Lutter contre la déscolarisation et la malnutrition à la force du mollet

Il y a quelques semaines, un jeune cycliste français a réussi le pari fou de traverser le Canada à vélo en 27 jours seulement. Son exploit a permis de récolter plus de 5 500$ de dons pour lutter contre le décrochage scolaire et la malnutrition au Niger.

À chacun son dada, sa passion, son « oxygène ». Julien Haslé, lui, carbure aux « défis » à coup de pédale. Pour preuve : il y a quelques semaines, ce jeune Français installé à Vancouver depuis février a relevé un défi de taille : rejoindre Montréal depuis Vancouver – soit 4 700 kilomètres. Le tout en un peu moins d’un mois.

Cette idée folle lui est venue lorsqu’il a décidé de rentrer en France après six ans d’aventure au Canada. Quoi de mieux pour faire ses adieux au pays que de le traverser à vélo ?

Rouler pour la bonne cause

Si le cycliste avait déjà réalisé plusieurs traversées en Europe et aux États-Unis, il souhaitait cette fois-ci rouler pour une cause qui lui tient à cœur : l’accès à l’éducation. Après s’être tourné vers diverses organisations, le choix du cycliste s’est porté sur Oxfam-Québec qui lui a proposé de récolter des dons pour la campagne « Mieux manger pour mieux étudier ».

« Le projet vise à favoriser la fréquentation des écoles au Niger ainsi que l’obtention de meilleurs résultats scolaires en fournissant des repas de qualité et en quantité aux élèves qui souffrent de malnutrition », résume Nathalie Turcotte, responsable du projet. Afin de réaliser cet objectif, l’organisme finance la création de cantines scolaires, mais également la mise en place de jardins potagers et de troupeaux à l’école.

Le projet, qui a vu le jour en 2006, semble aujourd’hui faire ses preuves. « Les jeunes soutenus depuis plusieurs années évoluent maintenant dans des niveaux supérieurs de l’enseignement comme le lycée, les écoles professionnelles, ou encore l’université », ajoute Nathalie Turcotte.

Un rude et dangereux périple

Bien que Julien Haslé, 24 ans, ait réussi le défi haut la main, le trajet ne s’est pas déroulé sans encombre. Hormis quelques crevaisons « qui font partie du jeu », c’est surtout une insécurité constante à laquelle le cycliste s’est heurté.

Julien Haslé devant le Lac Louise en Alberta. | Photo de Julien Haslé

« En Ontario, il y avait des routes qui n’étaient pas sécuritaires. Certains automobilistes ne prenaient même pas la peine de ralentir ou de laisser un petit écart d’un mètre. Parfois, c’était compliqué à gérer mentalement »,
témoigne-t-il.

C’est lorsqu’il fut témoin d’un accident automobile que le paroxysme de la peur fut atteint. « Je me suis retourné et j’ai vu la voiture projetée à trois mètres de hauteur. À dix secondes près, j’étais dans l’accident. Ça m’a mis un gros coup de froid », confie-t-il.

Les feux de forêt, qui embrasent le Canada depuis l’été, ont également compliqué le périple du jeune homme. En plus de la fumée qui lui brûlait les yeux et les poumons, il s’est vu contraint de changer son itinéraire au niveau de Sicamous, suite à un feu provoqué par un accident automobile. « J’étais déjà engagé sur la route donc j’ai dû retourner en arrière pour faire un grand détour. J’ai pédalé 280 kilomètres dans la même journée; c’était très difficile », livre-t-il.

Les conditions météorologiques n’étaient pas non plus en la faveur du jeune homme qui a dû parfois pédaler sous des températures allant jusqu’à 47 degrés et par des vents frontaux allant jusqu’à 58 kilomètres par heure.

Un franc succès

Malgré l’adversité, le sportif, parti le 17 juillet, a atteint sa destination finale – le sommet du Mont Royal – le 12 août, en toute beauté. « J’ai fait énormément de visualisation autour de la montée. Au final, j’ai battu mon record, alors que ça faisait cinq ans que je m’entraînais là-bas », s’exalte-t-il. Une réussite pour le cycliste, mais aussi pour l’association Oxfam-Québec, puisque le périple a permis de récolter 5 500$ de dons, soit 500 dollars de plus que l’objectif initial.

« Ce que je retiens le plus de cette expérience, c’est la générosité des gens », déclare le jeune homme qui, en plus des dons financiers, a bénéficié d’une grande hospitalité tout au long de son parcours. Nourritures, boissons et logements lui furent offerts à plusieurs reprises. « On dit tout le temps que le monde va mal, mais on reste des êtres humains; on veut tous le bien-être des uns et des autres », ajoute-t-il.

Si les donateurs ont été bien généreux, c’est également grâce à l’investissement hors pair de Julien Haslé. « J’ai envoyé près de 22 000 courriels pour obtenir du soutien. Le site web et les réseaux sociaux m’ont aussi pris énormément de temps. J’avais mon emploi à temps plein et j’avais cet autre “emploi” à plus-que-temps-plein. Heureusement, deux bénévoles m’ont aidé », raconte le cycliste qui dit avoir quelque peu négligé son entraînement pour s’occuper du côté administratif. Tant d’obstacles qui pourtant sont loin d’avoir fait reculer le grand sportif.

Si l’épopée transcanadienne est terminée, les dons eux, sont toujours les bienvenus.

Pour plus d’information visiter le site : www.ensellepourlavenir.com et www.oxfam.qc.ca