TRACE – une exposition étonnante

Inspirée, entre autres, par les livres récents de Gwenessa Lam et Hyung-Min Yoon – What Magic (2018) et Black Book (2018), respectivement – l’exposition Trace rassemble les œuvres de ces deux artistes qui explorent la puissance du miroir noir dans une gamme d’itérations successives.

Par le truchement des images, de la sculpture et de la gravure, Gwenessa Lam et Hyung-Min Yoon envisagent la circulation des images et l’évolution de leur signification à travers le temps, les pays et les plateformes numériques. Ensemble, ces œuvres nous invitent à ralentir et à analyser notre perception de la culture visuelle et, alors que nous regardons dans le miroir noir, à réfléchir à la réalité de ce que nous voyons dans ces images.

Organisée par Katherine Dennis, directrice des arts visuels à l’Evergreen Cultural Centre, l’exposition TRACE sera présentée du 29 février au 26 avril.

Explorer les images, les mots et les éléments

Tous les jours, on regarde l’écran de l’ordinateur comme s’il était un miroir noir, lui demandant de comprendre le monde. On réveille les écrans endormis et sombres pour essayer de donner un sens à la réalité à travers les pixels et les octets, les tweets, les blogs, les sites Web, et les dizaines de milliers d’images. Et lorsqu’ils ils s’affichent devant les yeux à la suite des recherches, on les modifie pour mieux les saisir. Cependant, l’Internet qui fournit ces informations est comme une longue séquence de boîtes noires qui s’éclairent au fur à mesure de couleurs et de formes, mais qui finalement restent opaques et largement inconnues aux utilisateurs.

Hyung-Min Yoon, Black Book, 2018, artist book. | Photo par Hyung-Min Yoon

« What Magic consiste en une installation de photogravures, d’impressions numériques et d’un livre d’artiste », explique Mme Lam, « Mon travail est basé sur une photographie que j’ai découverte lors d’une recherche sur Internet. C’est l’image de l’incendie d’une maison. Ce projet découle d’observations de la prolifération inattendue de l’image en ligne et des changements correspondants dans sa narration visuelle. »

« Entre le 4 avril et le 19 décembre 2016 », continue-t-elle, « j’ai effectué une recherche inversée d’images Google sur cette photographie afin d’identifier d’autres copies possibles disponibles en ligne. L’image a été trouvée sur vingt-neuf sites Web différents, chacun avec des récits très différents de son contexte. »

Gwenessa Lam est une artiste visuelle et éducatrice qui vit et travaille à Calgary. Son travail découle de son intérêt pour la perception et la compression du temps et de la mémoire dans les images. Mme Lam a obtenu son baccalauréat en beaux-arts de l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver et sa maîtrise en beaux-arts de l’Université de New York. Elle a exposé à l’échelle nationale et internationale, notamment au Bronx Museum of Arts de New York; Queens Museum of Art, à New York; Galerie de l’UQAM, à Montréal; et Glenbow Museum, à Calgary.

Hyung-Min Yoon est une artiste visuelle qui travaille entre Vancouver et Séoul, en Corée du Sud. Son travail utilise une variété de médias et de formes, avec un intérêt pour la langue, la traduction et les éléments qui donnent un sens à la compréhension.

Yoon nous explique ce que le mot « Trace » signifie dans le contexte de son art.

« C’est une marque, une sorte de résidu d’un événement particulier, un indicateur de l’existence ou du passage de quelque chose, une image qui peut prendre sa vie propre, une forme matérielle de quelque chose qui est éphémère, une manière de divulguer l’image à travers le temps. »

Mme Yoon a obtenu son BFA de l’Université Nationale Coréenne des Arts de Séoul et son MFA du Chelsea College of Arts de Londres. Elle a eu des expositions personnelles à Vancouver (CSA Space, 2019; Gam Gallery, 2018; grunt gallery, 2014) et à Séoul (Trunk Gallery, 2016; Wumin Art Centre, 2014.)

La vie d’une image numérique

« Une seule photographie prolifère en ligne », accentue Dennis, « Des illustrations anciennes circulent à travers les pays et les siècles. Les symboles reflètent des idées culturelles changeantes. Le sens de ces images se transforme en cours de route, selon la perception individuelle de chacun. »

Ce que Gwenessa Lam et Hyung-Min Yoon veulent peut-être faire comprendre, c’est que lorsque nous regardons dans un miroir noir et lui demandons de nous aider à comprendre le monde, nous réveillons les écrans endormis et sombres de nos machines et essayons de donner un sens au monde à travers les blogs, les sites Web, et les dizaines de milliers d’images. Et quand ils s’affichent devant nos yeux à la suite de nos recherches, nous les modifions pour mieux comprendre leur réalité.

Pour en savoir plus :
www.evergreenculturalcentre.ca
www.gwenessa.com