Alors que nous nous apprêtons à marquer neuf mois depuis que la COVID-19 s’est emparée de ce qui semble être chaque aspect de nos activités quotidiennes, nous commençons à avoir l’impression que la vie, comme nous la connaissions autrefois, n’est plus qu’un souvenir lointain. Personnellement, l’année 2019 a été l’une des années les plus mouvementées de ma vie. J’en avais passé une bonne partie à regarder ma mère se battre sans relâche contre le cancer et finir par perdre sa vie. C’était bouleversant de voir la personne qui m’avait soutenue toute ma vie disparaître sous mes propres yeux. Pour la toute première fois, je me sentais vraiment seule et perdue. Avec l’année 2020 à l’horizon, j’avais un désir ardent de retrouver un semblant de normalité qui pourrait ramener l’équilibre dans ma vie.
Cependant, à peine quelques mois après le début de la nouvelle année, il m’a semblé que l’année 2020 avait quelque chose de complètement différent en réserve pour moi. En mars, je me suis retrouvée sans emploi, les entreprises fermaient et le gouvernement exhortait tout le monde à rester à la maison et à minimiser ses contacts avec les autres. Cette pandémie mondiale m’avait coupé l’herbe sous le pied, alors que cette année devait être une année d’auto-guérison. Une fois de plus, je me retrouvais à l’endroit même d’où j’essayais si désespérément de m’évader, soit un lieu de solitude et de l’inconnu. Les jours se sont transformés en semaines, les semaines en mois et j’ai passé chaque moment éveillé de mon isolement à parcourir les réseaux sociaux et à voir des amis transformer leur temps libre nouvellement trouvé en une occasion d’explorer de nouveaux intérêts et de passer du temps en famille. Je m’apitoyais sur mon sort, jalouse de ceux qui semblaient profiter au maximum de cette expérience.
Mais bien heureusement, une de mes amies qui avait déménagé aux États-Unis pour étudier était revenue à Vancouver pour se rapprocher de sa famille. Voyant l’agitation émotionnelle dans laquelle je me trouvais, elle a commencé à me forcer à sortir de la maison pour faire de courtes promenades autour de Trout Lake. Tous les jours, je lui racontais comment je me sentais et un jour, elle m’a simplement dit : « Il me semble que le plus grand obstacle auquel tu fais face en ce moment, c’est toi-même ». Soudainement, j’ai eu l’impression que tout devenait clair, et j’ai été frappée par une vague écrasante de conscience de soi. J’avais passé la majeure partie de 2019 et 2020 à m’apitoyer sur mon sort et à me chercher des excuses pour expliquer pourquoi je ne pouvais pas améliorer ma vie. Pour la première fois depuis très longtemps, j’ai commencé à prendre en main la responsabilité de mon propre bonheur.
J’ai créé une courte liste de choses que je voulais faire pendant et après la pandémie. J’avais des projets d’explorer la Colombie-Britannique et je me suis lancée dans de nouveaux passe-temps comme lire et apprendre à jouer de l’ukulélé. J’ai commencé à discuter en ligne avec deux de mes amis les plus proches de l’école qui sont devenus ma principale source d’amour et de soutien inconditionnel. J’ai même téléchargé Tinder et j’ai commencé à papoter avec un gars qui allait devenir mon fiancé. Ce sont toutes des choses que j’ai pu accomplir simplement en me libérant des chaînes du doute et du dégoût de moi-même.
Aujourd’hui, je m’efforce d’être un membre actif de ma communauté, en assumant différents rôles de bénévole et en interagissant en toute sécurité avec les gens autour de moi. Au début, la COVID-19 ressemblait à une malédiction qui m’empêchait de retrouver une vie normale. Cependant, il a fallu un dur réveil pour me rendre compte que bien que cette pandémie ait sa part de difficultés, la raison pour laquelle je ne pouvais pas vivre ma vie au maximum n’était pas à cause de ce virus, mais parce que j’ai choisi de stagner dans un état de désespoir. Alors que nous approchons de la marge d’un an depuis que la COVID-19 a pris le contrôle de nos vies, j’ai finalement appris que même s’il y a beaucoup de choses qui échappent à mon contrôle en ce qui concerne cette pandémie, je suis responsable de la façon dont je leur fais face.
Traduction par Barry Brisebois