Un jour, en rentrant du travail, j’ai ouvert mon compte Gmail pour y trouver un message « en or » du bureau d’Immigration et Citoyenneté du Canada avec une demande de soumettre mon passeport au Haut-commissariat du Canada en Inde le plus proche. Enfin, une nouvelle aventure allait commencer pour moi. J’allais être résident permanent au Canada (Kanedaaaa !).
Peu après, j’ai quitté mon emploi et j’ai passé quelques mois avec mes parents et amis. Tout cela en emballant mes affaires et en me préparant au grand voyage. Je me sentais un peu anxieux, un peu excité et un tout petit peu effrayé aussi. Mais l’aventurier en moi, oh ! il avait de grands espoirs, et comme toujours, ces espoirs submergeaient tous les autres sentiments.
Après un vol de presque 14 heures en partance de New Delhi et une escale de 3 heures à London Heathrow, j’ai atterri à Vancouver le 10 septembre 2017. Un nouveau pays, de nouvelles personnes et seulement deux visages familiers, un cousin et un ami d’enfance avec lesquels je n’avais pas parlé depuis longtemps. Certains diront que je suis courageux, d’autres que je ne suis pas « fûté », je suppose que la ligne est ténue entre les deux possibilités, et franchement, parfois je me demande moi-même où je me situe entre ces deux qualificatifs. Quoi qu’il en soit, mon cousin et mon ami m’ont aidé à m’installer et à trouver un logement. Jusque là, les choses se passaient bien, mais alors vint l’épreuve de survie, comme dans The Pursuit of Happyness. Je dépensais mes économies, durement gagnées, à folle allure, me semblait-il. Il était temps de chercher un emploi. J’ai cherché sur Craigslist, dans divers sites de travail et dans les pages de carrières de grandes corporations qui oeuvrent dans mon domaine de travail. J’ai postulé partout, espérant obtenir au moins une réponse ou une entrevue, mais étrangement, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Et je n’avais aucune idée de ce qui m’empêchait de trouver un emploi ou une entrevue téléphonique.
J’ai plus de deux ans d’expérience de travail pour un portail web d’information en ligne et cela en tant que rédacteur vidéo et réalisateur de nouvelles. Et tout à coup, tout s’est écroulé lorsque j’ai immigré au Canada. Oh ! la la ! Cela reflète en quelque sorte une des raisons pour lesquelles la plupart des personnes instruites qui immigrent au Canada sont sous-employées. Ingénieurs, médecins et autres viennent ici et se retrouvent à travailler comme chauffeur de camion, conducteur de bus, électricien, représentant commercial. Au début, cela a en quelque sorte remis en question ma décision d’immigrer ici; mais alors, en tant qu’aventurier, j’ai entrepris de surmonter ce défi. J’ai pris un petit boulot pour faire face à mes dépenses mensuelles. En attendant, j’assiste à des événements sociaux et à des rassemblements pour me créer des réseaux et trouver des occasions de travailler dans mon domaine. J’ai réussi à trouver quelques projets, mais le périple continue toujours dans l’espoir de trouver une voie bien indiquée qui me mènera là où je veux être.
Mais mon point de vue n’est pas strictement négatif. Je viens de l’Inde, un pays pluriculturel. Il y a tant de cultures, des centaines de langues et de religions. Mais quand je suis arrivé au Canada, il a fallu que je redéfinisse à titre personnel mon concept de la diversité. Cela va sans dire. J’ai vu des gens d’un seul pays…l’Inde…vivre ensemble et coexister, mais ici, il y a des gens du monde entier qui vivent ensemble. Je crois qu’un facteur majeur qui contribue à cette coexistence pacifique est la liberté que détient chaque communauté d’exprimer et de suivre ses pratiques religieuses et culturelles. J’ai été surpris de constater l’impact marquant de la culture sikhe à Surrey, en Colombie-Britannique.
C’est une surprise quand on découvre qu’une terre étrangère a une culture qui n’est pas si différente de celle de sa propre ville natale. Mais je dois dire que les deux villes, Surrey, et Patiala, d’où je viens, sont on ne peut plus différentes au niveau des infrastructures et des installations. Les gens que j’ai rencontrés qui habitent ici à Surrey, parlent tous en pendjabi et sont toujours liés à leur culture. Mon ami et ses amis sont obsédés par les films de Bollywood et les chansons pendjabi. On trouve un gurdwara (temple sikh) et une école Khalsa à presque chaque coin de rue. C’est comme si je n’avais jamais quitté le Pendjab.
La familiarité de certaines choses qu’on retrouve en dehors de son pays procure une base qui aide à préserver une harmonie avec soi-même. C’est un peu comme un phare qui ne vous laisse pas vous égarer trop loin. C’est sûrement quelque chose de nécessaire pour tout nouvel immigrant, qui quitte sa famille, ses amis et sa culture, pour aller vivre dans un nouveau pays.
Traduction par Barry Brisebois