Tête-à-tête, la créativité du Conseil jeunesse francophone sous forme de jeu

C’est une équipée qui trouve sa source en 2019, à l’époque qui paraît maintenant si lointaine où les gens, dont les jeunes, pouvaient encore se rencontrer physiquement sans porter de masques et sans craindre de ramener à la maison un certain virus. Au départ, le Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique (CJFCB) voulait organiser une sorte de jeu géant qui aurait rassemblé des jeunes de toute la province, mais la pandémie s’est invitée dans l’équation.

L’optimisme étant l’apanage de la jeunesse, le conseil s’était alors penché sur un projet de remplacement surprenant, celui d’éditer un jeu de société créé par les jeunes francophones de la province à destination de leurs semblables.

Pour jouer à Tête-à-tête, il faut être au moins quatre joueurs. | Photo de CJFCB

« Nous voulions faire un jeu pour les jeunes francophones qui leur parle de la province, de la francophonie et du CJFCB. Jusqu’ici, les jeux de société en français venaient de la France ou du Québec et rien ne représentait les jeunes francophones de la province », explique Sarah Bédard, coordinatrice de projets jeunesse du CJFCB. « Nous voulions y inclure des éléments culturels de la Colombie-Britannique qu’ils pourraient comprendre, qui leur donneraient l’occasion de s’identifier par des références informelles ». Pour donner corps à son projet, le CJFCB a tenté d’obtenir une subvention du gouvernement du… Québec, et l’a obtenue en novembre 2020 !

Financement québécois mais énergie britanno-colombienne

Une fois le financement débloqué, ils se sont tournés vers plusieurs associations de la province comme l’Association francophone du centre de l’île, la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique (AFCI), ou encore de la Société historique francophone de la Colombie-Britannique (SHFCB) pour les aider à développer le contenu du jeu. C’est à la société québécoise de jeux de société WASA spécialisée dans les jeux éducatifs que revient le rôle de conseiller technique, et de prendre en charge la fabrication physique du jeu. Interrogée sur la raison pour laquelle le support matériel a été préféré aux supports numériques plus faciles à diffuser, Sarah Bédard nous explique : « Nous voulions faire quelque chose qui rassemble les jeunes physiquement, donc pas en jeu vidéo. D’ailleurs, pour jouer à Tête-à-tête, il faut être au moins quatre joueurs ».

Pour le créer, un groupe de membres du conseil venus de toute la province s’est retrouvé régulièrement en vidéoconférence avec l’éditeur et les partenaires entre janvier et mars, pour une sortie du jeu le 3 juin. À la clé, un jeu hybride qui regroupe des éléments de Pictionary, de Trivial Pursuit et de jeu de l’oie et d’autres éléments de jeu à vocation pédagogique. Le but est de tester les joueurs sur leurs connaissances de la province tout au long des 272 questions réparties en catégories dont on ne peut s’empêcher de remarquer qu’elles procèdent des préoccupations que l’on retrouve très fréquemment citées par les jeunes lorsqu’ils sont interrogés sur leur avenir.

« Où est l’amour ? »

On retrouve notamment l’écologie (catégorie « la C.-B. en nature »), la diversité et la recherche des origines (« Mosaïque culturelle ») avec entre autres des questions de culture générale, et des questions sur l’histoire des premières nations et des francophones de la provinces (concoctées avec l’aide de Maurice Guibord, le président de la SHFCB) mais aussi des défis artistiques et personnels. Certaines références ne peuvent être comprises que par les jeunes ayant participé aux évènements organisés par le CJFB comme les questions intitulées « Où est l’amour ? » qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne concernent en aucun cas les histoires de cœur adolescentes… mais le cri de ralliement des membres du CJFCB et donc son histoire.

Un sac portant le logo du nouveau jeu lancé par le CJFCB. | Photo de CJFCB

Une centaine d’exemplaires ont été produits, à destination principalement du CJFCB mais aussi des écoles du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique, ce qui en fait une édition limitée. « La moitié des boîtes ont déjà été vendues », nous annonce d’ailleurs fièrement la coordinatrice. « On espère que les jeux vont créer un espace de rassemblement entre les jeunes. C’était un vrai défi que de faire ce jeu dans le contexte de l’année écoulée ». Interrogée sur l’avenir de tête-à-tête, elle explique qu’« il n’est pas du tout exclu que nous ressortions d’autres cartes pour accompagner l’évolution du jeu dans quelques années », tel un hommage au désir de vitalité qui anime la jeunesse francophone britanno-colombienne.

Pour plus d’informations veuillez visiter :
afcr.bc.ca
www.shfcb.ca
www.cjfcb.com