Au cours de cette chronique du Castor castré, j’ai l’intention de parler de tout sauf de la COVID-19 (ça commence mal, vous me direz). J’en ai assez de voir cet instrument de malheur dominer l’actualité à longueur de journée, à longueur de mois et même d’année. De Trump, qui quotidiennement figurait dans les manchettes, nous sommes passés maintenant sans bavure à ce poison viral comme si de rien n’était. Bien des événements méritent aussi notre intérêt sans pour autant porter atteinte à la suprématie et notoriété du fameux virus. J’en veux pour preuve quelques nouvelles qui, ces deux dernières semaines, n’ont pas manqué d’attirer mon attention. Triées sur le volet elles méritent un moment de réflexion, ce que je m’apprête à faire.
Que penser du dernier budget fédéral qui, d’une journée, a précédé celui de la Colombie-Britannique ? Après deux ans de hiatus, le gouvernement de Justin Trudeau par l’intermédiaire de sa ministre des finances, Chrystia Freeland, a fait preuve d’une grande largesse en déposant son budget 2021. Au miracle, se sont exclamés ceux qui ont perçu cette pluie de dollars qui s’est abattue sur nous comme la manne tombée du ciel. Au malheur, ont crié les partisans d’une plus grande austérité, estimant que cette générosité de la part du gouvernement fédéral ressemblait à la onzième plaie infligée par Moïse avant sa traversée du désert sans 4×4. Tout bien considéré et tout compte fait, le budget, en quelques mots, se résume à ceci : l’argent ne fait pas le bonheur mais on en a suffisamment mis à votre disposition pour tenter, dans la mesure du possible, de soulager votre infortune. En ce qui me concerne, par les temps qui courent, j’apprécie le geste bien qu’il soit électoral. Après tout, je ne tiens pas à mordre la main de celui ou de celle qui me nourrit ni ne veux cracher au ciel de peur que cela me retombe en pleine face.
Vous avez sans doute entendu parler de cet incident ou même vu la photo du député libéral à Ottawa, William Amos, pris en flagrant délit de manque de décorum lors d’une session zoom où il apparaît en costume d’Adam avec un téléphone portable à la main tenant lieu de feuille de vigne, lui permettant ainsi de camoufler son zizi (j’essaie d’être poli). Ce qui me choque ou plutôt ce qui attire mon attention et me surprend dans cette image pour le moins insolite, c’est la taille du portable : il est petit et il cache tout. Ça en dit long sur cette affaire qui nous a fortement divertis des difficultés par lesquelles nous sommes obligés de passer. Je n’ai pas l’intention de m’attarder sur le sujet mais avouez qu’un député nu est un député qui manque de tenue.
Impossible d’ignorer les obsèques du prince Philip. Dommage qu’il n’était plus là pour apprécier l’amour que lui portait sa famille (par respect pour le défunt, j’omets de mentionner la totale indifférence que ce décès a provoqué parmi les antiroyalistes). Le tout Windsor était présent : des princes, des barons, des marquis, des comtes qui ne comptent plus, des ducs mais pas d’aqueduc et des princesses avec une duchesse qui, adepte des virelangues, a voulu savoir si les chaussettes de l’archiduchesse sont sèches. Même les sœurs de feu le duc d’Édimbourg, dans la plus grande discrétion, avaient été invitées aux funérailles. Ces dames, dont les maris allemands, sympathisants et collaborateurs du régime nazi, ont au moins eu la décence et la présence d’esprit de ne pas porter leur croix gammée en guise de bijoux, évitant ainsi à leur frère de se retourner dans sa tombe.
C’est non sans une certaine ambivalence que le Castor castré a appris la fin du régime des Castro à Cuba. Une ère nouvelle s’annonce pour cette île qui a suscité l’attention et l’intérêt du monde entier depuis leur révolution de 1959. Raúl, qui avait succédé à son frère Fidel, vient d’annoncer son départ du poste de premier secrétaire du Parti communiste de Cuba. Que vont faire les Cubains sans les Castro ? Auront-ils l’audace d’allumer un cigare pour célébrer l’événement ou au contraire vont-ils brûler un cierge pour apaiser leur deuil ? Questions qui devraient demeurer sans réponse pendant quelques temps encore. Depuis l’annonce de ce départ du dernier des Castro, les Américains guettent, les Russes s’inquiètent, les touristes rouspètent et moi je répète à tue-tête : Viva Cuba !
Après plus de dix heures de délibérations du jury, le verdict est tombé : le policier Derek Chauvin a été reconnu coupable de la mort de George Floyd. La justice s’est enfin mise au diapason : oui, Black Lives Matter. Avons-nous fait un pas en avant ? J’ose le croire. Je croise les doigts et, surtout, je retiens mon souffle.