Montée du populisme, diffusion d’idées racistes, stigmatisation des communautés… Tout comme le reste de l’Occident, le Canada n’est pas immunisé contre ces tendances. Avec en toile de fond une recrudescence significative des crimes haineux, notamment à l’endroit des musulmans. Dans ce contexte, comment endiguer la percée de l’islamophobie au Canada ? Pour y répondre le 23 octobre à Burnaby le Ismaili Centre, le YWCA Metro Vancouver et l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) invitent les représentants de différentes communautés à se pencher ensemble sur cette question de société qui continue de faire les manchettes.
S’ils en sont le visage le plus saillant et le plus insoutenable, ces actes extrêmes ne résument pas à eux seuls l’islamophobie. Cette « hostilité contre l’islam et les musulmans », telle que définie par le Petit Robert, commence insidieusement dans la peur irrationnelle et la méconnaissance de l’autre. De ce terreau naissent les stéréotypes et autres amalgames entre l’islamisme radical et les pratiquants d’une foi modérée. Pour beaucoup de gens, loin d’être anodines, ces discriminations religieuses systémiques diviseraient les citoyens et pourraient menacer les valeurs canadiennes d’inclusion. En qualité d’intervenant principal de l’événement du 23 octobre, Peter Klein, maître de conférences de l’école de journalisme de UBC, mettra en avant les similitudes troublantes entre l’essor de l’islamophobie aujourd’hui et les mouvements racistes historiques.
De son côté, Shachi Kurl, la modératrice des discussions, une journaliste primée et actuelle directrice générale de l’Institut de sondages Angus Reid, compte, quant à elle, s’appuyer sur les données de cette fondation indépendante vouée à la recherche. Elle jettera un coup de projecteur sur les rapports complexes entretenus entre les musulmans et leurs concitoyens. « D’un côté, les statistiques nous montrent que les Canadiens perçoivent les membres de la communauté musulmane comme des alliés dans la société comme dans la lutte contre le terrorisme domestique et la radicalisation qui se déroulent sur notre propre sol. D’autre part, si le grand public canadien avait voté – et non pas les députés –, la motion parlementaire sur l’islamophobie ne serait jamais passée. Les événements autour du globe et au Canada aujourd’hui mettent en évidence les conflits entre les communautés et en nous-mêmes. »
Dans ce contexte social assez tendu, comment les communautés peuvent-elles réaffirmer leur engagement au pluralisme ? Voilà tout l’enjeu des échanges qui auront lieu au Ismaili Centre de Burnaby. Pour cette raison, la réponse ne pourrait être, selon les organisateurs, que collective avec un panel de représentants de différentes communautés et confessions.
Parmi les participants, un évêque à la retraite du diocèse anglican de New Westminster, Michael Ingham est également un auteur respecté et membre actif du réseau United Religion Initiative. Il prône le dialogue interconfessionnel et la pluralité religieuse, et incite les gens à faire fi des différences culturelles et religieuses afin de travailler ensemble pour le bien de leurs communautés.
Un autre invité, décoré du prix de la diversité de la ville de Vancouver en 2017, Zool Suleman est avocat spécialisé dans les droits des réfugiés et l’immigration canadienne. Il milite contre le profilage racial au Canada depuis les attentats du 11 septembre. Il est à l’origine d’une ligne directe qui offre une assistance juridique aux victimes d’islamophobie en Colombie-Britannique. Également invitée, une guide spirituelle et directrice des études inter-religieuses à l’école de théologie de Vancouver, le rabbin Laura Kaplan se passionne pour les questions existentielles, philosophiques et religieuses. Autre membre de ce panel, Sukhwinder Gill qui consacre ses études à UBC à l’Asie et notamment à la tradition et littérature sikh. Assistant de recherche, il s’intéresse au racisme auquel doivent faire face les immigrants au Canada dans ses nombreuses entrevues avec la communauté sud-asiatique de Vancouver.
Pour la société civile, la mobilisation de toutes les communautés serait une des meilleures réponses face à l’intolérance. Pour preuve, en août dernier, une manifestation anti-islam prévue à Vancouver a été éclipsée par l’arrivée en masse de plus de 4 000 opposants pour défiler contre le racisme. Une démonstration tangible pour le pluralisme ?
Path to Understanding : A Collective Response to Islamophobia
Ismaili Centre
4010 Canada Way, Burnaby
23 Octobre de 17h30 à 20h30