Les fêtes sont généralement une excellente occasion de découvrir la culture et les traditions d’une communauté. Noël en est l’un des exemples les plus manifestes. Même si cette année les célébrations sont adaptées à la pandémie, à quoi ressemble un Noël basque au Canada ?
En 1973, une association nord-américaine est née afin de fédérer cette diaspora : la North American Basque Organizations dont fait partie Zazpiak Bat, créé en 1995. Aujourd’hui, selon Julia Etchart, on ne compte pas moins de 150 Basques en Colombie-Britannique, principalement dans le Grand Vancouver et à Merritt.
Mme Etchart, présidente du club communautaire Zazpiak Bat Basque Society de Burnaby, son grand-père Mike Etchart et Joseba Kamio, membres du Club, nous parlent de cette identité aussi distincte que fantasmée, et de la préservation de cette culture méconnue que d’aucuns estiment millénaire.
Qui étaient les premiers Basques ?
Si le creuset canadien se trouve à l’est, les premiers Basques en Colombie-Britannique seraient arrivés dès les années 1800 lors de la Ruée vers l’or, selon Mike Etchart. Ces données viennent de ses recherches, le club ne disposant pas de registre. « Il y a eu une vague d’immigration au début des années 50 parmi lesquels certains sont restés, ainsi que dans les années 60 dont la majorité réside encore ici », dit-il. Si ses comparses partis dans la pampa argentine ou dans le Grand Ouest américain l’ont fait pour travailler dans les baserri, les fermes, ceux venus dans l’Ouest canadien sont restés au contact de la nature mais ont avant tout travaillé dans l’industrie forestière, d’où leur présence à Merritt, terreau de cette industrie. Ils ont également profité des nombreuses occasions d’emploi dans la pêche et son conditionnement, notamment à Steveston. « Beaucoup de Basques étaient des hommes de la mer et des pêcheurs de baleines », précise-t-il.
Pérpétuer la « Basquétude »
Pour Julia Etchart, « les Basques ont une culture unique, son folklore fascinant jouant un rôle majeur, et une langue que vous ne trouverez nulle part ailleurs. » Elle raconte ensuite que si la majorité des membres se définit comme Canadiens, leurs racines de Basse-Navarre sont un motif de fierté et ils continuent quelques-unes des mêmes traditions et célébrations que dans cette autre région nichée au bord de l’océan et au pied des montagnes. « Notre club célèbre par exemple la San Fermin, Andra Mari et Olentzero [NDLR : fêtes majeures dans la culture basque]. » Les Etcharts illustrent bien par ailleurs cette adaptation : Julia, trentenaire, est allée en immersion française même si elle s’exprime en anglais et sa famille parle le français, l’espagnol et l’euskara, la langue originelle.
Joseba Kamio partage, elle, son inquiétude quant au futur de cette identité. Comme beaucoup de communautés minoritaires et en outre très différentes à bien des égards, il leur faut se faire connaître en dehors de leur cercle pour pouvoir perpétuer la « Basquétude », la culture et l’identité basque, et son art de vivre.
« Notre identité est menacée. Pour plusieurs raisons : les vagues d’immigration, la technologie, etc. Aujourd’hui, nous essayons de nous adapter (au club) et de nous reconstruire avec de nouvelles offres pas seulement pour la communauté, mais aussi, pour toute personne intéressée. C’est notre objectif que de susciter un intérêt et d’apporter une contribution aux communautés du Grand Vancouver ». Elle ajoute voir une autre occasion par le biais d’un jumelage entre la province et le Pays basque, qu’ils appelleraient la BC/BC Experience. « Ce pont a pour but de permettre un échange entre personnes, idées et commerces pour ouvrir des perspectives afin que nos communautés puissent prospérer. »
Olentzero et le Noël basque
Dans le cadre de cette ouverture, les activités tenues en ligne en raison de la pandémie sont une excellente chance. A cette période de l’année, Noël sera célébré en ligne le 19 décembre autour de chants basques et d’une rencontre avec Olentzero, leur version du Père Noël. « C’est notre plus gros évènement de l’année », confie Julia Etchart. « Si vous posez la question à quiconque, ils vous diront généralement à quel point ils ont hâte de déguster la soupe de poisson basque. Et Olentzero apporte des cadeaux aux txikis, les enfants ». Joseba ajoute : « Dans un Noël basque, tout tourne autour d’Olentzero, un piètre fabricant de charbon ivre vivant dans les bois. Les gens aiment beaucoup ce personnage parce qu’il est décontracté et engageant ». Si ce n’est pour rencontrer Olentzero, s’il fallait une raison supplémentaire d’explorer cette culture où passion et intensité sont les maîtres-mots, Julia indique : « Tout est différent par rapport à nos voisins : la nourriture, les sports, la langue, etc. Alors joignez-vous à nous et profitez ! »
Pour participer aux célébrations virtuelles de Noël (le 19 décembre) et consulter les autres activités proposées, rendez-vous sur le site www.bcbasque.com/olentzero-virtual-celebration-2020