alberta à Edmonton et défenseur des droits humains.
Récemment, en 2016, elle a été nommée présidente de Daughter’s Day 2016 qui récompense les femmes qui ont accompli beaucoup à Edmonton durant l’année, et pour veiller à ce que chaque fille ait pleinement l’occasion de réaliser tout ce qu’elle peut sans discrimination.
« Le Canada m’a adoptée et je veux être sûre de redonner aux filles et aux femmes ce que j’ai reçu », affirme-t-elle avec l’enthousiasme qui la caractérise.