Il était une foi @Vancouver

Photo de FaithTech

À l’ère du tout numérique, on peut s’interroger sur les rapports entre les nouvelles technologies et la religion. L’univers de l’innovation peut-il être connecté à celui de la foi ? Un même individu peut-il évoluer dans ces deux communautés ?

Notre société a tendance à cloisonner les genres, à ranger les personnes dans des cases dont il est parfois difficile de sortir. Pour preuve, les appellations données aux personnes en fonction de leurs appartenances communautaires ou de leurs intérêts : le passionné d’informatique va souvent recevoir le surnom anglais de geek (signifiant « fou de »), voire de nerd (intello, binoclard). Si l’on se base sur ce genre de généralités, leur portrait-robot est plutôt celui d’une personne centrée sur les sciences et les nouvelles technologies, mais plutôt repliée sur cette passion et donc relativement asociale.

De l’autre côté, les personnes axées sur la religion sont parfois vues comme focalisées sur leur foi et leur rapport à Dieu avec tout de même une volonté d’ouverture sur l’autre et de transmission de leur croyance.

L’un plutôt rationnel quand l’autre est spirituel, ces deux portraits semblent radicalement opposés et ont peu de chance d’évoluer dans un environnement commun. Eh bien,
détrompez-vous !

Sortir des clichés

Fin 2015, James Kelly, chrétien, féru d’informatique, réduit le fossé entre ces univers en fondant FaithTech. Il entend réunir des personnes comme lui, croyantes et spécialisées dans les technologies pour œuvrer au développement de projets altruistes. « Nous essayons d’apporter nos compétences pour améliorer le monde »,
explique Ian Edington, membre de FaithTech depuis ses débuts. Depuis, Ian s’est rendu compte que la foi et les technologies n’étaient pas si antinomiques : « On imagine que la religion ne fait pas partie de la mentalité geek. Je n’en parlais pas au travail, je gardais ma foi pour moi en pensant être le seul. Puis, avec ces événements, j’ai découvert que deux proches étaient comme moi ! »

Par ailleurs, si les fondateurs du mouvement et certains des participants sont chrétiens, les événements sont ouverts à tous : « Se rassemblent des personnes qui ont la foi, peu importe laquelle ». Preuve en est, l’un des ateliers a fédéré notamment un bouddhiste et un musulman…

Une implication sociétale

Les membres de l’organisation se réunissent autour d’événements, de conférences, de groupes de travail… Actuellement, la communauté participe au développement de deux projets à valeur citoyenne.

Le premier s’attelle à la prévention du suicide. Le projet est parti du terrible constat que lorsqu’une personne recherche « comment me suicider » sur Google, la majorité des réponses sont négatives et aggravent la situation. Ils ont alors conçu un site visant à raisonner les internautes. Leur travail est maintenant dirigé à améliorer le référencement pour faire apparaître le site en meilleure position dans les pages de résultats. « Ça prend du temps, mais on remonte. Nous venons d’avoir un premier retour très positif d’une personne qui, dans un moment de détresse, est arrivée sur notre site et ça l’a aidée à gérer cette crise. »

Le second projet est tout nouveau et s’articulera autour de la situation des réfugiés. Il vise à centraliser des banques de données pour aider les organisations dans ce domaine.

Un mouvement qui prend de l’ampleur

Le dernier événement à Kitchener, siège de l’organisation, a mobilisé plus de 150 personnes. « Dès le lancement de FaithTech et sans en faire la promotion, des gens du monde entier contactaient James Kelly pour s’engager dans leur pays », précise Ian Edington. Il ajoute que les organisateurs souhaitent aujourd’hui développer un second site officiel à Vancouver. Deux raisons motivent ce choix : d’abord, c’est à Vancouver que l’engagement est le plus fort, avec des membres très actifs, puis, c’est l’un des trois meilleurs endroits du pays pour les technologies. En effet, Vancouver tout comme Waterloo, siège de l’organisation, sont des villes pionnières en termes d’innovations et berceaux de « start-ups ».

James Kelly | Photo de FaithTech

Le 13 mai prochain, James Kelly viendra à Vancouver présenter le mouvement et échanger avec les participants. Ce sera l’occasion de définir les projets pour lesquels cette nouvelle équipe pourrait œuvrer. Alors, si vous avez foi en l’avenir, à vos tablettes pour vous inscrire à cette soirée !

Évènement gratuit
Samedi 13 mai de 19 h à 21 h

Pour poursuivre la réflexion sur l’altruisme et la religion, un café philosophique animé par le prêtre Brian Fraser aura lieu le 18 mai prochain : www.sfu.ca/continuing-studies/events/2017/05/personal-mission-statement.html