Depuis octobre, le site internet de Resilience BC – un programme de lutte anti-raciste – propose treize langues différentes, dont le français. Jane Hurtig, directrice du programme, revient sur les motivations de cette vaste traduction, tout en soulevant les obstacles auxquels fait face le projet.
Lancé en novembre 2020 par le gouvernement de Colombie-Britannique, le programme Resilience BC Hub soutient plus de 34 organisations dans l’atteinte d’un même idéal : un monde exempt de racisme. Le site internet resiliencebc.ca fait office de noyau central et permet la mise en réseau des multiples communautés qui s’engagent contre le racisme au sein de la province. Depuis le printemps 2020, la Victoria Immigrants and Refugees Center Society (VIRCS), est à la tête du programme. Jane Hurtig, employée de VIRCS, explique les tenants et aboutissants de Resilience BC dont elle est la directrice.
Ressources diverses et variées
« Dans chaque région de la province, les problèmes et les solutions contre le racisme et la haine sont différents d’une communauté à une autre », estime Jane Hurtig.
Afin d’offrir un soutien au plus proche des besoins de chaque collectivité membre du réseau, le programme agit sur plusieurs fronts.
Resilience BC propose tout d’abord une large palette de services à ses membres, allant de la simple création de pamphlets, à l’instauration de protocoles antiracistes, en passant par la rédaction de discours. Grâce aux fonds supplémentaires de la Victoria Foundation, le programme inclut désormais aussi des ateliers pour aider les communautés des membres du réseau à réagir aux incidents racistes. Le programme inclut également diverses formations offertes aux employeurs qui souhaitent développer une culture antiraciste au sein de leur entreprise.
Le site web resiliencebc.ca est aussi une occasion de réseauter avec les diverses communautés engagées dans la lutte contre le racisme.
« Si j’habite à Prince George, par exemple, je peux voir sur une carte les autres membres du réseau et trouver ainsi les gens avec qui je peux m’engager au sein de ma communauté », illustre la directrice du programme.
Le programme vient également en aide aux personnes qui ont subi de la discrimination raciale en mettant à disposition ressources et contacts clefs, tout en leur donnant la possibilité de signaler un acte raciste sur le site. Enfin, le programme tend à informer la population au sujet du racisme systémique, notamment en organisant des conférences et en diffusant divers contenus sur le site web.
Traduction en treize langues
À ses débuts, le site internet de Resilience BC proposait uniquement des ressources en anglais. Il y a un an, avec les fonds supplémentaires de la province, l’équipe de VIRCS a décidé d’entamer une vaste traduction de celui-ci en treize langues, parmi lesquelles le français, le persan, le pendjabi et le tagalog. Un projet de longue haleine, mais qui en vaut largement la peine, selon Jane Hurtig.
« C’est très important pour les victimes d’actes racistes de bien comprendre leurs droits, mais aussi de savoir comment elles peuvent réagir, quelles sont les ressources disponibles et comment elles peuvent signaler ces incidents », explique-t-elle.
Elle rappelle aussi que souvent, les personnes ciblées par le racisme vivent des situations extrêmement stressantes, et qu’il est donc fondamental qu’elles accèdent aux informations dans leur langue maternelle.
Jane Hurtig souligne également qu’une traduction en plusieurs langues est indispensable pour qu’un large public s’instruise davantage quant à la discrimination raciale.
« Il est nécessaire que les personnes qui veulent mieux comprendre les racines du racisme dans notre société puissent avoir accès à ces informations et apprennent comment faire partie de la solution », ajoute-t-elle.
Représentante des personnes de descendance africaine en Colombie-Britannique, l’association African Art & Cultural Community Contributor Society (AACCCS), se réjouit de cette nouvelle traduction en français.
« C’est un pas vers une meilleure représentation de la diversité dans la province. On souhaite que les francophones d’ascendance africaine aient une voix », déclare Pulchérie Mboussi, fondatrice de l’association African Art & CulturalCommunity Contributor Society (AACCCS)
Des obstacles au projet
Malgré la nécessité de ce projet de traduction, le résultat final est limité. En effet, sur la page en français, plusieurs articles restent écrits dans la langue de Shakespeare. De plus, la page web renvoie essentiellement vers des sites anglophones.
Jane Hurtig est bien consciente de ce problème. Elle explique que le site internet va continuellement se développer pour incorporer davantage de ressources en français, mais qu’il va falloir attendre un moment avant que la traduction soit complète.
« Tout va dépendre de notre chance avec le financement », commente-t-elle.
Le manque de fonds semble un obstacle. Chaque année, le programme reçoit 240 000$ du gouvernement provincial, ainsi qu’un complément de la Victoria Fondation. Mais selon Jane Hurtig, c’est loin de suffire.
« Je suis constamment en train de rechercher du financement », raconte-t-elle avant de lancer un appel à la générosité : « On est ouvert à tout don ».
Elle invite également tout un chacun à envoyer des ressources en français.
« Plus on propose des ressources aux communautés qui s’engagent contre le racisme, plus les citoyens pourront s’ouvrir à ce dialogue-là », conclut la directrice de Resilience BC, rappelant ainsi que le racisme est, pour certains, encore un sujet tabou.
Plus d’information sur : www.resiliencebc.ca
Contact : resiliencebc.@vircs.bc.ca