Sankofa : itinéraires africains, racines canadiennes

Des artistes contemporains de Vancouver et de Lagos explorent les identités des diasporas noires en relation avec les collections du Musée de l’Anthropologie (MOA).

Sankofa est un terme utilisé par les Akans, peuple de la région de ce qui est maintenant connu comme le Ghana, et se traduit par « revenir en arrière et le récupérer ». L’exposition développe ce sens littéral en s’inspirant du concept de « sankofatisation » de l’érudit Wazzi Apoh (Ghana), ou le fait de se tourner vers le passé pour inspirer une renaissance. Cette expression, adoptée par plusieurs Africains et Noirs de par le monde ces dernières années, est devenue un mot associé à la fierté culturelle. Pour l’exposition au MOA, les conservateurs se sont tournés vers les collections du musée pour envisager de nouveaux horizons, qui sont explorés et délimités par les œuvres d’artistes contemporains de Vancouver, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande par le biais des œuvres d’artistes contemporains de Vancouver (Colombie-Britannique) et de Lagos (Nigeria).

Figures, Maker Unrecorded (Yoruba), 2019. | Photo par Alina Ilyasova, de MOA

Une abondance d’artistes, d’oeuvres et de thèmes

Les artistes contemporains de Vancouver et de Lagos présentés sont une combinaison d’artistes en herbe et d’artistes établis, dont beaucoup s’adressent directement ou indirectement aux œuvres anonymes des collections du MOA. L’exposition présente des œuvres des artistes de Lagos tels que Jelili Atiku, Victor Ehikhamenor, ou encore Peju Layiwola, des artistes de Vancouver dont Berlynn Beam (Black Arts Vancouver), Michèle Bygodt ou encore Chantal Gibson, et plus de cent autres œuvres issues des collections du MOA en provenance de l’Afrique et des diasporas africaines.

Trente œuvres de seize artistes seront exposées aux côtés de plus de cent objets de la collection du MOA. L’exposition s’articule autour de neuf thèmes – la reconnaissance, le souvenir, le rattachement, la restauration, la réparation, la récupération, la restitution, le retour et la reconstruction, – qui s’articulent autour de sections consacrées à la richesse, à la dévotion aux orishas (esprits), à l’art et à la culture, l’islam, le christianisme, le pillage et le rapatriement. L’éventail de conservateurs affirme les notions de diversité et de résilience en visualisant la présence continue, la vitalité et la pertinence de l’art africain et de l’art des Canadiens noirs.

Une vision inclusive

Sankofa offre aux spectateurs un espace pour explorer les collections africaines du MOA et pour réfléchir à la manière dont les objets africains peuvent être utilisés, à la façon dont les histoires, la créativité et les traditions qui vivent dans ces objets pourraient être réexaminées pour découvrir la vérité et l’histoire de l’Afrique, mais aussi de ce que sont les Canadiens noirs aujourd’hui. Sankofa vise à construire des ponts de souvenirs et à forger de nouvelles relations entre les nombreuses identités diasporiques que l’on retrouve dans la ville et au-delà.

Cette exposition propose également d’accueillir et d’encourager les visiteurs non noirs à se familiariser avec des compréhensions plus nuancées de l’histoire commune, tout en regardant vers l’avenir selon Nuno Porto. Il s’agit du cœur de la philosophie du « sanfoka » pour le conservateur du Musée d’Anthropologie : regarder de l’avant tout en s’ancrant dans les riches traditions du passé.

L’exposition Sankofa : African Routes, Canadian Roots sera présentée au Musée d’Anthropologie (MOA) du 4 novembre 2021 au 27 mars 2022.

Pour plus d’informations : www.moa.ubc.ca/exhibition/sankofa