Susanna Braund présentera son projet, Adventures between cultures : tracking down the roman poet Virgil (70–19 BC) from eleventh-century Ireland to twentieth-century Singapore, portant sur la réception à travers le monde du plus célèbre poète romain, Virgile, le mardi 25 février à Green College à UBC.
La professeure est une spécialiste de poésie latine et de l’étude de réception de cette poésie à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), et titulaire de chaire aux Chaires de recherches du Canada.
« Une des choses principales qui intéressent les latinistes est comment les générations suivantes ont interprété et utilisé ces textes hégémoniques », postule-t-elle, avant d’ajouter une autre question : « Comment les poèmes de Virgile ont-t-ils été utilisés pour promouvoir des idées nationalistes et patriotiques ? »
Voilà les questions principales sur lesquelles porte le projet de Mme Braund. Quels sont les effets des poèmes de Virgile, mais plus précisément l’Énéide, sur les peuples à travers le monde et le temps ? L’Énéide est l’histoire d’Énée, l’ancêtre des Romains, qui cherche une nouvelle terre pour les Troyens. Cette œuvre est souvent considérée comme l’épopée la plus prestigieuse de la langue latine. Pour Susanna Braund, les effets sont extrêmement marqués et peuvent être découverts parmi les milliers de traductions de l’Énéide mondialement.
Comment organiser un tel projet ?
La recherche de Mme Braund commence avec sa quête pour une bonne manière d’organiser son livre. Dans un premier temps, elle a cherché à faire une analyse chronologique. Toutefois, une telle étude omettrait des aspects cruciaux de l’histoire de la traduction de Virgile. Notamment au temps de la Renaissance, il y a eu énormément de chevauchement entre les pays européens, ce qui influença les interprétations d’anciens textes romains.
« Ils [les intellectuels] rapportaient des livres avec eux lorsqu’ils visitaient la France et l’Italie » précise-t-elle.
Dans un deuxième temps, la professeure aurait pu faire une exposition chronologique mais ceci ne lui convenait pas non plus. Elle décida alors de consacrer ses onze chapitres à un sujet différent pour chacun.
Susanna Braund continue son récit en clarifiant d’autres problèmes qu’elle rencontra pendant ses recherches. Selon elle, un des plus gros dangers a été que, souvent, chaque traduction prise individuellement n’est qu’une étude de cas dans la vie du traducteur. Mais ceci n’est pas ce qu’elle voulait faire. Elle voulait voir s’il y avait des motifs qui ressortaient des cultures individuelles à une certaine période. Elle trouva qu’en effet, il a souvent existé une homogénéité traductrice de culture en culture. Fréquemment, ces textes sont
« tellement importants parce que l’élite et les chefs militaires les ont lus à l’école et ces textes ont formé leur manière de voir le monde et ont soutenu des idées nationalistes comme l’impérialisme et le colonialisme », raconte-t-elle.
L’Énéide est une épopée ambivalente
« Nous ne pouvons pas savoir exactement ce que Virgile pensait en écrivant cette épopée, » précise-t-elle. C’est pour cette raison que les traductions des œuvres du plus célèbre poète romain varient tellement dans leur fond et leur forme. Une chose est claire, il y a plusieurs interprétations de l’épopée.
Mme Braund communiquera à son auditoire les aspects de l’Énéide qui pourraient encourager l’impérialisme et le colonialisme. Conséquemment, les pauvres Troyens qui cherchent un nouveau pays sont aussi
des réfugiés à la recherche d’un nouveau pays. Grâce aux multiples interprétations, la manière de traduire a toujours été une stratégie employée par l’élite pour avancer certaines idées. L’ambivalence de l’aventure d’Énée la rend tout aussi applicable aujourd’hui qu’elle l’était il y a deux mille ans. Il y a deux côtés à toutes les histoires, tout comme dans cette épopée. Néanmoins, l’Énéide continuera de former les points de vue des générations futures.
Quant à ses souhaits envers ses auditeurs ?
« Lisez l’Énéide car c’est une œuvre magnifique, et si vous le pouvez, choisissez plutôt la version de ma collègue Sarah Ruden », conseille-t-elle.
Pour plus d’information veuillez visiter le : www.greencollege.ubc.ca