Voyage astral et organique, Trace promet une expérience cosmique. Rencontre avec Sandra Laronde, directrice artistique de Red Sky Performance.
Le spectacle Trace termine sa tournée de quinze villes canadiennes et américaines à Vancouver. Récompensé par deux prix Dora Mavor Moore en 2019, pour sa chorégraphie, sa conception et composition exceptionnelles, cette performance pluridisciplinaire emmène les spectateurs au firmament.
Sandra Laronde, directrice artistique de Red Sky Performance revient sur les origines du projet : « Trace a démarré en regardant le ciel étoilé un soir et je pensais à ces constellations magnifiques. Je me suis demandé quelles étaient nos histoires en tant qu’autochtone. J’ai pensé aux histoires romaines et grecques. Je me suis demandé si je pouvais créer quelque chose à propos des histoires parlant des étoiles et du ciel, tout en mettant le corps humain en scène. »
Issue du peuple Teme-Augama Anichinabée (Peuple des eaux profondes), Sandra Laronde met en valeur la culture autochtone contemporaine au Canada et dans le monde entier par le biais des arts. Également connue sous le nom de Misko Kizhigoo Migizii Kwe signifiant Red Sky Eagle Woman (Femme Aigle du ciel rouge), elle a joué un rôle crucial dans la résurgence de la culture autochtone à travers le Canada. Ses œuvres, explorant l’histoire et l’identité culturelle, visent à élargir la représentation autochtone et à éveiller une relation écologique plus poussée avec la nature.
Si la figure mythologique de Geezhigo-Quae (Femme du ciel), tombée du ciel et apportant avec elle les fondements de la vie, existe dans le folklore autochtone, elle est seulement évoquée selon la directrice artistique : « Elle apparaît mais l’histoire de Trace va plus loin. »
Différents médias pour une histoire à l’unisson
Retranscrire l’apesanteur et l’environnement céleste est un défi technique pour les danseurs. Cette œuvre inventive et acrobatique, chorégraphiée par Jera Wolfe, un chorégraphe et danseur torontois de renom d’origine métisse, pour un ensemble de six danseurs, souligne l’athlétisme et la polyvalence de Red Sky Performance. L’œuvre passe rapidement d’une chorégraphie synchronisée au rythme soutenu et de lancers athlétiques à des lignes lentes et gracieuses ainsi qu’à des mouvements méditatifs.
Trace présente une partition percussive en direct, imprégnée de motifs autochtones du compositeur Eliot Britton et du chorégraphe Jera Wolfe. « La danse raconte l’histoire. La musique raconte l’histoire. L’image raconte l’histoire. Nous avons donc trois différents conteurs sur scène en un sens et nous essayons d’offrir une expérience sans faille pour le public, une grande expérience émotionnelle », explique Sandra Laronde.
La musique de Trace, composée par Eliot Britton, membre de la Fédération des Métis du Manitoba, s’inscrit comme originale et percussive. Ce compositeur inventif intègre des éléments électroniques, audiovisuels et instrumentaux dans son œuvre. Elle est interprétée en direct par trois musiciens, entrecoupée par les chants gutturaux enregistrés d’Orla Barlow-Tukaki et de Nelson Tagoona et par la respiration rythmique des danseurs eux-mêmes.
L’interrelation du monde et des êtres
La performance pluridisciplinaire invite à une réflexion profonde sur l’unité de l’univers pour Sandra Laronde : « Trace parle du fait d’être interrelié. On se centre uniquement sur l’histoire humaine dans beaucoup d’œuvres mais nous essayons d’apporter plus que ça. Nous voulons la culture, pas uniquement une histoire sur des humains. »
En tournée depuis 2003, Red Sky a donné plus de 2 750 représentations dans 17 pays sur quatre continents, dont deux Olympiades culturelles (Pékin et Vancouver), l’Exposition universelle de Shanghai, la Biennale de Venise et Jacob’s Pillow et reste toujours très active, comme l’explique Sandra Laronde : « Nos prochains projets se feront avec l’Orchestre philharmonique de Regina et l’Orchestre de Winnipeg en novembre et en janvier. Notre nouveau spectacle, Migiis, sera joué au Canadian Stage à Toronto à partir de janvier 2022. »
Les représentations de Trace en Colombie-Britannique s’effectueront à la mémoire de Lee Maracle. Elles seront à découvrir au Centre SFU Woodward’s Goldcorp du 24 au 27 novembre.
Les 25 et 26 novembre, les représentations seront suivies d’une session de questions et de réponses.
Pour plus d’informations : www.dancehouse.ca