Enfin nous pouvons nous plaindre d’une météo qui nous est propre, la neige et la glace ont été chassées par la pluie. Normal, nous sommes à Vancouver. Que ferions-nous, pauvres Vancouvérois-Canadiens si n’avions pas la météo pour alimenter nos conversations ? C’est même un sujet qui nous permet de critiquer vertement l’absence du maire de Vancouver pendant une période d’intempéries qui nous a laissés avec des accumulations de neige et de glace dans nos rues auxquelles nous ne sommes pas habitués.
Une véritable crise municipale, qui n’a de comparable que la crise du verglas à Montréal en 1998 et celle de la tempête du siècle à Toronto en 1999, alors que le maire de l’époque Mel Lastman avait fait appel aux Forces armées canadiennes, pour déblayer son réseau routier qui venait de recevoir en deux jours près d’un mètre de neige ! On se moque encore de lui. Voilà qui aurait dû servir de modèle à Gregor Robertson qui, au lieu de partir en vacances, aurait dû appeler à l’aide !
Après tout, dès qu’il s’agit de la plus légère chute de neige, avec ou sans accumulation mesurable au sol, le vocabulaire médiatique s’enflamme : tempête et urgence neige étant les expressions préférées. Les avis et les conseils fusent de toute part. « Méfiez-vous, partez tôt, roulez lentement, prenez les transports en commun… Avez-vous des pneus d’hiver sur votre véhicule, allez-vous déneiger et sabler le trottoir qui longe votre propriété privée ou commerciale ? » On énerve tout le monde, et ceux qui n’ont pas connu Vancouver l’hiver sous une mince couche de neige, ne sont pas au bout de leurs surprises ! Toutefois ceux qui en ont fait l’expérience savent à quoi s’attendre. Ce sera encore une fois le chaos ! Il y a fort à parier que les transports en commun seront affectés, accumulant retards, annulations et pannes de SkyTrain et d’autobus coincés dans une côte quelque part, habituellement à Burnaby, etc.
Mais comme les accumulations de neige mesurables au sol ne se produisent que très rarement, personne ne s’y prépare vraiment. La majorité des automobilistes roulent sur des pneus inadéquats en plus de ne pas avoir la moindre idée de comment conduire un véhicule dans des conditions hivernales et attendant que la pluie fasse son œuvre. Après tout, la sagesse populaire veut que la différence entre la pluie et la neige, c’est que la pluie n’a pas besoin d’être pelletée. Alors il nous faut trouver un coupable quand, comme ce fut le cas récemment, le ciel nous envoie simultanément neige et froid. Est-ce possible que nous ne soyons pas en mesure, dans une ville aussi importante que Vancouver, de faire face à des conditions hivernales ? Comment les services de la voirie ont-ils pu être aussi imprévoyants en plus d’avoir le culot de laisser les voies secondaires sous une couche de neige qui a vite fait de se transformer en patinoire. Il faut donc imputer la faute à quelqu’un. À Vancouver, il s’appelle Gregor Robertson. Pourtant, les banlieues rapprochées de Burnaby et de Richmond ont subi les mêmes intempéries, n’ont pas mieux réussi à dégager les rues secondaires, et leurs maires sont aussi partis en vacances sans subir l’opprobre de leurs citoyens.
Mais, puisqu’il y a une explication rationnelle et pratique, comparons les ressources financières et mécaniques disponibles pour déblayer et entretenir un réseau routier comme celui de Vancouver. La ville dispose de 44 véhicules pour maintenir les rues sous sa responsabilité, avec un budget d’opération de 750 000 $. À Toronto, les services de la voirie disposent de 600 chasse-neige de rue, 300 chasse-neige de trottoir et 200 véhicules pour épancher sel et sable avec un budget de 94 millions. À Montréal, le budget est de 159 millions en 2016 et les citoyens se plaignent aussi des trottoirs et des chaussées glacés.
Enfin, comme tout est bien qui finit bien, la pluie est de nouveau venue à la rescousse. Pour paraphraser Bécaud : « Le jour où la pluie viendra, nous serons toi et moi les plus heureux du monde… »