Alors que s’ouvre l’année internationale des langues autochtones, un nouveau site Internet, Húy̓at: Our Voices Our Land, vient de voir le jour. Fruit de huit ans de travail, il documente l’histoire du peuple Heiltsuk en relation avec l’ile de Húy̓at.
Il s’agit d’une initiative conjointe entre les représentants Heiltsuk, l’université de Simon Fraser (SFU), l’université de Victoria, l’institut océanographique Hakai Institute et la société de production multimedia Greencoast Media. Le site est né de la volonté de préserver l’histoire Heiltsuk grâce aux données collectées dans le cadre d’un projet de recherche plus large. En sus de pérenniser cette culture, l’espoir sous-jacent est de promouvoir dans le monde entier l’importance du lien entre les hommes, la nature et l’histoire.
L’histoire d’une ile
Húy̓at est une ile inhabitée située sur le territoire Heiltsuk. Elle revêt une importance particulière pour leurs croyances, d’où le nom naturellement donné au projet. Preuve de cette valeur forte, elle fait l’objet de recherches anthropologiques depuis des années.
« Le degré de connaissance aujourd’hui sur cette terre est si important que c’était devenu très prenant pour les chercheurs de rendre ces données publiques et que cela puisse être utilisé par un plus grand nombre » explique le porte-parole de la tribu, William Housty. « C’était là une occasion d’enseigner sur la signification du lien entre un lieu géographique et une langue. Et ce, pas seulement pour les Heiltsuk mais aussi pour le monde entier ». Comme le décrit la professeure en archéologie de SFU, Dana Lepofsky, « l’identité Heiltsuk se retrouve dans les chansons, les dialectes, les noms géographiques, les traditions orales, les cérémonies, les sites archéologiques et les souvenirs de Húy̓at ». Elle fournit l’argument que le site permet à tout un chacun « d’expérimenter l’aspect multidimensionnel de l’histoire Heiltsuk sur cette terre vénérée. »
Le site comme vecteur de transmission de cette culture
« Lorsque l’on se rend à Húy̓at, cela réaffirme notre lien et nous donne la très forte envie de nous souvenir et de pérenniser l’importance de ce lieu pour les nôtres et les générations futures », décrit William Housty.
Le site avait pour but de recenser les différentes composantes de la culture Heilstuk, en vue de la transmettre aux générations futures. La maquette intègre les dimensions ethnologiques, archéologiques et anthropologiques, le tout organisé en sept catégories : présentation de l’ile de Húy̓at, témoignages historiques, éléments pédagogiques, chronologie et genèse des Heilstuk. Le dernier onglet ouvre sur une intégration vidéo à 360 degrés qui permet de se plonger au cœur des lieux et de les découvrir comme si l’on y était.
Mark Munsch, de Greencoast Media, raconte qu’il leur paraissait naturel d’incorporer des éléments interactifs pour produire une expérience visuelle probante, en particulier pour les plus jeunes. C’est également idoine pour les personnes ne pouvant se rendre sur place annuellement comme à l’accoutumée.
Le contenu a été recueilli en grande partie par les étudiants des deux universités, au cours de cinq étés consécutifs sur place. La substance ne se veut cependant pas exhaustive. Tout d’abord, il s’agit de mille ans d’histoire. D’autre part, M. Housty explique qu’il ne souhaitait pas que toute leur histoire apparaisse, seulement les grandes lignes. « Nous avons fait très attention à la teneur des présentations des traditions orales. Nous en avons protégé la majorité pour un usage exclusif par notre communauté ».
Les premières réactions sur le site sont très bonnes selon M. Housty. Mark Munsch partage cet avis : « La communauté Heiltsuk est tellement contente et fière. Cela donne une valeur encore plus forte à toutes ces années de travail ». Mais des personnes non-autochtones ont également signalé leur intérêt : « Des correspondants de la CBC mais aussi des professeurs ou des personnes non-issues du milieu académique ont raconté avoir passé plusieurs heures sur le site. C’est plutôt cool. Cela faisait partie de nos buts ».
Bien que tout juste lancé, le site connaît déjà des projets de développement. Pour le contenu, Mark Munsch explique que le fond sera étoffé dès lors que des souvenirs émergeront ou des traditions seront racontées. Ensuite, ils vont continuer d’en faire la communication : « Il y a tant à apprendre du passé et comment cela impacte notre vie présente et future. Nous sommes très enclins à présenter ce site aux écoles, et nos conversations avec les éducateurs vont dans ce sens » indique Dana Lepofsky.
A l’heure où les Institutions internationales, fédérales et provinciales portent une attention particulière aux peuples autochtones, en matière de préservation et de contenus éducatifs, on peut penser que le site Internet a bâti un socle solide et verra un essaimage auprès d’autres peuples pour leur profiter à plein.
Pour plus d’information, visitez www.hauyat.ca