De toute évidence, je me suis Trumpé. J’ai vendu la peau de l’Orang-Outang avant de l’avoir dépecé. Le fait que je ne sois pas le seul à m’être mis le doigt dans l’œil ne me console pas pour autant. Je n’ai rien bu et pourtant j’ai la gueule de bois. Mon mal de tête ne me quitte pas (ce n’est pas du Jacques Brel). Depuis quinze jours j’essaie de comprendre, sans grand succès, ce soudain retournement de situation qui a frappé nos voisins du sud. Les experts s’acharnent à expliquer le comment du pourquoi. Rien de convaincant. Leur crédibilité en a pris un coup. Il s’agit maintenant, pour eux (et pour moi), de recoller les pots cassés tout en ne perdant pas la face.
Depuis l’élection de Trump la menace, plus personne ne rigole. Le bouffon, c’est sérieux, ne fait plus rire. Donald deviendra, le 20 janvier 2017, le 45e président des États-démunis et divisés d’Amérique. En quinze jours ma surprise a fait place à de l’effroi.
Le soir des élections, à la tombée des résultats, j’ai failli trépasser. Mais que s’est-il passé ? Même avec quinze jours de recul, j’en suis encore là. Rappelez-vous : nous étions nombreux à penser, il y a un an de cela, que la venue de Donald Trump sur la scène politique n’était qu’une plaisanterie de mauvais goût. Depuis le 8 novembre j’avoue avoir déchanté. Je ne me berce plus d’illusions. Si, depuis son élection, Trump fait preuve d’un semblant de modération et tente de se montrer parfois conciliant, voire même respectueux envers ses ennemis jurés, je demeure méfiant; je doute de sa sincérité car je n’oublie pas que l’on a beau chasser le naturel, il revient au galop, au triple galop dans son cas. Voyez son entourage, son personnel de confiance et les remous internes au sein de son équipe de transition. Les couteaux sont sortis car, chez ces gens là (encore du Brel), la vengeance est un plat qui se mange chaud. De quoi être inquiet.
Je ne pense pas qu’un être qui a tenu des propos racistes, xénophobes, sexistes, tout au long de sa campagne, puisse changer du jour au lendemain. À moins, je dis bien… à moins que nous ayons tous été, Américains et autres, victimes d’une super supercherie, orchestrée par un maestro du one man show qui, de sa baguette tragique, tenait à transformer le monde en lui administrant un grand moment de stupeur.
Non, je ne rêve pas. Je suis en pleine téléréalité : un spectacle produit et commandité par Trump
et Cie. Une œuvre de démagogie jusqu’alors jamais égalée où le nouveau président élu dit tout et son contraire. Avec Donald le trompeur, impossible de savoir sur quel pied danser. À vous couper l’envie d’apprendre le pas de deux en tutu.
Ceci dit, il est temps de sortir ma boule de cristal. Que vois-je ? Mélania Trump s’affaire à récupérer les discours de Michelle Obama. La future nouvelle première dame affectionne le recyclage. Donald II (Donald Duck étant le premier) approuve.
De son côté, Rudy Giuliani, héro du tragique 9/11, a installé ses quartiers généraux dans les locaux d’un 7-Eleven d’où il peut surveiller les faits et gestes de tous ceux qui n’ont pas voté pour Trump. Gare au gorille.
Chris Christie, le bras d’honneur de Donald II (le mec Donald étant le premier), de plus en plus humilié par son boss (patron pour les puristes), se voit confier le dossier de la lutte contre l’obésité infantile si chère à Michelle Obama.
La surprenante Sarah Palin, qui ne semble pas déplaire au nouveau président des É-U., s’est vu attribuer une tâche très difficile : celle de pallier l’exode des crabes de l’Alaska vers la côte Ouest du Yukon et de la Colombie-Britannique. Elle hésite encore : un filet ou un mur ?
Un ancien qui revient de loin, Newt Gingrich, pensant avoir obtenu le ministère des Affaires étrangères, s’aperçoit qu’il devra passer beaucoup de temps à l’étranger et que cela semble ravir la nouvelle administration.
Le Dr. Ben Carson, l’ex-candidat aux primaires, s’est soudainement endormi sur son bureau alors qu’il observait la progression d’une limace venue l’accompagner dans ses nouvelles fonctions dont il ne connaît pas encore la teneur.
Donald, le nouvel empireur, quant à lui, voulant affirmer et démontrer son autorité, offre un spectacle inédit : au cours d’une conférence de presse télévisée, s’adressant à tout son cabinet présent pour l’occasion, le nouveau locataire de la Maison Blanche s’écrie, d’une voix tonitruante, accompagnée d’un sourire sardonique, « You are fired ».
Ça promet. Les quatre prochaines années risquent d’être tumultueuses. Mais encore une fois, il est vrai, de toute évidence, je peux me Trumper.