Qui sont les Norvégiens de Vancouver ? C’est la question que La Source a posée à Ron Stubbings, président de la Norwegian House Society (NHS) du Grand Vancouver, à l’approche de la fête nationale norvégienne du 17 mai. Coup de projecteur sur une culture à la fois proche et éloignée.
Alors que la Norvège a été élue « pays le plus heureux du monde » en 2017 par le World Happiness Report, les Norvégiens souhaitant quitter leur havre de paix et émigrer vers d’autres contrées sont peu nombreux aujourd’hui. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Au tournant du 20e siècle, la Norvège n’était pas à flot économiquement. Les fermes ou les bateaux de pêche revenaient généralement à l’aîné d’une fratrie, restait alors aux plus jeunes de se trouver des opportunités professionnelles qui manquaient à l’époque.
Les premiers émigrants sont partis des villes côtières, se sont embarqués vers le Canada et se sont massivement installés dans l’Ouest canadien, une terre d’adoption « où ils se sont immédiatement sentis à la maison », commente Ron Stubbings.
La Colombie-Britannique, terre d’accueil privilégiée
Tout leur rappelait leur pays natal : le paysage côtier et ses fjords, les montagnes enneigées propices au ski, « et la pluie aussi », plaisante Ron Stubbings. « À Bergen, la deuxième plus grande ville de Norvège, “il pleut des trolls femelles” (littéralement Det regner trollkjerringer, expression originaire de Norvège signifiant qu’il pleut souvent, ndlr), comme à Vancouver ! »
Leur installation n’en a été que facilitée. « Vivre dans l’Ouest canadien et surtout sur la côte du Pacifique leur a permis de mettre en application des compétences professionnelles déjà acquises dans un milieu extrêmement propice à la pêche ou à l’exploitation forestière », explique le président de la NHS. D’ailleurs, parmi les membres de la Norwegian House Society, beaucoup travaillent encore dans ces secteurs ou sont retraités de ces professions.
En C.-B. 130 000 Canadiens sont d’origine norvégienne
De nos jours, près de 130 000 Canadiens de Colombie-Britannique sont de descendance majoritairement norvégienne. Au Canada ils sont environ 450 000, ce qui en fait l’un des plus grands groupes ethniques d’origine européenne sur le territoire.
Pourtant l’on remarque qu’il n’y a pas de quartier norvégien qui s’est constitué à Vancouver, en comparaison à Chinatown, Little Italy ou d’autres comme les quartiers grecs, par exemple, qui ont su fédérer des communautés ethniques spécifiques. « En réalité, les premiers immigrants norvégiens souhaitaient s’assimiler rapidement et adopter un mode de vie canadien », explique Ron Stubbings. En venant ici, ils voulaient travailler dur. Ils ont facilement appris l’anglais, se sont conformés à la culture anglo-canadienne qui était prépondérante et ils se sont mariés avec des membres issus d’autres communautés.
Ce n’est pas pour autant qu’ils n’ont pas laissé leur empreinte. L’héritage norvégien s’est aussi distinctement inscrit dans le paysage canadien. Dans leurs bagages, certains Norvégiens avaient apporté leurs skis et des pratiques bien de chez eux. C’est ainsi que le saut à ski s’est exporté sur les sommets de la côte ouest. « L’une de nos membres a encore des photos de ses parents en skis sur le sommet de Cypress Mountain en 1957, et à l’époque il n’y avait pas de remontées mécaniques, il leur fallait marcher jusqu’en haut. »
Se réapproprier ses racines
La troisième génération de Canadiens d’origine norvégienne souhaite aujourd’hui se réapproprier une identité culturelle propre. Les cours de langue, entre autres, connaissent un regain d’intérêt. « À la NHS nous sommes passés d’un seul professeur à quatre en quelques années », témoigne Ron.
Des cours de niveau débutant, avancé et destinés aux enfants sont désormais pourvus pour que les membres de la communauté puissent au mieux renouer avec leurs racines.
Pour mieux s’entraîner, les affiliés de la NHS se réunissent au centre les dimanches après-midi pour boire du café (l’une des plus grandes traditions en Norvège), manger des biscuits et discuter ensemble dans leur langue d’origine. Et gare à ceux qui parlent en anglais ! « Chaque fois que cela leur arrive, ils devront payer 25 cents », ajoute Ron avec une touche d’humour scandinave.
Ce 17 mai, jour où les Norvégiens fêtent le Jour de la Constitution, un dîner dansant ouvert à tous sera organisé à la Norwegian House Society, située à Burnaby.
Plus d’informations : www.scandinaviancentre.org