Ne pas vouloir d’enfants : posture éthique ou choix individuel ?

Un couple sans enfants se baladant main dans la main. | Photo par Ryan G Smith

Un couple sans enfants se baladant main dans la main. | Photo par Ryan G Smith

Les personnes qui affirment haut et fort ne pas souhaiter avoir d’enfants sont de plus en plus nombreuses. Ce choix, autrefois considéré comme anticonformiste, est désormais accueilli avec plus de compréhension. Preuve en est, l’université SFU a organisé il y a quelques semaines de cela une discussion autour du sujet, avec pour modératrice Coriana Constanda. La famille a-t-elle toujours un avenir ? Avec l’explosion des nouveaux modèles sociétaux, la réponse semble être : « Plus que jamais » !

« J’étais curieuse de connaître la réaction et les discussions des gens autour de la question du choix de ne pas avoir d’enfants, dans un environnement sans jugement », explique Coriana Constanda. En effet, elle a souvent fait face à de sévères critiques et à des jugements de valeur « non fondés », selon elle, dès qu’elle abordait sa décision de ne pas avoir d’enfants. « Plusieurs personnes m’ont dit que j’étais égoïste de ne pas vouloir d’enfants, mais pourtant, des parents choisissent d’avoir des enfants pour des raisons également égoïstes », soutient-elle.

Au Canada, le recensement de 2011 permettait de mettre en lumière le fait que le nombre de citoyens vivant sans enfants était plus élevé que le nombre de citoyens avec enfants. Conséquemment, le taux de fertilité est descendu à 1,6 % contre les 2,7 % d’il y a cinquante ans. Aux États-Unis, le Bureau des statistiques dévoilait en 2015 que 46,7 % des femmes entre 15 et 44 ans n’avaient pas d’enfants, soit un nombre record.

Coriana Constanda.

Coriana Constanda.

« Je viens d’une sphère sociale qui me donne la liberté de penser librement »

Coriana souligne toutefois qu’elle est consciente du privilège qu’elle peut avoir dans une société comme la société canadienne d’avoir la liberté d’affirmer ne pas vouloir d’enfants.

L’organisme Human Rights Watch, dont le mandat est de surveiller les abus faits aux droits de la personne dans le monde, a publié un rapport révélant que 37 % des filles népalaises étaient mariées avant l’âge de dix-huit ans. Selon le rapport, « les filles mariées donnent naissance très tôt, souvent parce qu’elles n’ont pas accès à l’information entourant la contraception, et parfois parce que leurs beaux-parents et leur mari leur font subir des pressions pour qu’elles enfantent le plus vite et le plus souvent possible ».

Pas une guerre mais un continuum de choix

Ce que Coriana Constanda déplore, c’est la guerre entre deux « camps » qui n’a pas lieu d’être. « Lorsque je dis que je ne veux pas d’enfants, ça ne veut pas dire que je déteste les enfants ou que je méprise les parents », dit-elle.

Des livres et des groupes de soutien existent pour appuyer les personnes qui décident de ne pas avoir d’enfants, preuve selon Coriana Constanda que le choix n’est pas toujours facile à assumer en société. « J’aimerais que les gens comprennent et respectent les choix de famille de tout un chacun », mentionne-t-elle, en rappelant qu’il existe autant de manières de fonder une famille qu’il existe d’individus. « Je suis quand même une personne aimante, et j’ai des enfants dans ma vie : ceux de mes amis, mes nièces et mes neveux et, je peux être une très bonne tante pour eux, et ça me satisfait », explique-t-elle.

Elle insiste en disant que même si c’est personnel, choisir de ne pas avoir d’enfants l’inscrit malgré elle dans une lutte politique. « J’ai l’impression d’un double standard : on dirait que les hommes sont moins jugés de ne pas vouloir avoir d’enfants », affirme-t-elle. « Mon choix fait alors partie des luttes que les femmes doivent mener pour que leur corps leur appartienne ».

Même si Coriana Constanda ne veut pas d’enfants pour des raisons personnelles, elle soutient néanmoins que le facteur écologique joue dans sa décision : « Je suis consciente du fait que nous sommes 7 milliards d’êtres humains sur terre… et c’est également financièrement impensable pour moi d’avoir un enfant à Vancouver. Alors, oui, si je prends en compte tout ça, je pense que ça influence aussi ma décision », conclut-elle.

Pour aller plus loin : Le documentaire de Magenta Baribeau, Maman, non merci !

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La reproduction : péril de l’humanité ?

Certains groupes plus radicaux refusent complètement d’avoir des enfants pour des raisons écologiques. C’est le cas notamment du Mouvement pour l’extinction volontaire de l’humanité (MEVH). Selon son site web, ce mouvement prône « l’extinction progressive de l’espèce humaine par l’abandon volontaire de la reproduction » dans l’objectif de protéger la biosphère.